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TAPISSERIE

Œuvre de laine et de soie résultant de l'entrecroisement, réalisé à la main sur un métier de haute ou de basse lice, des fils de chaîne avec ceux de trame – ces derniers, colorés, recouvrant entièrement les premiers et constituant ainsi le motif –, la tapisserie se voue entièrement au décor mural. Elle habille le mur des demeures princières et des églises, et invite à la rêverie. Montrant des paysages ou racontant des histoires, la tapisserie a pour origine une œuvre peinte ou dessinée : un modèle ou « petit patron », ou encore « maquette » qui, agrandi aux dimensions de la tapisserie, devient un carton ou « grand patron » ; et c'est alors qu'intervient le licier pour le traduire en tapisserie. De ce fait, la tapisserie est la transposition d'un modèle peint. Mais en déduire que la tapisserie n'est qu'une traduction de la peinture en réduirait considérablement la portée. La tapisserie, certes, est étroitement liée à la peinture, mais elle ne s'y assimilera jamais ; sa fonction même le lui interdit et sa matière s'y oppose : la tapisserie réchauffe l'atmosphère, absorbe la lumière, apaise les bruits, calme le regard et repose l'esprit.

Les premières tapisseries

Pratiqué dès l'Antiquité en Mésopotamie et en Grèce, l'art de la tapisserie l'a également été dans d'autres points du globe, en Occident surtout, mais également – signalons-le, car nous n'en traiterons pas ici – au Pérou et en Chine. Il nous a laissé pour plus anciens exemples quelques fragments de tentures antiques grecques et des morceaux, de petites tailles, de vêtements et de tissus d'ameublement trouvés, quant à eux, en grand nombre dans les tombes égyptiennes des coptes (iiie-xiie s.) ; l'Empire byzantin utilisa aussi la tapisserie, au xie siècle du moins. Si le monde occidental semble s'être adonné à cet art durant le haut Moyen Âge, il ne subsiste qu'une tapisserie de la fin du xie siècle (Drap de saint Géréon, réparti entre le musée des Arts décoratifs de Lyon et les musées de Londres, Berlin et Nuremberg) et quatre du xiie siècle, trois en Allemagne (tapisseries de la cathédrale d'Alberstadt) et une en Norvège (tapisserie de Baldishol, musée des Arts décoratifs d'Oslo) ; enfin, le xiiie siècle apparaît comme un siècle démuni. En revanche, des mentions des tapissiers et d'ouvrages de haute lice apparaissent dans les textes dès le début du siècle suivant, à Paris en 1303 et à Arras en 1313, et les œuvres qui nous sont parvenues attestent d'une production importante dès la seconde moitié du xive siècle et au xve.

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Pour citer cet article

Pascal-François BERTRAND. TAPISSERIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>La Vue</it> - crédits :  Bridgeman Images

La Vue

<it>À mon seul désir</it> - crédits :  Bridgeman Images

À mon seul désir

<it>La Présentation des insignes du souverain vaincu</it> - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

La Présentation des insignes du souverain vaincu

Autres références

  • APOCALYPSE DE JEAN

    • Écrit par Jean HADOT
    • 6 538 mots
    • 3 médias
    L'art de la tapisserie est peut-être plus capable encore de traduire en images les scènes de l'Apocalypse, puisque l'espace lui est moins limité et qu'il peut donner à chaque tableau une ampleur plus grande. Vers la fin du xive siècle, il tend à devenir le plus magnifique des...
  • ARABESQUE, histoire de l'art

    • Écrit par Peter FUHRING
    • 3 448 mots
    ...domaines les plus divers, comme l'orfèvrerie, le mobilier (intarsia), la céramique (Saint-Porchaire), le décor intérieur (peinture), la broderie et la tapisserie. Un exemple célèbre en est la suite de tapisseries de l'histoire de Scipion l'Africain, commandée par François Ier en 1532 à...
  • ART NOUVEAU

    • Écrit par Françoise AUBRY
    • 8 824 mots
    • 23 médias
    ...arts graphiques : on la trouvera chez Pierre Bonnard et chez Maurice Denis. H. Van de Velde est sous l'influence des nabis lorsqu'il brode la tapisserieLa Veillée d'anges (musée Bellerive, Zurich) qui marque en 1893 son rejet de la peinture de chevalet et sa conversion aux arts appliqués....
  • ART SACRÉ L', revue

    • Écrit par Françoise CAUSSÉ
    • 2 012 mots
    L'évolution se dessina en juillet 1939 avec l'exposition Vitraux et tapisseries (Petit Palais, Paris) conçue par J. Hébert-Stevens et P. Peugniez avec la collaboration du père Couturier. On y présentait côte à côte des œuvres sacrées et profanes émanant à la fois des Ateliers et d'artistes...
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Voir aussi