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RÉCIFS CORALLIENS

Le corail et ses exigences

Nature du corail

La nature du corail a été, au fil des siècles, source d'interrogations et objet de querelles de scientifiques.

Théophraste (iv-iiie s. av. J.-C.), disciple et successeur scientifique d'Aristote, compare le corail à une plante pétrifiée. Plus tard, Ovide (43 av. J.-C. - 17 apr. J.-C.) affirme que le corail est une algue molle durcissant à l'air. En 1706, le comte de Marsigli (1658-1730), naturaliste italien, parle des « fleurs du corail ». Initié par ce dernier à l'histoire naturelle, Jean André Peyssonnel (1694-1759), médecin botaniste du roi de France en Guadeloupe, étudie la nature du corail et soutient, en 1727, qu'il s'agit d'un animal. Il rencontre une forte opposition de l'Académie des sciences à Paris et il faut attendre plus de quinze ans pour que ses détracteurs, René Antoine de Réaumur (1683-1757) et Bernard de Jussieu (1699-1777) l'approuvent. En 1749, Georges Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788), conforte J. A. Peyssonnel en disant du corail : « Ainsi les plantes marines, que d'abord on avait mises au rang des minéraux, ont ensuite passé dans la classe des végétaux et sont enfin demeurées pour toujours dans celle des animaux. »

Depuis lors, la connaissance s'est affinée et les scientifiques classent désormais les coraux au sein du règne animal, dans l'embranchement des Cnidaires. Représentés également par les méduses, les gorgones et les anémones de mer, les Cnidaires sont caractérisés par la présence de cellules particulières urticantes, les cnidoblastes (du grec knidos, « ortie »), localisées principalement au niveau de la couronne de tentacules encerclant la bouche (cet orifice leur servant également d'anus). Ces cellules venimeuses leur permettent de se défendre ou de paralyser leurs proies.

Les plus anciennes traces des Cnidaires, estimées à 580 millions d'années (Ma), ont été découvertes en 1946, au nord d'Adélaïde, en Australie, dans la faune d'Ediacara. Les plus anciennes barrières coralliennes, datées de 500 Ma, ont été construites par des espèces aujourd'hui disparues (Tétracoralliaires). Les coraux actuels, constructeurs des récifs modernes, constituent, quant à eux, l'ordre des Scléractiniaires (anciennement Madréporaires). Ils ont vu le jour au cours du Mésozoïque, il y a environ 250 Ma.

Classification et exigences

Sans entrer dans les dédales de la classification du vivant, les Cnidaires comprennent trois classes : les Anthozoaires, les Hydrozoaires et les Scyphozoaires. Les Anthozoaires actuels se divisent eux-mêmes en deux sous-classes : les Octocoralliaires (ou Alcyonaires) et les Hexacoralliaires (ou Zoanthaires). Ces derniers regroupent plusieurs ordres dont celui des Actiniaires, représentés par les anémones de mer, et celui des Scléractiniaires ou coraux vrais (stricto sensu). Les Scléractiniaires sont, pour la plupart, des organismes coloniaux. Chaque individu composant la colonie de corail est un polype. Selon les espèces, la taille des polypes varie de quelques millimètres à quelques centimètres. Certains coraux sont solitaires et ne sont constitués que d'un seul polype.

L'observation d'une anémone de mer ou d'un polype de corail révèle que les tentacules entourant la bouche des Hexacoralliaires sont au nombre de six ou d'un multiple de six. De même, la structure calcaire du squelette d'un corail présente six cloisons ou un multiple de six. C'est pourquoi ces organismes sont appelés des Hexacoralliaires (du grec hexa signifiant six).

Parmi les Scléractiniaires, certains vivent en symbiose avec des algues unicellulaires microscopiques, les zooxanthelles, et sont les principaux bâtisseurs des récifs coralliens des mers tropicales. Ils sont appelés coraux hermatypiques ou coraux zooxanthellés. Actuellement, 656 espèces[...]

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Écrit par

  • : ingénieure de recherche, habilitée à diriger des recherches, chargée des relations avec l'outre-mer au Muséum national d'histoire naturelle, Paris

Classification

Pour citer cet article

Pascale JOANNOT. RÉCIFS CORALLIENS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ACIDIFICATION DES OCÉANS

    • Écrit par Paul TRÉGUER
    • 2 201 mots
    • 5 médias
    ...alimentaires, construisent leur coquille à une vitesse de 30 p. 100 plus faible que la normale. Les coraux sont également concernés, par exemple ceux de la Grande Barrière australienne. Plusieurs études expérimentales montrent cependant que la capacité des coraux à survivre dans un environnement « plus acide...
  • ANTHOZOAIRES

    • Écrit par Pierre CLAIRAMBAULT, Yves TURQUIER
    • 4 382 mots
    • 6 médias
    Essentiellement cantonnés dans les eaux chaudes limpides et bien oxygénées, les Scléractinides sont capables d'édifier de gigantesques constructions récifales propres aux mers intertropicales. Les espèces les plus actives prospèrent à de faibles profondeurs (moins de 40 mètres), mais on connaît des...
  • CALCAIRES

    • Écrit par Charles POMEROL
    • 5 177 mots
    • 8 médias
    Les calcaires coralliens résultent de l'activité coloniale de cœlentérés, aboutissant à l'édification de récifs isolés, comme les atolls actuels, ou en ligne continue comme les récifs frangeants et les récifs barrières. Ces calcaires, abondants depuis le Dévonien (calcaires à Stromatopores), permettent...
  • ÎLES

    • Écrit par Universalis, Guy LASSERRE
    • 5 332 mots
    • 12 médias
    En bordure des continents et des grandes îles tropicales, on rencontre soit des récifs frangeants, soit des récifs-barrières séparés du rivage par un lagon. Mais l'île corallienne typique est l' atoll : il s'agit d'un anneau de coraux de diamètre très variable, coupé de passes, entourant un lagon...
  • Afficher les 9 références

Voir aussi