Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GRENADE, Espagne

Espagne : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Espagne : carte administrative

Située à l'extrémité des contreforts de la sierra Nevada, sur trois collines au cœur de la cordillère Bétique, au confluent de deux rivières, le Darro et le Genil, et dominant une des plus riches vegas de l'Andalousie, Grenade (238 000 habitants en 2006), malgré la valeur de son site, n'a dû sa croissance et ses beaux jours qu'aux jeux de l'histoire. Petite cité romaine, elle ne se développa vraiment qu'au xie siècle, où elle devint la capitale d'un des royaumes qui se fondèrent dans l'Espagne musulmane à la chute du califat de Cordoue.

Lorsqu'au xiiie siècle se déclencha la reconquête chrétienne, Grenade devint la capitale du dernier royaume musulman d'Espagne, celui des Nasrides, qui, vassal de la Castille, réussit à le maintenir jusqu'à sa conquête par les Rois Catholiques en 1492. Grenade connut, durant deux siècles et demi, sa grande époque. Le royaume fut un centre industriel important pour la soierie, les cuirs et céramiques.

Depuis lors, Grenade est restée une capitale provinciale fière de son passé musulman et qui, pendant la seconde moitié du xixe siècle, a consolidé sa prospérité (industrie alimentaire dérivée des cultures de la vega, artisanat, industrie textile et brasseries). Malgré l'attrait touristique lié à son capital architectural (Alhambra, Alcazar, jardins et excursions en montagnes), Grenade souffre de la proximité de Málaga, sa rivale deux fois plus peuplée, qui bénéficie d'un dynamisme accru par le tourisme littoral.

Capitale de l'émirat Ziride (XIe siècle)

Grenade a pour origine une petite ville romaine : Illiberis, qui semble avoir occupé une colline située sur la rive droite du Darro, à peu de distance de son confluent avec le Genil et qui domine la vega. Les quelques vestiges romains retrouvés sur ce site ne permettent pas de penser qu'Illiberis fut une ville importante.

Bouteille avec décor figuratif, art omeyyade - crédits : Werner Forman/ Universal Images Group/ Getty Images

Bouteille avec décor figuratif, art omeyyade

Après la conquête musulmane, le chef-lieu du district fut Madinat Elvira, au pied de la sierra du même nom, où ont été retrouvés des vestiges du xe siècle portant des décors peints et sculptés. Mais Grenade s'était développée ; elle s'entoura alors d'un rempart. Les restes de cette enceinte fortifiée et un minaret témoignent d'une construction menée suivant les procédés que Cordoue diffusait dans toute l'Espagne musulmane : la valeur de ces vestiges montre l'importance et la richesse que Grenade avait dès lors acquises.

Au début du xie siècle, alors que s'effondrait le califat de Cordoue, Grenade devint la capitale d'un des royaumes les plus importants qui se partagèrent alors l'Espagne musulmane. Des émirs berbères, les Zirides, imposèrent leur domination sur la région et organisèrent la ville. Ils la dotèrent d'une puissante enceinte de béton, munie de portes monumentales à passage coudé, dont une partie subsiste encore. Cette muraille franchissait le Darro par un arc de pierre appelé aujourd'hui le pont du Cadi ; elle montait ensuite par les pentes rapides de la colline de la Sabika sur la rive gauche de la rivière, où se trouvaient deux petites forteresses et un faubourg de riches demeures. Du palais des Zirides, où s'accumulèrent de prodigieuses richesses, presque rien n'est resté. Mais un des bains de la ville, le Bañuelo, existe encore. La vie de ce petit royaume andalou commandé par des Berbères est assez bien connue, grâce aux Mémoires laissés par le dernier émir de la dynastie. Il avait été déposé par les Almoravides qui, après être venus au secours de l'Espagne musulmane fléchissant sous la poussée chrétienne, en firent la conquête.

Sous les deux dynasties marocaines, les Almoravides et les Almohades, qui, au xiie siècle, maintinrent sous leur autorité les terres musulmanes de la péninsule, Grenade resta la grande ville de l'Andalousie orientale et le siège d'un commandement[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Robert FERRAS et Henri TERRASSE. GRENADE, Espagne [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Espagne : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Espagne : carte administrative

Alhambra de Grenade - crédits : Prisma by Dukas/ Universal Images Group/ Getty Images

Alhambra de Grenade

Bouteille avec décor figuratif, art omeyyade - crédits : Werner Forman/ Universal Images Group/ Getty Images

Bouteille avec décor figuratif, art omeyyade

Autres références

  • FIN DU ROYAUME DE GRENADE

    • Écrit par Pascal BURESI
    • 234 mots
    • 1 média

    Dans les premiers jours de 1492, Boabdil, le dernier souverain nasride, remet la ville de Grenade aux Rois Catholiques, Isabelle de Castille (1474-1504) et Ferdinand d'Aragon (1479-1516), moyennant un traité de capitulation qui garantit les droits des habitants : ceux-ci peuvent rester en conservant...

  • AL-ANDALUS - (repères chronologiques)

    • Écrit par Pascal BURESI
    • 268 mots

    711 Arrivée des Omeyyades en Espagne.

    756 ‘Abd al-Rahm̄an Ier fonde l'émirat omeyyade de Cordoue.

    859 Exécution d'Euloge de Cordoue, qui prônait le martyre contre l'arabisation de la société.

    929 ‘Abd al-Rahm̄an III proclame le califat de Cordoue.

    985 Al-Mans̄ur (Almanzor,...

  • ALHAMBRA NASRIDE - (repères chronologiques)

    • Écrit par Marianne BARRUCAND
    • 396 mots

    1237 Muhammad ibn Yūsuf ibn Nasr, le fondateur de la dynastie nasride, prend le pouvoir, d'abord à Arjona, puis à Jaen, et, en 1237, à Grenade. Il intègre les villes portuaires d'Almería et de Malaga à son sultanat. Mais il doit reconnaître la suzeraineté de Ferdinand III de ...

  • ANDALOUSIE

    • Écrit par Michel DRAIN, Marcel DURLIAT, Philippe WOLFF
    • 10 381 mots
    • 17 médias
    ...manifestation la plus caractéristique de cette floraison d'art est constituée par les constructions de l' Alhambra, al-Qal ‘a̱ṯ al-Ḥamrā', la « citadelle rouge ». À l'intérieur d'une enceinte pittoresque, dont les tours abritent une série de résidences de plaisance luxueusement ornées – tours...
  • COUR DES LIONS, Alhambra de Grenade (Espagne)

    • Écrit par Marianne BARRUCAND
    • 197 mots
    • 1 média

    La cour des Lions forme le centre du palais du même nom, qui fut édifié par le sultan Muhammad V entre 1354 et 1359, puis achevé entre 1362 et 1391 dans la ville royale de l'Alhambra. Elle possédait à l'origine deux allées perpendiculaires dallées de marbre, qui s'élevaient au-dessus des quatre...

  • Afficher les 12 références

Voir aussi