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MALADIES À VECTEURS

Les maladies à vecteurs, encore appelées maladies à transmission vectorielle, sont des maladies infectieuses dans lesquelles l'agent pathogène (virus, bactérie, parasite) est obligatoirement transmis par un intermédiaire vivant (le vecteur), le plus souvent un insecte hématophage à l'occasion d'un « repas de sang ». Largement répandues dans les zones tropicales et subtropicales, où elles sont responsables d'une morbidité et d'une mortalité importantes (paludisme, maladie du sommeil, maladie de Chagas, bilharziose, dengue, chikungunya, onchocercoses...), elles se rencontrent également dans les climats tempérés ou froids (maladie de Lyme, peste, typhus...). Leur existence est intimement liée aux écosystèmes qui permettent le maintien de populations d'insectes vecteurs.

La question de la transmission des maladies infectieuses s'est trouvée au cœur de la lutte menée contre ces pathologies bien avant qu'on comprenne qu'elles étaient dues à des virus, bactéries ou parasites. C'est ce dont témoignent la quarantaine introduite par la République de Venise à partir de 1377, pour limiter la propagation de la peste, ou les règlements sanitaires de la marine britannique au xixe siècle pour limiter l’impact du paludisme sur les équipages. Aujourd'hui encore, pour les épidémiologistes, caractériser le mode de transmission d'un agent infectieux reste indispensable pour en élaborer la prévention et empêcher une éventuelle évolution épidémique.

Historique des maladies à vecteurs

La conviction que les maladies infectieuses étaient dues à des « microbes » s'impose à partir de 1870. La recherche de l'agent infectieux dans l'environnement du malade prend alors le dessus sur la cartographie de la distribution des maladies, comme celle qui fut réalisée en 1854 par John Snow (1813-1858) à Londres pour le choléra ou encore celles qui furent menées de manière systématique par les commissions départementales d'hygiène en France. En Europe, la plupart des maladies infectieuses (rage, tuberculose, choléra, diphtérie, tétanos...) semblent transmises simplement, sans intermédiaire particulier, d'homme à homme ou d'animal à homme, ou encore par l'eau par l’air ou par le sol. En l'absence de traitement efficace, la prévention qui s'impose est la destruction de l'agent infectieux par désinfection locale d'une plaie ou des instruments, ou l’hygiène par stérilisation des locaux et des effets personnels du malade, ainsi que la protection de la qualité de l’eau potable. Dans certains cas, la vaccination (variole et rage) et la sérothérapie (diphtérie et tétanos) prennent le relais à la fin du xixe siècle. L'effet de ces méthodes sur la mortalité et la morbidité des maladies communes des climats tempérés est incontestable.

Toute autre est la situation rencontrée par les Européens dans les zones tropicales d'Asie du Sud-Est, d'Amérique et d'Afrique. Ceux-ci furent confrontés à des maladies inconnues, graves voire souvent mortelles. La fièvre jaune, la dengue, la maladie du sommeil, le paludisme pernicieux (une forme maligne du paludisme), des fièvres diverses, les maladies à vers et bien d'autres, non seulement provoquaient une mortalité effrayante, mais résistaient aux procédures prophylactiques élaborées en Europe. Les maladies tropicales semblaient échapper à la médecine occidentale.

C'est dans ce contexte que s'est précisé un mode entièrement original de la transmission de maladies infectieuses. Ces maladies exigent en effet la participation d'un intermédiaire vivant, appelé vecteur, d'où le nom de maladies à transmission vectorielle ou, plus simplement, de maladies à vecteurs. Il s'agit, dans la plupart des cas, d'un insecte hématophage (diptère ou punaise) qui « pompe » l'agent infectieux sur un vertébré infecté, à[...]

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

Classification

Pour citer cet article

Gabriel GACHELIN. MALADIES À VECTEURS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Insectes transmettant des maladies à vecteurs - crédits : Encyclopædia Universalis France

Insectes transmettant des maladies à vecteurs

Insectes transmettant des maladies à vecteurs - crédits : Encyclopædia Universalis France

Insectes transmettant des maladies à vecteurs

Distribution pays par pays du moustique tigre <em>Aedes albopictus</em> - crédits : Encyclopædia Universalis France

Distribution pays par pays du moustique tigre Aedes albopictus

Autres références

  • ACARIENS

    • Écrit par Jean-Louis CONNAT, Gabriel GACHELIN
    • 6 631 mots
    • 2 médias
    ...La première, rencontrée essentiellement dans les zones tempérées, est une infection bactérienne dont les atteintes chroniques peuvent être redoutables. Elle est propagée par les tiques qui transmettent, lors d'un repas sanguin, une bactérie de type Borrelia burgdoferi à l'homme et à d'autres animaux,...
  • ANOPLOURES

    • Écrit par Robert GAUMONT
    • 1 022 mots
    • 10 médias
    Les poux sont les vecteurs du typhus exanthématique dont les épidémies sont toujours survenues lorsque la famine, les guerres ou l'emprisonnement contraignaient certains groupes humains à perdre leurs habitudes de propreté. L'agent infectieux est Rickettsia prowazeki, et il est bien établi...
  • ARBOVIRUS

    • Écrit par Claude HANNOUN, Jean-François SALUZZO
    • 1 867 mots
    • 1 média
    Les maladies provoquées chez l'homme par les arbovirus sont assez variées. En fait, elles ont toutes en commun, après la contamination par piqûre et la période d'incubation, une phase initiale de « virémie » au cours de laquelle le virus est présent dans le sang, ce qui permet à de nouveaux arthropodes...
  • BURGDORFER WILLY (1925-2014)

    • Écrit par Universalis
    • 434 mots

    Wilhelm (Willy) Burgdorfer est un chercheur américain né à Bâle, en Suisse, le 27 juin 1925. Il est surtout connu pour avoir découvert en 1981 la bactérie responsable de la maladie de Lyme, une infection propagée par les tiques, un spirochète plus tard baptisé Borrelia burgdorferi en...

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Voir aussi