Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CHAPLIN CHARLIE (1889-1977)

Les films anglais

Mais l'hostilité à l'égard du réalisateur ne se dissipe pas dans l'Amérique de la Guerre froide. Le 17 septembre 1952, il s'embarque avec toute sa famille sur le Queen Elizabeth pour aller présenter son film au public anglais. Au milieu de la traversée, il apprend par la radio que le ministre de la Justice, James McGranery, a refusé de lui accorder un visa de retour aux États-Unis avant l'achèvement de l'enquête à laquelle il est soumis. Chaplin décide aussitôt qu'il ne rentrera pas. En 1953, toute la famille s'installe en Suisse, à Corsier-sur-Vevey. Le cinéaste y résidera jusqu'à sa mort, le 25 décembre 1977, ne revenant qu'une seule fois aux États-Unis, en 1972, pour recevoir à Hollywood un oscar récompensant l'ensemble de son œuvre.

Tourné en Angleterre, Un roi à New York règle les comptes de Chaplin avec l'Amérique maccarthyste. La bouleversante histoire du jeune Rupert Macabee (incarné par Michael Chaplin, second des huit enfants de Charles et Oona), obligé de dénoncer ses parents communistes devant la Commission des activités anti-américaines, constitue une virulente satire de la chasse aux sorcières. Chaplin ne renonce pas pour autant à la veine burlesque, dont le slapstick réjouissant, grivoiserie et scatologie mêlées, parachève son déboulonnage.

Dernier film de Chaplin, La Comtesse de Hong-Kong, en 1966, fut boudé par la majorité de la critique. Il n'en constitue pas moins une conclusion passionnante de l'œuvre : ultime réflexion sur l'essence de la comédie, il confronte la vraisemblance de l'artifice (les codes policés de la « comédie américaine ») à l'invraisemblance du naturel (la vulgarité burlesque des corps désirants). Comme l'a expliqué Éric Rohmer, « la peur ou la lubricité revêtent [dans ce film] des formes fantastiques, invraisemblables parce que justement, toute chose naturelle est, dans notre monde d'artifice, chose invraisemblable ».

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur de civilisation américaine à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Pour citer cet article

Francis BORDAT. CHAPLIN CHARLIE (1889-1977) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Le Dictateur</it>, de Charlie Chaplin - crédits : United Artists Corporation/ Collection privée

Le Dictateur, de Charlie Chaplin

Les Temps modernes, C. Chaplin - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Les Temps modernes, C. Chaplin

<it>Monsieur Verdoux</it>, de C. Chaplin - crédits : John Springer Collection/ Getty Images

Monsieur Verdoux, de C. Chaplin

Autres références

  • CHARLIE CHAPLIN CRÉE "CHARLOT"

    • Écrit par Joël MAGNY
    • 234 mots
    • 1 média

    Dans Pour gagner sa vie, son premier film pour la compagnie Keystone, où il vient d'être engagé en février 1914 afin de tourner sous la direction de Henry Lehrman, Charlie Chaplin (1889-1977), tel un lord anglais, s'est vu affubler d'une moustache tombante, d'une redingote, d'un huit-reflets,...

  • LES TEMPS MODERNES, film de Charlie Chaplin

    • Écrit par Michel CHION
    • 913 mots
    • 1 média

    Fort du triomphe, cinq ans plus tôt, d'un film encore muet, Les Lumières de la ville (City Lights, 1931), dans une Amérique déjà convertie au parlant, Charlie Chaplin (1889-1977) sort, avec Les Temps modernes (Modern Times), un film sans dialogues audibles. Plus exactement, ce qu'on appelait...

  • BURLESQUE COMÉDIE, cinéma

    • Écrit par Claude-Jean PHILIPPE
    • 3 086 mots
    • 10 médias
    ...lied de Schubert, tantôt il crachait en l'air des miettes de biscuit sec, tantôt il arrosait son voisin avec des oranges pourries. » Cet acteur se nomme Charles Chaplin, à qui Hollywood vient de proposer son premier contrat et qui hésite à l'accepter. Le salaire élevé qu'on lui offre lui paraît disproportionné...
  • CINÉMA (Aspects généraux) - Histoire

    • Écrit par Marc CERISUELO, Jean COLLET, Claude-Jean PHILIPPE
    • 21 694 mots
    • 41 médias
    ...humaniste Franklin D. Roosevelt. C'est l'Amérique de La Chevauchée fantastique (Stagecoach, 1939) et des Raisins de la colère (The Grapes of Wrath, 1940), celle aussi des Lumières de la ville (City Lights, 1931) et des Temps modernes (1936) de Chaplin. De cette période, on retiendra surtout des visages :...
  • CINÉMA (Réalisation d'un film) - Musique de film

    • Écrit par Alain GAREL
    • 6 489 mots
    • 5 médias
    C'est à partir de 1932 que la musique de fosse s'affirma de nouveau. Il est difficile d'en déterminer les causes. Il semblerait cependant que l'immense succès de City Lights (Les Lumières de la ville), de Charles Chaplin (1931), ait joué là un rôle. Ennemi des talkies, le créateur de...
  • COMÉDIE AMÉRICAINE, cinéma

    • Écrit par Joël MAGNY
    • 5 126 mots
    • 18 médias
    ...Crichton, 1919), Why Change Your Wife ? (L'Échange, 1920) ou The Affairs of Anatol (Le cœur nous trompe, 1921). La subtilité du mélodrame mondain de Chaplin, A Woman of Paris (L'Opinion publique, 1923), exerce également une grande influence sur les comédies de Monta Bell (The King on Main...
  • Afficher les 11 références

Voir aussi