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CÉSAROPAPISME

L'Église d'État de Justinien

500 à 600. Reconquêtes - crédits : Encyclopædia Universalis France

500 à 600. Reconquêtes

Le règne de Justinien (527-565) est animé par la même volonté unitaire : il veut non seulement reconstituer l'unité politique du monde romain en Orient et en Occident, mais imposer l'unité de foi et intégrer l'Église à cet État unifié. Faire en un mot coïncider à nouveau les frontières de la Cité de Dieu et celles de son Empire. Le rôle dévolu à l'évêque de Rome ne peut donc jouir d'un pouvoir suréminent, il est simplement patriarche de l'Occident, sorte de vicaire de l'empereur, humblement soumis à toutes ses décisions. Car l'empereur, comme il l'indique en tête des lois qu'il promulgue, « a été envoyé aux hommes par Dieu pour être la Loi vivante » (Novelle 105). Il se considère donc naturellement comme guidé par l'Esprit-Saint dans les affaires religieuses et il estime que sa mission est de veiller strictement au maintien de l'orthodoxie. Le rôle de l'Église est ainsi réduit à celui d'intercession, de prières, pour la grandeur du règne et le bien de l'État. L'empereur-prêtre juge des hérésies, dépose le pape et l'emprisonne au besoin, convoque les évêques afin de faire ratifier par un concile ses décisions, et réduit les diverses oppositions qui se manifestent contre sa politique d'une Église d'État.

Théocratie ou césaropapisme ?

Ce souci de maintenir la vraie foi était, chez Justinien, singulièrement renforcé par l'empressement avec lequel, au risque de compromettre sa liberté, l'Église se plaçait, comme déjà sous le règne de Constantin, sous la protection du « bon empereur » : cette tutelle que l'État, depuis le ive siècle, faisait peser sur l'Église fut le plus souvent acceptée de bon gré et saluée avec joie. Organisée et protégée par l'empereur, garant de l'intégrité de ses dogmes, elle entendait être en même temps la conscience de l'État ; ce n'était là qu'une vision idéale, qui devait nourrir les spéculations médiévales du Saint Empire romain germanique, tandis qu'en Orient Byzance démontrait la solidité de cette construction d'une monarchie fondée sur les principes mêmes élaborées par Eusèbe de Césarée, principes qui s'inscrivaient, en définitive, dans la tradition la plus authentiquement romaine.

— Michel MESLIN

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)
  • : professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne, directeur de l'Institut de recherches pour l'étude des religions

Classification

Pour citer cet article

Jean GOUILLARD et Michel MESLIN. CÉSAROPAPISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

300 à 400. Christianisme - crédits : Encyclopædia Universalis France

300 à 400. Christianisme

500 à 600. Reconquêtes - crédits : Encyclopædia Universalis France

500 à 600. Reconquêtes

Autres références

  • AMBROISE DE MILAN (339-397)

    • Écrit par Pierre HADOT
    • 1 921 mots
    Pour Ambroise, l'Église possède la vérité absolue, reçue de la parole même de Dieu, et elle a donc un droit imprescriptible d'intervenir politiquement lorsque cette vérité est menacée par le pouvoir civil. L'empereur est dans l'Église et non au-dessus de l'Église (...
  • CANOSSA (1077)

    • Écrit par Jean-Marie MARTIN
    • 413 mots

    Épisode célèbre de la lutte entre le pape Grégoire VII et l'empereur Henri IV. Depuis le milieu du xie siècle, les papes tentent de réformer l'Église pour la débarrasser de la simonie et du nicolaïsme et la soustraire à l'emprise laïque. Ils rompent ainsi avec la tradition constantinienne,...

  • CATHOLICISME - Histoire de l'Église catholique des origines au pontificat de Jean-Paul II

    • Écrit par Jean DANIÉLOU, André DUVAL
    • 16 441 mots
    • 10 médias
    ...maintenir son unité, et non sur le pouvoir qui, dès le ve siècle, se disloque sous les pressions des invasions barbares. Tel saint Léon (  461) à Rome, les évêques apparaissent un peu partout comme les défenseurs des cités ; maintenant ainsi leur cohésion, celles-ci offrent un point d'appui pour la formation...
  • CONSTANTINOPLE IIe CONCILE DE (553)

    • Écrit par Pierre Thomas CAMELOT
    • 1 324 mots

    L'histoire compliquée du IIeconcile de Constantinople est à situer dans la suite des querelles, théologiques et politiques, qui s'élevèrent en Orient après le concile de Chalcédoine (451). Celui-ci avait défini l'existence dans le Christ de deux natures, humaine et divine. Des partisans...

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Voir aussi