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BANLIEUE

Le terme « banlieue » reste très marqué dans sa signification par la période au cours de laquelle les banlieues se sont formées autour des villes, en général aux xixe et xxe siècles. Durant cette phase de formation, les banlieues sont fortement dépendantes de la ville-centre, elles croissent rapidement et souvent dans le désordre, accueillent les fonctions dont la ville ne veut plus, y compris les fonctions les moins nobles ou les plus polluantes. D'où la connotation parfois négative du terme, notamment dans le monde latin, le monde anglo-saxon ayant intégré plus rapidement les aspects positifs de la banlieue, notamment sur le plan résidentiel.

Toutefois, au fil du temps, et surtout dans la seconde moitié du xxe siècle, le développement de grandes métropoles sur des espaces de plus en plus vastes remet en cause le caractère subordonné ou « périphérique » des banlieues : englobant de vastes espaces ruraux qu'elle protège même de plus en plus souvent, accueillant désormais l'essentiel de la population et une partie importante des fonctions sur l'essentiel de la surface de l'espace urbain, parfois valorisée par la présence de pôles majeurs ou d'espaces de grande qualité, ayant gagné en ancienneté et commençant souvent à se stabiliser, la banlieue à l'heure des métropoles n'est plus ce qu'elle était pendant la première phase de la croissance urbaine. Cependant, le manque de mixité sociale dans les agglomérations, entre les quartiers réservés aux classes aisées, les quartiers pour classes moyennes et les grands ensembles concentrant les populations plus modestes, crée une logique de ségrégation qui contribue à aggraver certains problèmes sociaux.

Genèse et évolution de la notion

Le terme « banlieue » est apparu dans la langue française dès le xiiie siècle. Il vient du mot «  ban », qui désignait la proclamation d'un suzerain s'appliquant à un territoire autour d'une ville. La banlieue était une couronne d'une lieue, où s'exerçait la juridiction de l'autorité citadine en raison de la proximité de la ville. Ce territoire était soumis à certains règlements d'administration et de police pour des raisons militaires et économiques : par exemple, ne pas gêner les fortifications et la défense, écarter les artisans qui pourraient travailler pour la ville sans être soumis aux règlements des corporations, etc. La banlieue, à l'origine, correspond donc davantage à des notions d'ordre juridique et administratif qu'à l'idée d'expansion urbaine et de peuplement.

Mais hors de l'enceinte, en général au-delà de chaque porte et de part et d'autre des routes quittant la ville, dès que s'instaure un minimum de sécurité, apparaissent des noyaux de peuplement : les faubourgs, souvent foyers d'activités commerciales ou artisanales puis industrielles. Leurs habitants, les forains, sont eux aussi soumis à des mesures de contrôle, notamment quant à leurs constructions et leurs activités. Lorsque les faubourgs deviennent importants, ils sont en général annexés à la ville et l'enceinte est reportée plus loin, ce qui peut s'être produit à plusieurs reprises pour de grandes villes comme Paris. La banlieue devient faubourg puis ville.

À partir du xviie siècle, le terme banlieue désigne par extension les environs immédiats d'une ville, perdant ainsi son sens juridique et administratif. Mais la banlieue, au sens moderne – dépendance directe de la ville, vivant en osmose avec elle – est née surtout du chemin de fer et de la révolution industrielle.

Toutefois, l'influence de la ville sur son environnement rural immédiat est bien antérieure à ce phénomène moderne ; elle se manifeste très tôt, notamment par le développement de l'agriculture maraîchère, de l'élevage laitier et de l'aviculture, par le creusement des[...]

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Écrit par

  • : président de la Société de géographie, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne
  • : professeur en sociologie, École normale supérieure
  • : professeur à l'université de Paris-Sorbonne, membre de la section prospective et planification du conseil économique et social de la Région Île-de-France

Classification

Pour citer cet article

Jean BASTIÉ, Stéphane BEAUD et Jean ROBERT. BANLIEUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANTHROPOLOGIE DES CULTURES URBAINES

    • Écrit par Virginie MILLIOT
    • 4 429 mots
    • 3 médias
    ...manières de vivre dans la précarité et l’exclusion, des formes de régulation sociale ayant leur propre cohérence. Mais ce n’est qu’avec l’émergence du « problème des banlieues » dans les années 1990 que les recherches sur les bandes, les jeunes de la seconde génération et les sous-cultures juvéniles se...
  • ATLANTA

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    • 2 médias

    Symbole de l’affirmation économique des villes du sud des États-Unis, Atlanta est passée en quarante ans du rang de ville moyenne à celui de métropole internationale. Alors que l’agglomération comptait 2 millions d’habitants en 1980, elle en compte 5,9 millions en 2017, dont 420 000 dans la commune...

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