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CHAPLIN CHARLIE (1889-1977)

Les débuts au cinéma

Charlot va s'inventer et s'épanouir dans les trente-cinq films tournés en 1914. Chaplin le décrit comme « un ensemble de contrastes ». « Vous comprenez, expliquait-il, ce personnage a plusieurs facettes : c'est en même temps un vagabond, un gentleman, un poète, un rêveur, un type esseulé, toujours épris de romanesque et d'aventure. Il voudrait faire croire qu'il est un savant, un musicien, un duc, un joueur de polo. Mais il ne dédaigne pas de ramasser des mégots ni de chiper son sucre d'orge à un bébé. Et bien sûr, si l'occasion se présente, il flanquera volontiers un coup de pied dans le derrière d'une dame... » Le jeune acteur est encore mal à l'aise dans les premiers titres de la série, réalisés par Henry Lehrman, George Nichols ou Mabel Normand selon les règles immuables du slapstick sennettien : stéréotypie du jeu et de la prise de vues, accélération systématique des gestes, de la cadence et du montage, préférence accordée aux aspects les plus mécaniques et les plus grossiers du burlesque. Il modifie sensiblement cette écriture quand Sennett lui confie, à partir du onzième film de la série, Charlot et le chronomètre, la responsabilité de la mise en scène.

À la fin de ce premier contrat, Charlie Chaplin est engagé par la compagnie Essanay. Le succès commercial de sa première contribution, Charlot débute (1915), qu'il tourne dans les studios de Chicago, convainc ses producteurs de lui confier la réalisation de treize autres films. Il y travaille d'abord à Niles, près de San Francisco (où il rencontre sa première vraie partenaire, Edna Purviance, compagne de tous ses films jusqu'en 1923), puis dans divers studios des environs de Los Angeles. Loin de ses producteurs, Chaplin doit pourtant constater qu'il n'est pas à l'abri de leurs manipulations. Sa parodie en deux bobines du Carmen de Cecil B. DeMille (Charlot joue Carmen, 1916) est ainsi transformée sans son accord en long-métrage grâce aux chutes récupérées dans la salle de montage et à quelques séquences d'appoint filmées par Ben Turpin.

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Écrit par

  • : professeur de civilisation américaine à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Pour citer cet article

Francis BORDAT. CHAPLIN CHARLIE (1889-1977) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Le Dictateur</it>, de Charlie Chaplin - crédits : United Artists Corporation/ Collection privée

Le Dictateur, de Charlie Chaplin

Les Temps modernes, C. Chaplin - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Les Temps modernes, C. Chaplin

<it>Monsieur Verdoux</it>, de C. Chaplin - crédits : John Springer Collection/ Getty Images

Monsieur Verdoux, de C. Chaplin

Autres références

  • CHARLIE CHAPLIN CRÉE "CHARLOT"

    • Écrit par Joël MAGNY
    • 234 mots
    • 1 média

    Dans Pour gagner sa vie, son premier film pour la compagnie Keystone, où il vient d'être engagé en février 1914 afin de tourner sous la direction de Henry Lehrman, Charlie Chaplin (1889-1977), tel un lord anglais, s'est vu affubler d'une moustache tombante, d'une redingote, d'un huit-reflets,...

  • LES TEMPS MODERNES, film de Charlie Chaplin

    • Écrit par Michel CHION
    • 913 mots
    • 1 média

    Fort du triomphe, cinq ans plus tôt, d'un film encore muet, Les Lumières de la ville (City Lights, 1931), dans une Amérique déjà convertie au parlant, Charlie Chaplin (1889-1977) sort, avec Les Temps modernes (Modern Times), un film sans dialogues audibles. Plus exactement, ce qu'on appelait...

  • BURLESQUE COMÉDIE, cinéma

    • Écrit par Claude-Jean PHILIPPE
    • 3 086 mots
    • 10 médias
    ...lied de Schubert, tantôt il crachait en l'air des miettes de biscuit sec, tantôt il arrosait son voisin avec des oranges pourries. » Cet acteur se nomme Charles Chaplin, à qui Hollywood vient de proposer son premier contrat et qui hésite à l'accepter. Le salaire élevé qu'on lui offre lui paraît disproportionné...
  • CINÉMA (Aspects généraux) - Histoire

    • Écrit par Marc CERISUELO, Jean COLLET, Claude-Jean PHILIPPE
    • 21 694 mots
    • 41 médias
    ...humaniste Franklin D. Roosevelt. C'est l'Amérique de La Chevauchée fantastique (Stagecoach, 1939) et des Raisins de la colère (The Grapes of Wrath, 1940), celle aussi des Lumières de la ville (City Lights, 1931) et des Temps modernes (1936) de Chaplin. De cette période, on retiendra surtout des visages :...
  • CINÉMA (Réalisation d'un film) - Musique de film

    • Écrit par Alain GAREL
    • 6 489 mots
    • 5 médias
    C'est à partir de 1932 que la musique de fosse s'affirma de nouveau. Il est difficile d'en déterminer les causes. Il semblerait cependant que l'immense succès de City Lights (Les Lumières de la ville), de Charles Chaplin (1931), ait joué là un rôle. Ennemi des talkies, le créateur de...
  • COMÉDIE AMÉRICAINE, cinéma

    • Écrit par Joël MAGNY
    • 5 126 mots
    • 18 médias
    ...Crichton, 1919), Why Change Your Wife ? (L'Échange, 1920) ou The Affairs of Anatol (Le cœur nous trompe, 1921). La subtilité du mélodrame mondain de Chaplin, A Woman of Paris (L'Opinion publique, 1923), exerce également une grande influence sur les comédies de Monta Bell (The King on Main...
  • Afficher les 11 références

Voir aussi