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ÉCOLOGIE

Applications de l'écologie

Exploitation de la production biologique

Bien qu'ils soient souvent en régression rapide, les écosystèmes naturels et semi-naturels jouent encore, au total, un rôle important. C'est le cas tout d'abord des écosystèmes aquatiques, qu'ils soient lacustres, fluviatiles et surtout marins, le cas aussi des écosystèmes forestiers, des garrigues et maquis, des savanes, des marécages et des déserts.

Dans les milieux aquatiques marins l'homme prélève quelques algues, mais exerce surtout des activités de pêche, qui permettent un apport important de nourriture. Les progrès des techniques de détection et de capture ont été tels que l'exploitation dépasse bien souvent les possibilités de renouvellement des stocks. Cela a conduit de nombreux cétacés près de l'extinction, et la situation de certains poissons, pour être moins spectaculaire, n'en est pas moins grave. Les problèmes écologiques liés à la pêche dans les milieux naturels dépassent à vrai dire souvent de simples questions de dynamique des populations : ils touchent à l'équilibre de peuplements complexes vivant dans des milieux hétérogènes. Le déclin préférentiel des poissons de niveau trophique supérieur (thons, saumons...) entraîne une rétraction des réseaux trophiques, constatée dans tous les océans. L'urgence de mesures globales de ces problèmes est de plus en plus grande, tant est rapide l'appauvrissement auquel a conduit une exploitation abusive et désordonnée. La solution doit reposer sur des analyses poussées des possibilités réelles de production des divers milieux et des conditions d'une exploitation rationnelle, mais aussi, bien entendu, sur une réglementation stricte – et respectée – de l'intensité, des modalités et de l'accès à la pêche.

Sur les continents, l'exploitation par la chasse du monde animal autochtone a de nos jours perdu presque toute son importance pour l'alimentation de l'homme, sauf en quelques contrées où elle menace d'extinction un certain nombre d'espèces. C'est l'utilisation de la viande dite « de brousse ». Dans peu d'années, il n'y aura d'autre faune sauvage que celle spécialement protégée par l'homme et ce qui était du « gibier » ne proviendra plus que d'élevages, au même titre que le bétail domestique. De la même façon, la cueillette de produits végétaux dans les milieux naturels a perdu pratiquement toute importance devant les cultures, mais peut néanmoins menacer quelques espèces d'arbres tropicaux, car ils ne se reproduisent plus.

Les produits des forêts, en revanche, si celles-ci sont souvent en nette régression, notamment dans les pays tropicaux, garderont sans doute leur importance pour l'homme. On assistera probablement, dans les années à venir, à un emploi plus intensif de la production végétale non consommable. Il s'agit de récolter en plus grande abondance la matière végétale susceptible d'être employée comme source d'énergie (« biomasse » des adeptes des énergies nouvelles). Outre la collecte plus complète du bois, petit et gros, dans les forêts actuellement exploitées, on veut mettre à profit les mauvais taillis, voire les maquis et garrigues. À l'utilisation directe comme combustible, on tend à ajouter la fabrication de combustibles liquides et gazeux – méthanol, éthanol et méthane – d'un emploi plus facile. Techniquement réalisables, ces opérations doivent toutefois être menées avec précaution. Une exploitation abusive risque d'entraîner rapidement une disparition des forêts, sinon une stérilisation au moins temporaire des sols.

Artificialisation des écosystèmes

Depuis longtemps, l'homme a cherché à accroître la production végétale dont il dispose et c'est ainsi que sont nées les cultures, devenues de[...]

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Écrit par

  • : professeur au Muséum national d'histoire naturelle, directeur de la Grande Galerie de l'évolution
  • : professeur au Muséum national d'histoire naturelle, Paris
  • : professeur honoraire à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie (faculté des sciences), ancien directeur du laboratoire de zoologie de l'École normale supérieure
  • : professeur d'écologie à l'université de Paris-VI, directeur de l'Institut d'écologie et d'éthologie de Pavie

Classification

Pour citer cet article

Patrick BLANDIN, Denis COUVET, Maxime LAMOTTE et Cesare F. SACCHI. ÉCOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Ernst Haeckel - crédits : Hulton-Deutsch Collection/ Corbis/ Getty Images

Ernst Haeckel

Flux d'énergie chez les animaux et les végétaux - crédits : Encyclopædia Universalis France

Flux d'énergie chez les animaux et les végétaux

Métabolisme d'animaux homéothermes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Métabolisme d'animaux homéothermes

Autres références

  • ÉCOLOGIE ET SOCIÉTÉ

    • Écrit par Robert BARBAULT
    • 7 804 mots
    • 5 médias

    L'écologie, comme science et vision du monde, a un destin singulier. Fondée dans la seconde moitié du xixe siècle, dans les remous d'une révolution industrielle qui va peu à peu mais inexorablement façonner notre monde, elle constitue une réponse de la communauté scientifique, alors largement...

  • AGENCE FRANÇAISE POUR LA BIODIVERSITÉ

    • Écrit par Denis COUVET
    • 1 558 mots
    • 1 média
    Une autre mission de l’Agence française pour la biodiversité est d’assurer un appui technique, notamment dans le cadre de la compensation écologique, stade ultime de la séquence « éviter, réduire, compenser » (E.R.C.) imposée lors de la construction d’infrastructures : on évite de détruire la biodiversité...
  • AMMONIFICATION ou AMMONISATION

    • Écrit par Didier LAVERGNE
    • 1 920 mots
    • 1 média
    On considère qu'en culture, les conditions favorables aux ammonificateurs des sols sont une température de 30 0C, et une hydratation à 60 p. 100 de la capacité de rétention de la terre, ce qui garantit une bonne aération. Ces conditions idéales sont loin d'être réunies dans les milieux naturels...
  • ANTHROPOLOGIE

    • Écrit par Élisabeth COPET-ROUGIER, Christian GHASARIAN
    • 16 158 mots
    • 1 média
    ...des bases matérielles des sociétés humaines en relation avec leur adaptation au milieu. La société passe ainsi au rang d'un sous-système au sein d'un ensemble plus vaste qui inclut la nature animale et végétale, l'écosystème. Avant de comprendre, il est nécessaire d'identifier, de compter, de mesurer...
  • ANTHROPOLOGIE DES ZOONOSES

    • Écrit par Frédéric KECK, Christos LYNTERIS
    • 3 954 mots
    • 4 médias
    Alors que le concept de zoonose s’était d’abord développé dans une écologie où l’homme ne joue qu’un rôle accidentel, l’anthropologie est davantage interpellée lorsque la zoonose est caractérisée comme une émergence catastrophique. La fin des années 1970 voit émerger de nouveaux pathogènes impliquant...
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Voir aussi