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JAZZ

Histoire du jazz

Le jazz est issu de plusieurs courants. À travers le folklore vocal, spiritual et blues, et quelques souvenirs de percussion africaine, s'élaborent l'animation spécifique du swing et un certain nombre de thèmes qui appartiendront en propre à la musique afro-américaine. Ce folklore surgit simultanément, à la fin du xixe siècle, en plusieurs endroits du sud des États-Unis. Mais c'est à La Nouvelle-Orléans, aux alentours de 1900, que naît l'art instrumental du jazz.

Cette ville, fort animée, connaissait une vie musicale importante, fondée essentiellement sur un répertoire français de marches, quadrilles et autres danses à la mode. Les Créoles en étaient les principaux exécutants. Les Noirs, enfermés dans le quartier de Perdido, s'amusèrent à recréer, selon leur sensibilité et leur malice, les airs qu'ils entendaient, s'assemblant en des orchestres d'instruments bricolés (banjos faits d'une boîte à fromage, contrebasses obtenues à partir d'un tonneau) que l'on dénommait « spasm bands ». À partir des brisures et des syncopes que les Noirs avaient apportées à ce répertoire, une nouvelle formule s'élabora, le ragtime (morceau de piano déhanché, écrit autour de trois thèmes), qui fit fureur dans les bars de Storyville, le quartier réservé de La Nouvelle-Orléans.

Parallèlement, enfin, aux spasm bands existaient des fanfares noires, qui exécutaient des marches, des quadrilles, ainsi que des morceaux composés par des pianistes de Storyville. Ces ensembles se produisaient notamment pour des défilés, des enterrements, des pique-niques, des réunions électorales, des bals de banlieue. Grâce à leur réputation, ils finirent par forcer les portes des « saloons » et dancings de La Nouvelle-Orléans. C'est dans leurs rangs qu'il faut chercher les premiers noms célèbres du jazz : le trompettiste Buddy Bolden, puis les cornettistes Freddie Keppard et Bunk Johnson.

Hormis quelques reconstitutions laborieuses, on ne possède pas de documents enregistrés sur cette préhistoire du jazz. Quant au mot lui-même, il apparut seulement vers 1915, dérivé, sans doute, d'un terme d'argot qui désignait l'acte sexuel. Ce n'est que dans les années 1920 que son emploi sera généralisé et qu'il recouvrira la nouvelle musique noire, au répertoire mêlé, à la fois blanc et noir, mais à la démarche instrumentale et rythmique déjà très originale.

Le « vieux style » (1917-1930)

En 1917, le gouvernement fit fermer Storyville. Ce fut l'exode massif des musiciens de La Nouvelle-Orléans vers le Nord, à Chicago, où s'épanouit, en fait, ce que l'on a appelé le style Nouvelle-Orléans. La région était prospère et les cabarets s'enrichissaient de l'argent dépensé par les gangsters. Parallèlement, une école de pianistes noirs se développa à New York, véritable carrefour d'influences et d'artistes qui, à partir de 1930, prendra comme capitale du jazz la relève de Chicago. Le style Nouvelle-Orléans, et plus généralement tout le vieux style (c'est-à-dire le Nouvelle-Orléans et ses diverses adaptations), repose d'abord sur une improvisation collective polyphonique : le trompettiste ou le cornettiste énonce le thème et conduit l'ensemble, le clarinettiste dessine des broderies, le tromboniste établit des lignes de basses puissantes et amples. L'usage du solo ne se répandra que petit à petit. Le jeu de ces musiciens est simple et bien posé à l'intérieur d'une mesure à deux temps (two beats : le premier temps est marqué par le cornet et le trombone, le second, ou afterbeat, est accentué par la section rythmique). Le répertoire comprend aussi bien le blues (Royal Garden Blues) que le spiritual (When the Saints), le ragtime (Maple Leaf Rag), des compositions de jazzmen (Muskrat Ramble de Kid Ory) et[...]

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Pour citer cet article

Philippe CARLES, Jean-Louis CHAUTEMPS, Encyclopædia Universalis, Michel-Claude JALARD et Eugène LLEDO. JAZZ [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Louis Armstrong - crédits : Bettmann/ Getty Images

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Stan Getz

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