NEWTON ISAAC (1642-1727)
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
L'œuvre de Newton constitue sans conteste le plus grand moment de la science moderne telle qu'elle s'est constituée après la Renaissance ; elle couronne les travaux exceptionnellement riches d'une pléiade de mathématiciens et de physiciens de génie. On pourrait généraliser la remarque qu'il fit lui-même à propos des recherches en optique de Descartes, Hooke et Boyle, dont il s'inspira : « Si j'ai vu plus loin, c'est parce que j'étais assis sur les épaules de géants. » Cette œuvre inaugura, par ses synthèses magistrales, une nouvelle ère de la pensée scientifique qui dura plus de deux siècles, et dont la science contemporaine est encore largement l'héritière, même après les nombreux bouleversements survenus en mathématique et en physique. Les autres sciences s'en inspirèrent également pour formuler les normes de scientificité dont elles avaient besoin pour s'établir, et la philosophie s'appuya sur elle dans son projet de fonder une nouvelle intelligibilité rationnelle postcartésienne.
La contribution d'Isaac Newton (1643-1727) à l'exploration du système solaire ne se limite pas à ses travaux sur la théorie de la gravitation. Ses recherches en optique ont eu également de nombreuses suites. En 1666, il découvre que la lumière du Soleil qui traverse un prisme de verre se...
Crédits : Hulton Archive/ Getty Images
Un esprit universel
Newton fut mathématicien et astronome aussi bien que physicien et mécanicien, expérimentateur aussi bien que théoricien. Il renouvela l'analyse et la géométrie en inventant le calcul différentiel et intégral, dont il partage la paternité avec Leibniz. Son analyse expérimentale et théorique des propriétés physiques de la lumière et des couleurs ouvrit un nouveau domaine, l'optique physique, riche de perspectives sur la constitution de la matière. Il unifia les lois de Kepler en astronomie et celles de la mécanique terrestre de Galilée en fondant la mécanique rationnelle par une définition précise de ses concepts fondamentaux (espace, temps, masse, force, accélération), par l'énoncé des lois générales du mouvement et la formulation mathématique des lois particulières, locales et instantanées (c'est-à-dire causales), pour des forces données, et en établissant sa théorie de la gravitation universelle.
William BLAKE, Newton, aquarelle. The Tate Gallery, Londres.
Crédits : Erich Lessing/ AKG-images
Newton concevait sa physique comme partie prenante d'une « philosophie naturelle », imprégnée de l'idée d'un Dieu créateur immanent, qui n'est peut-être pas exactement le « Grand Horloger » qu'y verra Voltaire, car il est avant tout « le Seigneur ». Et son « serviteur », marqué par les idées néoplatoniciennes, fut par ailleurs préoccupé d'exégèse biblique, de théologie et d'alchimie, qui participaient à ses yeux de la recherche de la vérité au même titre que ses travaux en mathématique et en physique.
Né le 25 décembre 1642, quelques mois après le décès de son père, dans une famille de petits propriétaires terriens, Isaac fut un enfant de santé fragile. Sa mère, Hannah, le confia, lors de son remariage avec un pasteur anglican – Isaac avait alors trois ans –, à sa grand-mère et à son oncle, auprès desquels il passa ses années de jeunesse dans la maison familiale, dans le hameau de Woolsthorpe, près de Grantham (Lincolnshire). Son caractère se ressentit de cette situation, et il éprouva du ressentiment à l'égard de sa mère et de son beau-père. Plus tard, il ne connut pas de femme et ne se maria jamais. De cette période, on ne retient pas de traits particuliers de la personnalité du jeune Isaac, sinon une prédilection pour les constructions mécaniques et une grande habileté manuelle.
Sa mère revint à la maison familiale en 1653, à la mort du révérend, et voulut faire de son fils un fermier. Mais il n'en avait aucune vocation, et plusieurs personnes de son entourage l'encouragèrent à se préparer pour entreprendre des études universitaires, ce qu'il fit à l'école du comté. Quelques années plus tard, en 1661, Newton entra au Trinity College de Cambridge, où il fit ses études supérieures, devenant bachelor of arts en juin 1665. Il apprit la rhétorique scolastique et la logique aristotélicienne, reçut les leçons d'Isaac Barrow, s'imprégna des idées de l'école des néoplatoniciens de Cambridge, à laquelle appartenait Barrow et dont Henry More était le chef de file.
L'épidémie de [...]
