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LECANUET JEAN (1920-1993)

Né à Rouen, dans un milieu modeste, Jean Lecanuet s'est orienté vers des études littéraires. Diplômé d'études supérieures de lettres et, à vingt-deux ans, plus jeune agrégé de France, il est nommé professeur de philosophie à Douai et à Lille. Il s'engage bientôt dans la Résistance et dans la clandestinité. À la Libération, Jean Lecanuet est inspecteur général au ministère de l'Information ; il milite au M.R.P. et devient successivement directeur de cabinet des ministres de l'Information, de la Marine marchande, de l'Économie nationale, de l'Intérieur et des Finances sous la IVe République (onze postes en dix ans). Élu député de la Seine-Inférieure, l'actuelle Seine-Maritime (1951), battu aux élections législatives de 1956, il devient maître des requêtes au Conseil d'État. Il tente à nouveau sa chance à l'Assemblée en 1958 et en 1968 sans succès, et trouve refuge au Sénat en 1959 où il restera jusqu'en 1973. Président du M.R.P. depuis 1963, il affronte le général de Gaulle à l'élection présidentielle de 1965 et contribue à mettre en ballottage le fondateur de la Ve République, alors à son zénith, en recueillant 15,57 p. 100 des voix au premier tour. C'est la naissance d'une carrière.

Fondateur du Centre démocrate (1966), Jean Lecanuet tente de faire vivre un centrisme d'opposition malgré un mode de scrutin qui favorise la bipolarisation. Contrairement à Jacques Duhamel, qui crée alors le Centre démocratie et progrès (C.D.P.), il ne se rallie pas à Pompidou en 1969. Il fonde avec Jean-Jacques Servan-Schreiber, en 1972, le Mouvement réformateur. En 1973, il est à nouveau député. Sa constance politique est récompensée en 1974 avec l'élection de Valéry Giscard d'Estaing. Il entre au gouvernement comme garde des Sceaux jusqu'en 1976 où il devient ministre d'État chargé du Plan et de l'Aménagement du territoire.

Après le remaniement ministériel qui écarte — six mois plus tard — les ministres politiques, Jean Lecanuet redevient sénateur (1977-1986) et prend pour dix ans (1978-1988) la direction d'un vaste rassemblement libéral et centriste, l'Union pour la démocratie française (U.D.F.), le parti du président Giscard d'Estaing, qui tente de faire contrepoids au R.P.R. de Jacques Chirac. L'une de ses principales composantes est le C.D.S., Centre des démocrates sociaux, qui a fusionné en 1976 avec le Centre démocrate et le C.D.P., et se distingue par son engagement européen. Écarté du Quai d'Orsay par la volonté du chef de l'État lors de la formation du gouvernement de première cohabitation (1986), il cède le siège de député qu'il vient de conquérir et reprend au Sénat, où il se fait élire quelques mois plus tard, la présidence de la commission des Affaires étrangères et des Forces armées qu'il avait déjà exercée entre 1971 et 1973.

Attaché à sa Normandie, Jean Lecanuet était conseiller général de Seine-Maritime depuis 1958, maire de Rouen depuis 1968, président du Conseil général de Seine-Maritime depuis 1974. Il est cosignataire d'un livre : Le Projet réformateur (1973).

— Christian SAUVAGE

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Écrit par

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Pour citer cet article

Christian SAUVAGE. LECANUET JEAN (1920-1993) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ABELIN PIERRE (1909-1977)

    • Écrit par Christian SAUVAGE
    • 668 mots

    Né à Poitiers, c'est dans la Vienne que Pierre Abelin fera, à partir de la Libération, une longue carrière politique. Mais si son énergie fut centrée sur la politique, c'est dans les affaires qu'il débuta et réussit d'abord. Autant que les mandats et les portefeuilles ministériels, ce docteur en droit...

  • AVORTEMENT

    • Écrit par Universalis, Thomas HOCHMANN, Muriel ROUYER, Odette THIBAULT
    • 6 833 mots
    • 2 médias
    ..., qui le confie non au garde des Sceaux mais à la ministre de la Santé, Simone Veil. Ce choix – peut-être aussi motivé par le peu d’entrain du ministre de la Justice Jean Lecanuet à défendre le projet – traduit une volonté de placer la réforme entre les mains d’une femme et d’en faire une...
  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - La période gaullienne (1958-1969)

    • Écrit par Pierre BRÉCHON
    • 8 909 mots
    • 15 médias
    ...adversaires sont jeunes. Ils s'opposent tous deux au pouvoir personnel du président sortant et se prononcent pour le développement d'une Europe fédérale. Jean Lecanuet propose un programme de modernisation économique de la France, le libéralisme économique étant équilibré par des objectifs sociaux. François...
  • DÉMOCRATIE CHRÉTIENNE

    • Écrit par Universalis, Pierre LETAMENDIA
    • 6 307 mots
    • 1 média
    ...de s'opposer à lui seul au gaullisme triomphant, le mouvement disparaît en 1966 au profit du Centre démocrate, né un an plus tôt de la candidature de Jean Lecanuet à la présidence de la République (16 p. 100 des voix). Les centristes, par la suite, auront du mal à jouer un rôle important à cause du système...

Voir aussi