PERCUSSION, musique

Percussions
Éditions J.M. Fuzeau (Courlay, France)
Percussions
Percussions
Éditions J.M. Fuzeau (Courlay, France)
Si, dans la plupart des musiques des sociétés primitives et des civilisations extra-européennes, les instruments à percussion ont toujours tenu une place importante, ils ont, au contraire, été longtemps l'objet d'un relatif dédain dans la musique « savante » européenne puis occidentale.
Ce manque d'intérêt pour les instruments à percussion venait d'une attention quasi exclusive apportée aux instruments capables d'émettre des sons dont la hauteur est parfaitement déterminée (sons dits musicaux par opposition aux « bruits ») par des musiciens dont le souci dominant avait été, depuis le xe siècle, d'arriver à la perfection polyphonique plutôt qu'à la perfection mélodique ou rythmique.
Il faut attendre le xviie siècle pour les voir seulement désignés et étudiés dans la théorie musicale, bien que de nombreux compositeurs les aient déjà timidement employés. Marin Mersenne et Pierre Trichet, cependant, dans divers ouvrages consacrés aux instruments de musique, commencent à manifester pour la percussion une curiosité inconnue à leur époque. Au xixe siècle, François Joseph Fétis, avec une naïveté qui ferait sourire nombre de compositeurs modernes, distingue les seuls « instruments sonores » et « instruments bruyants » !
C'est seulement en 1843 que, dans son Grand Traité d'instrumentation et d'orchestration modernes, Hector Berlioz consacre un important chapitre aux instruments à percussion, dont voici le préambule : « Ils sont de deux espèces : la première comprend les instruments à son fixe et musicalement appréciable, et la seconde ceux dont le retentissement moins musical ne peut être rangé que parmi les bruits destinés à des effets spéciaux, ou à la coloration du rythme. Les timbales, les cloches, le glockenspiel, l'harmonica à clavier, les petites cymbales antiques ont des sons fixes. La grosse caisse, la caisse roulante, le tambour, le tambour de basque, les cymbales ordinaires, le tam-tam, le triangle, le pavillon chinois sont dans le cas contraire et ne font que des bruits diversement caractérisés. »
Si ce traité est très novateur pour son époque et prophétiquement révolutionnaire par certaines réflexions (Berlioz n'aborde-t-il pas le premier chapitre par cette phrase surprenante pour son temps : « Tout corps sonore mis en œuvre par le compositeur est un instrument de musique » ?), il n'en propose pas moins une classification aussi incomplète que celle de Fétis, eu égard aux distinctions faites actuellement. Il divise en effet cette vaste et éclectique famille des percussions, d'une part, en instruments d'une « sonorité fixe et appréciable » (sons déterminés), d'autre part, en « instruments d'une sonorité indéterminable et produisant seulement des bruits diversement caractérisés » (sons indéterminés). Ce faisant, Berlioz omet de tenir compte des matériaux et des modes d'attaque des sons ; on peut, en effet, faire vibrer un corps sonore (membrane animale ou végétale, plaque de pierre ou de métal, lame, tuyau, cordes, par exemple) de plusieurs manières : frappes, martèlements, pilonnages, grattements, effleurements, notamment...
Les compositeurs et théoriciens contemporains continuent de nommer « percussion » la nombreuse famille des instruments et objets variés qui résonnent quand on les frappe, frotte, gratte ou agite de multiples façons.
En se référant à la haute Antiquité, on constate que certaines sociétés ont imaginé des instruments assimilables aux percussions : ceux-ci émettent des bruits ou des sons destinés à accompagner des cérémonies religieuses ou des jeux publics ; ils rythment des travaux collectifs, ou ils sont employés tout simplement pour le plaisir et la danse (tambourineurs sumériens, joueurs de cloches préhelléniques, babyloniens ou chinois, un millénaire av.[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean GAUTHIER : ingénieur du son
- Sylvio GUALDA : professeur au conservatoire régional de musique de Versailles
- Paul MÉFANO : compositeur, chef d'orchestre
Classification
Pour citer cet article
Jean GAUTHIER, Sylvio GUALDA, Paul MÉFANO, « PERCUSSION, musique », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
Média
Autres références
-
BATTERIE
- Écrit par Eugène LLEDO
- 1 282 mots
- 10 médias
La batterie est un ensemble de percussions conçu de telle sorte qu'un seul percussionniste – sorte d'homme-orchestre – remplace le jeu de plusieurs, notamment par l'utilisation des pieds. Les éléments qui la composent sont issus aussi bien de l'orchestre occidental classique...
-
BONGO
- Écrit par Eugène LLEDO
- 617 mots
- 3 médias
-
BONGOS, musique
- Écrit par Pierre-Paul LACAS
- 74 mots
- 1 média
Instrument à percussion de type membranophone à son indéterminé. D'origine cubaine, il s'est répandu en Amérique du Sud. On l'utilise en musique contemporaine (notamment Boulez, Stockhausen, Bério). Un seul côté du petit tambour, ayant environ 15 cm de diamètre, est recouvert...
-
CÉLESTA
- Écrit par Pierre-Paul LACAS
- 123 mots
- 1 média
Instrument de percussion à son déterminé, de la famille des claviers. Il est dû au facteur Victor Mustel (Paris, 1886) qui lui donna d'abord le nom de typophone. Ses fils, Auguste et Alphonse, l'appelèrent célesta. Il ressemble à un petit piano droit de quatre octaves (écriture...
-
CAISSE CLAIRE, en bref
- Écrit par Eugène LLEDO
- 1 040 mots
- 11 médias
La caisse claire est un instrument de la famille des percussions, dont l'élément principal est un fût cylindrique en bois ou en métal d'environ 35 centimètres de diamètre, fermé de chaque côté par une peau. La caisse claire repose généralement sur un pied. La peau supérieure,...
- Afficher les 67 références
Voir aussi
- CORDES, musique
- CLAVIER
- RÉCITAL
- SOLISTE
- IDIOPHONE
- MAHILLON VICTOR (1841-1924)
- M.I.D.I. (musical instrument digital interface)
- PERCUSSIONS DE STRASBOURG LES, groupe musical
- GUALDA SYLVIO (1939- )
- DROUET JEAN-PIERRE (1935- )
- TAM-TAM
- BRUITISTES
- CHINOISE MUSIQUE
- TAMBOUR DE BASQUE
- ÉLECTRO-ACOUSTIQUE MUSIQUE
- ÉLECTRONIQUE MUSIQUE
- MUSIQUE OCCIDENTALE, XIXe siècle
- MUSIQUE OCCIDENTALE, XXe et début du XXIe s.