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CHARTE DE L'ENVIRONNEMENT

La loi constitutionnelle visant à intégrer la Charte de l'environnement dans la Constitution française du 4 octobre 1958 a été adoptée le 28 février 2005 par le Parlement réuni en congrès. Cette révision de la Constitution s’est démarquée radicalement des révisions précédentes pour deux raisons. La première a été fondamentale puisqu'il s'agissait d'introduire une nouvelle génération de droit, celui du droit de vivre dans un environnement sain et respectueux de la santé. La seconde s'est attachée à modifier, pour la première fois, le préambule de la Constitution, c'est-à-dire pas seulement l'ordonnancement juridique de celle-ci mais également le rappel des grands principes fondateurs de la Ve République. Toutefois, sous les aspects juridiques ou philosophiques s’est profilé un débat souvent virulent sur le rôle de la science, les perspectives économiques et la judiciarisation de la société.

Origine et élaboration de cette loi

L'inscription dans la loi fondamentale du droit à l'environnement n'était pas une idée nouvelle en France. Elle figurait déjà dans le rapport de Louis Armand de 1970, « 100 mesures pour l'environnement », qui conduisit à la mise en place, l'année suivante, du premier ministère de l'Environnement. L'idée resurgit durant la campagne présidentielle de 1974, puis en décembre 1975 avec la création de la Commission spéciale pour les libertés. Cette dernière – présidée par Edgar Faure et où intervinrent Raymond Aron, Louis Leprince-Ringuet, André Malraux et Georges Vedel – avait pour objectif de préparer une charte des libertés et droits fondamentaux qui aurait été intégrée dans le préambule de la Constitution. En 1976, Jean Lecanuet, alors garde des Sceaux, proposa la reconnaissance d'un droit à la qualité de la vie au sein du préambule de la Constitution de 1946, expressément visé par celui de la Constitution de 1958. Il en fut de même en 1989 au travers d'une proposition de Laurent Fabius, et en 1995, par des propositions de Ségolène Royal et d'Édouard Balladur. Les Verts et le groupe communiste avaient également prôné la reconnaissance constitutionnelle au travers de l'adjonction de nouveaux articles au sein de la Déclaration des droits de l'homme. L'idée fut reprise en février 2000 par un groupe comprenant des personnalités politiques aussi diverses que Raymond Barre, Julien Dray, Yves Cochet, Roselyne Bachelot et Pierre Méhaignerie.

Seul, toutefois, le projet de charte, soutenu par Jacques Chirac, a suscité un écho significatif au-delà d'un cercle réduit de spécialistes. Lancée à Orléans, le 3 mai 2001, l'idée devait être reprise et précisée en mars de l'année suivante dans un discours prononcé à Avranches lors de la campagne pour l'élection présidentielle.

Le projet fut présenté en Conseil des ministres en juin 2002 et le paléontologue Yves Coppens chargé le mois suivant par Roselyne Bachelot, alors ministre de l'Écologie et du Développement durable, d'animer une commission pour préparer les textes de cette charte à la faveur d'une large concertation. Au terme de ses travaux, au printemps de 2003, un projet en 10 articles était transmis au ministre de l'Écologie et du Développement durable pour être enfin, après avis du Conseil d'État, adopté en Conseil des ministres le 25 juin 2003. L'Assemblée nationale adopta le texte le 1er juin 2004 et le Sénat le 24 juin suivant. Cette charte a finalement été approuvée par le Parlement réuni en congrès, le 28 février 2005, par 531 voix contre 23.

Longue dans son achèvement, la charte fut fortement contestée dans ses orientations. Pour certains, elle n'allait pas assez loin et ne revêtait qu'une valeur symbolique alors que d'autres prédisaient que son entrée en vigueur conduirait[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris et à l'université catholique de Louvain (Belgique)

Classification

Pour citer cet article

Thierry LIBAERT. CHARTE DE L'ENVIRONNEMENT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Charte de l'environnement - crédits : Encyclopædia Universalis France

Charte de l'environnement

Autres références

  • ÉCOTAXE

    • Écrit par Franck-Dominique VIVIEN
    • 2 357 mots
    • 4 médias
    ...dans certains cas, celui-ci peut être amené à être condamné et à payer des dommages-intérêts pour les dégradations qu'il a infligées à l'environnement. Ce « principe pollueur-payeur » est inscrit dans la Charte de l'environnement, partie intégrante du bloc constitutionnel de la République française,...
  • ENVIRONNEMENT - Droit de l'environnement

    • Écrit par Raphaël ROMI
    • 4 439 mots
    • 1 média
    Depuis 2005, celui-ci s'est lié par l'adoption d'une Charte constitutionnelle de l'environnement assez creuse, si l'on excepte la proclamation d'un « droit à un environnement équilibré et favorable à la santé ». Les objectifs et principes du droit de l'environnement français (art. l. 110-1 et suivants...
  • PRINCIPE DE PRÉCAUTION

    • Écrit par Pierre LASCOUMES
    • 2 227 mots
    – La seconde définition figure dans la Charte de l'environnement française, devenue un principe constitutionnel en 2005 (article 5) : « Lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement,...

Voir aussi