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ÉCOLOGIE

Méthodologie écologique

Traits fondamentaux de la recherche

L'écologie a pour but premier de connaître le fonctionnement de populations et d'écosystèmes, c'est-à-dire d'ensembles d'éléments interactifs. Comme toutes les disciplines biologiques, l'écologie est donc une science fondamentalement systémique, tenue à d'incessants aller et retour entre l'analyse et la synthèse. Elle se particularise cependant du fait du niveau élevé de complexité des systèmes écologiques et surtout du fait que, sauf cas tout à fait exceptionnels, on ne peut espérer analyser ces systèmes dans leur totalité : on ne les connaît que par le biais d'échantillonnages et des représentations ne peuvent être construites que par combinaison et extrapolation des informations fournies par l'analyse des échantillons.

L'écologie moléculaire est la branche de l'écologie qui applique les techniques de la biologie moléculaire et de la génétique à des problématiques écologiques. À l'aide de marqueurs moléculaires, elle permet de décrire et de quantifier la diversité chez les communautés de micro-organismes (bactéries, virus, et notamment dans les océans profonds), pour lesquelles les méthodes habituelles, notamment l'anatomie comparée, sont difficiles à utiliser. En utilisant les principes de la génétique des populations, elle caractérise les modes de dispersion, les systèmes de reproduction, les effets de la structure des paysages, de la fragmentation de l'habitat sur le fonctionnement des espèces. L'écologie moléculaire permet aussi de retracer l'histoire des populations, ou phylogéographie, donc les modes de recolonisation depuis les dernières glaciations à partir de zones refuges situées dans les basses latitudes.

L'étude structurale et fonctionnelle des écosystèmes implique une approche quantitative visant notamment à déterminer des stocks et des flux de matière, d'énergie et d'êtres vivants. Une telle quantification n'est évidemment possible que si l'on précise la nature des relations interspécifiques, grâce à une approche qualitative, puis quantitative. À côté des relations d'exploitation, évidemment essentielles à connaître puisqu'elles définissent les voies de circulation de la matière et de l'énergie, les autres relations telles que la compétition, la symbiose, etc., sont également fondamentales, car toutes jouent un rôle, direct ou indirect, dans la détermination du débit de chaque transfert trophique.

L'écologie est par ailleurs confrontée à des difficultés de deux ordres qui, sans lui être propres, sont ici particulièrement importantes. Les unes sont dues à l'hétérogénéité spatiale des écosystèmes, les autres aux variations temporelles des facteurs abiotiques et des populations, variations qui ne sont pas toutes périodiques.

L'écologie du paysage étudie l'influence conjointe de l'homme et de l'environnement sur les flux d'organismes vivants et de matière, c'est-à-dire la structure des paysages, leur hétérogénéité spatiale à différentes échelles. Un paysage se définit comme un ensemble d'écosystèmes adjacents qui sont liés dans leur fonctionnement.

La complexité des biocénoses, la multiplicité et la variabilité des facteurs qui conditionnent leur fonctionnement, rendraient ainsi les recherches écologiques particulièrement lourdes en l'absence de méthodes d'échantillonnage, de concepts intégrateurs ou d'approches réductionnistes. Les moyens utilisés concernent à la fois les travaux de terrain et les études à mener en laboratoire ; ils concernent aussi l'exploitation des données, la modélisation et la simulation des phénomènes : l'emploi de l'informatique et des mathématiques, en effet, caractérise de plus en plus la recherche écologique.[...]

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Écrit par

  • : professeur au Muséum national d'histoire naturelle, directeur de la Grande Galerie de l'évolution
  • : professeur au Muséum national d'histoire naturelle, Paris
  • : professeur honoraire à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie (faculté des sciences), ancien directeur du laboratoire de zoologie de l'École normale supérieure
  • : professeur d'écologie à l'université de Paris-VI, directeur de l'Institut d'écologie et d'éthologie de Pavie

Classification

Pour citer cet article

Patrick BLANDIN, Denis COUVET, Maxime LAMOTTE et Cesare F. SACCHI. ÉCOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Ernst Haeckel - crédits : Hulton-Deutsch Collection/ Corbis/ Getty Images

Ernst Haeckel

Flux d'énergie chez les animaux et les végétaux - crédits : Encyclopædia Universalis France

Flux d'énergie chez les animaux et les végétaux

Métabolisme d'animaux homéothermes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Métabolisme d'animaux homéothermes

Autres références

  • ÉCOLOGIE ET SOCIÉTÉ

    • Écrit par Robert BARBAULT
    • 7 804 mots
    • 5 médias

    L'écologie, comme science et vision du monde, a un destin singulier. Fondée dans la seconde moitié du xixe siècle, dans les remous d'une révolution industrielle qui va peu à peu mais inexorablement façonner notre monde, elle constitue une réponse de la communauté scientifique, alors largement...

  • AGENCE FRANÇAISE POUR LA BIODIVERSITÉ

    • Écrit par Denis COUVET
    • 1 558 mots
    • 1 média
    Une autre mission de l’Agence française pour la biodiversité est d’assurer un appui technique, notamment dans le cadre de la compensation écologique, stade ultime de la séquence « éviter, réduire, compenser » (E.R.C.) imposée lors de la construction d’infrastructures : on évite de détruire la biodiversité...
  • AMMONIFICATION ou AMMONISATION

    • Écrit par Didier LAVERGNE
    • 1 920 mots
    • 1 média
    On considère qu'en culture, les conditions favorables aux ammonificateurs des sols sont une température de 30 0C, et une hydratation à 60 p. 100 de la capacité de rétention de la terre, ce qui garantit une bonne aération. Ces conditions idéales sont loin d'être réunies dans les milieux naturels...
  • ANTHROPOLOGIE

    • Écrit par Élisabeth COPET-ROUGIER, Christian GHASARIAN
    • 16 158 mots
    • 1 média
    ...des bases matérielles des sociétés humaines en relation avec leur adaptation au milieu. La société passe ainsi au rang d'un sous-système au sein d'un ensemble plus vaste qui inclut la nature animale et végétale, l'écosystème. Avant de comprendre, il est nécessaire d'identifier, de compter, de mesurer...
  • ANTHROPOLOGIE DES ZOONOSES

    • Écrit par Frédéric KECK, Christos LYNTERIS
    • 3 954 mots
    • 4 médias
    Alors que le concept de zoonose s’était d’abord développé dans une écologie où l’homme ne joue qu’un rôle accidentel, l’anthropologie est davantage interpellée lorsque la zoonose est caractérisée comme une émergence catastrophique. La fin des années 1970 voit émerger de nouveaux pathogènes impliquant...
  • Afficher les 72 références

Voir aussi