ASIE (Structure et milieu)Géographie physique
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L'Asie sud-occidentale
L'Asie sud-occidentale, qui correspond au Proche et Moyen-Orient, caractérisée par l'association de chaînes plissées, fragments de la ceinture alpine, nombreuses surtout dans le secteur septentrional de la Turquie à l'Afghanistan, et d'un socle anciennement consolidé qui constitue l'ossature de la péninsule arabique et du Levant, comprend des marges montagneuses humides et forestières et des plateaux intérieurs désertiques ou subdésertiques dont le paysage est dominé par l'aridité.
Structure et relief
L'arc montagneux alpin
L'arc montagneux alpin se suit en Asie occidentale, au nord de la plate-forme syrienne, dans les hautes terres de l'Anatolie et de l'Arménie, de l'Iran et de l'Afghanistan.
L'Anatolie appartient tout entière au domaine des chaînes plissées tertiaires, prolongation des Dinarides balkaniques. Mais des masses rigides, anciennement consolidées, viennent s'intercaler dans l'édifice : massif des Méandres (ou carolydien) dans l'Anatolie sud-occidentale ; massif de Kïrchehir au centre de l'Anatolie, à l'est du méridien d'Ankara, autour desquels se moulent les plis. Les chaînes plissées, en effet, enserrent au nord et au sud cette zone intermédiaire. Chaînes Pontiques au nord, Taurus au sud dessinent leurs virgations en fonction de ces masses rigides. Le Taurus occidental se marque ainsi par un arc convexe vers le nord, avec influence probable d'une masse rigide effondrée sous les eaux du golfe d'Antalya provoquant le rebroussement de Pamphylie-Pisidie. Puis, après la large convexité vers le sud de l'arc du Taurus central, les plis du Taurus oriental remontent vers le nord-est sous l'influence de l'avancée vers le nord du socle syro-arabe. Les virgations des chaînes septentrionales, moins accentuées, reproduisent dans l'ensemble le dessin des côtes de la mer Noire. La structure de ces plis est généralement caractérisée par un double déversement vers l'extérieur, nord dans les chaînes Pontiques et sud dans le Taurus, avec des charriages et des chevauchements souvent importants, de l'ordre de plusieurs dizaines de kilomètres au moins dans le Taurus isaurien (central), et apparition de quelques déversements en sens inverse au voisinage des masses rigides. Le matériel rocheux est assez différent dans les deux ailes du plissement. Dans les chaînes du nord, de nombreux petits noyaux intrusifs s'ajoutent à des massifs de schistes cristallins et se dispersent au milieu d'un matériel prédominant schisto-gréseux et de flysch très épais avec nombreuses intercalations volcaniques. Dans le Taurus domine une sédimentation beaucoup plus uniforme sur de vastes espaces, crétacés (1 500 m d'épaisseur), des noyaux isolés de schistes anciens (dévoniens) et d'importantes masses de roches vertes et d'intrusions basiques.
Mises en place essentiellement du Crétacé à l'Oligocène, ces chaînes ont subi au Néogène de longs processus d'aplanissements, à partir de niveaux de base marins, notamment au sud où les séries miocènes ont largement pénétré dans toute l'Anatolie méridionale, à partir de niveaux de base de cuvettes lacustres en Anatolie intérieure. Le relief actuel de l'Anatolie résulte d'un gigantesque mouvement de rajeunissement postérieur à ces aplanissements. Le Miocène marin est porté dans le Taurus central à plus de 2 600 m d'altitude, et des cassures de plus de 1 000 m de rejet affectent le Néogène continental en Anatolie orientale. L'aboutissement de ces mouvements épéirogéniques pliocènes et quaternaires est l'édification de la masse du haut plateau anatolien, haute terre dont l'altitude moyenne (1 132 m) est très élevée, surtout si on la compare à celle de la péninsule Ibérique, de structure comparable (600 m). Les altitudes absolues restent pourtant relativement faibles, ne dépassant 4 000 m que dans quelques rares cônes volcaniques isolés.
Les aspects régionaux du relief découlent de ces données structurales et des conditions de l'individualisation morphologique des bourrelets montagneux périphériques. Le Taurus est une montagne lourde, où dominent les hautes surfaces d'érosion néogènes, souvent profondément karstifiées, surtout dans tout le Taurus occidental et central où de vastes poljés d'aspect dinarique s'encastrent dans la masse des calcaires crétacés, et en [...]
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l’article se compose de 52 pages
Écrit par :
- Pierre CARRIÈRE : agrégé de géographie, docteur d'État ès lettres
- Jean DELVERT : docteur ès lettres, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne
- Xavier de PLANHOL : professeur à l'université de Paris-Sorbonne, membre de l'Academia Europaea
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Pour citer l’article
Pierre CARRIÈRE, Jean DELVERT, Xavier de PLANHOL, « ASIE (Structure et milieu) - Géographie physique », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 01 août 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/asie-structure-et-milieu-geographie-physique/