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 8 pages
Écrit par :
- Michel PATY : directeur de recherche émérite au CNRS
Classification
Autres références
« NEWTON ISAAC (1642-1727) » est également traité dans :
LE CALCUL DES FLUXIONS (I. Newton)
En octobre 1666, Isaac Newton (1642-1727) écrit Le Calcul des fluxions qui, sans être immédiatement publié, sera déterminant pour le développement du calcul différentiel. Il y définit le concept de fluxions. Newton décrit une particule parcourant une courbe à l'aide de deux quantités : la vitesse horizontale x' et […] Lire la suite
NEWTON TÉLESCOPE DE
Les lunettes – formées uniquement de lentilles – que Galilée commence à utiliser en 1609 à des fins astronomiques étaient des instruments médiocres, entachés d'aberration chromatique. Les lunettes plus importantes construites ensuite au cours du xviie siècle présentaient le même défaut, et étaient de plus extrêm […] Lire la suite
PHILOSOPHIAE NATURALIS PRINCIPIA MATHEMATICA (I. Newton)
Isaac Newton (1642-1727) expose dans ses Philosophiae naturalis principia mathematica (1687) la mécanique sous une forme logique parfaite. À partir de quelques lois décrivant les forces qui s'exercent sur les astres, il explique un grand nombre de phénomènes célestes. Il justifie les lois de […] Lire la suite
TERRE ÂGE DE LA
Dans le chapitre « Les fossiles, marqueurs du temps » : […] Pour les chrétiens, l’histoire prenait un nouveau sens de suite ordonnée, et non plus de séquence quasiment aléatoire d’événements. Le changement fut particulièrement bien illustré par la première chronologie « universelle » que l’évêque Eusèbe de Césarée (~265-av. 341) établit par le biais d’habiles rapprochements effectués entre systèmes chronologiques différents : ceux des Romains et des Grecs […] Lire la suite
ASTRONOMIE
Dans le chapitre « La renaissance de l'astronomie » : […] Au milieu du xiv e siècle, la pensée grecque commence à éclairer à nouveau l'Occident. Totalement ignorée pendant de nombreux siècles, à l’exception d’Aristote, elle redevient à la mode parmi les intellectuels. On recherche et on traduit les textes anciens, principalement en Italie. La redécouverte de cette civilisation hellénique entraîne une renaissance non seulement des lettres et des arts, m […] Lire la suite
BARROW ISAAC (1630-1677)
Mathématicien et théologien anglais qui fut un des précurseurs du calcul infinitésimal. Ordonné ministre anglican en 1668, Isaac Barrow enseigna le grec à l'université de Cambridge (1660-1663) et fut nommé, en 1662, professeur de mathématiques au collège Gresham de Londres. En 1664, il devient professeur de mathématiques à l'université de Cambridge. Parmi les premiers travaux de Barrow, relatifs p […] Lire la suite
CALCUL INFINITÉSIMAL - Histoire
Dans le chapitre « Une mémorable querelle » : […] Une autre pénible polémique amorcée quelques années plus tôt, reprit, en 1699, entre Leibniz et certains disciples de Newton. Cette discussion tourna bientôt en une déplorable querelle de priorité entre Leibniz et Newton, querelle à laquelle plusieurs autres savants britanniques et continentaux participèrent avec violence. La Royal Society intervint elle-même pour défendre Newton et appuyer les a […] Lire la suite
CAUSALITÉ
Dans le chapitre « Le principe de causalité dans la physique classique » : […] Schématiquement, c'est la forme de la trajectoire des astres (planètes, Soleil, étoiles) qui est le premier objet de la physique mathématique. Cette description du déplacement des planètes culmine dans l'œuvre de Ptolémée et, quatorze siècles plus tard, de Copernic. L'astronomie ne formule pas d'hypothèse sur la nature des astres ni sur les causes de leur mouvement : elle en étudie la forme et la […] Lire la suite
CHÂTELET MADAME DU (1706-1749)
Femme de lettres et de sciences, et mathématicienne française, née le 17 décembre 1706 à Paris, morte le 10 septembre 1749 à Lunéville. Le 12 juin 1725, Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil épouse le marquis Florent Claude du Châtelet, gouverneur de Semur-en-Auxois, dont elle aura trois enfants : Françoise-Gabrielle Pauline (1726-1754), Louis-Marie Florent (1727-1793) et Victor-Esprit (1734- […] Lire la suite
CLARKE SAMUEL (1675-1729)
Philosophe et théologien anglais, disciple et ami de Newton, Samuel Clarke joua un rôle important dans la substitution de la physique newtonienne à la physique cartésienne au sein des universités anglaises. Il fut admiré comme prédicateur et il est connu pour ses conférences (les Boyle Lectures , instituées par testament par le physicien Boyle), prononcées à Saint Paul en 1704 et en 1705, ainsi qu […] Lire la suite
Voir aussi
Pour citer l’article
Michel PATY, « NEWTON ISAAC - (1642-1727) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 11 août 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/isaac-newton/