HIMALAYA

Barrière naturelle entre la péninsule indienne et le reste du continent asiatique, l'arc montagneux de l'Himalaya (ou Himālaya : « Séjour des neiges » en sanskrit) s'allonge entre le plateau du Tibet, au nord, et la plaine alluviale indo-gangétique, au sud. Il se raccorde, par des courbures très accentuées, à la chaîne béloutche et à l'Hindū Kūch oriental (Karakoram), à l'ouest, aux chaînes birmanes, à l'est.

Le Lhotse - crédits : Nicholas DeVore/ Getty Images

Le Lhotse

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Pour le géographe, l'Himalaya se subdivise longitudinalement, du sud vers le nord, en collines des Siwāliks, larges au maximum d'une quarantaine de kilomètres, Petit Himalaya, où les altitudes oscillent entre 2 000 et 3 000 mètres sur quatre-vingts kilomètres, et enfin Grand Himalaya, où les sommets ont en général plus de 6 000 mètres, une quinzaine d'entre eux dépassant même 8 000 mètres et présentant ainsi les altitudes les plus fortes du monde : Everest, 8 848 m ; K2 (Chogori), 8 611 m ; Kangchenjunga, 8 579 m ; Lhotse, 8 501 m ; Makālu, 8 470 m ; Cho Oyu, 8 189 m ; Dhaulāgiri, 8 172 m ; Manāslu, 8 125 m, pour ne citer que les plus élevés.

Les principaux cours d'eau, comme l'Indus et le Brahmapoutre, ont leur source dans la région tibétaine (où le Brahmapoutre porte le nom de Tsang-po) ; ils se sont mis en place avant l'orogenèse himalayenne et ont creusé durant celle-ci les vallées encaissées (cañons) les plus profondes du monde.

Du point de vue bioclimatique, l'Himalaya est un ensemble composite. La flore des régions occidentales présente des affinités avec celle du Moyen-Orient ; celle des régions centrales et orientales, avec celle des montagnes de l'Extrême-Orient. La flore des hautes altitudes a des affinités holarctiques.

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Le peuplement et la civilisation de l'Himalaya manquent d'unité, la montagne ayant fait l'objet d'invasions diverses, ce qui en a fait un lieu d'interférences culturelles. En revanche, les systèmes économiques, malgré une grande variété dans le détail, manifestent une réelle cohérence, parce que ce sont des adaptations de la vie humaine aux conditions déterminées par l'étagement des climats. Les interférences culturelles (hindouisme, islam, bouddhisme) ont une influence sur l'économie ; mais elles restent subordonnées aux conditions écologiques.

Considéré comme l'une des Sept Chaînes mythiques, l'Himalaya tient une place essentielle dans les croyances et la ferveur des peuples de cette région d'Asie. Les cosmogonies tant hindoues que bouddhistes voient en effet dans la montagne l'origine et le centre du monde. Le Meru, le Sumeru, le Kailāsa, le Rirab sont autant de noms mythiques par lesquels les textes traditionnels désignent ce pôle de la Création et que l'hindouisme place quelque part au nord des Himalayas.

La nature, toute de splendeur et de silence, est ici séjour des dieux et pour les hommes terre d'ascétisme. Les plus hauts sommets, les plus puissants massifs sont révérés (ainsi le Kailāsa souvent identifié au mont Éverest, la montagne où est né Çiva et où il médite éternellement). Sur leurs pentes, dans la retraite d'une grotte et d'un ermitage, le yogi y pratique les austérités ou dispense son enseignement. Depuis toujours, les pèlerins, venus de partout, déposent aux fêtes de l'année leur offrande dans l'un des nombreux lieux de pèlerinage établis sur les contreforts verdoyants.

Le milieu naturel

Caractères bioclimatiques

Situé entre 270 et 350 de latitude nord, l'Himalaya appartient dans son ensemble à la zone de climat tropical. Le trait bioclimatique le plus spectaculaire est l'étagement des milieux, depuis le niveau de la plaine indo-gangétique jusqu'à celui des neiges permanentes. Mais il n'exclut pas une grande diversité dans chaque étage : l'Himalaya oriental humide s'oppose à l'Himalaya occidental sec ; en outre, les versants des chaînes de bordure, exposés au flux de la mousson, sont très pluvieux, alors que les vallées intérieures sont plus sèches et que la zone transhimalayenne est aride.

Vue aérienne du massif de l’Everest - crédits : Nutexzles/ Shutterstock

Vue aérienne du massif de l’Everest

Le K2 ou Chorogi (Himalaya) - crédits : De Agostini Picture Library/ De Agostini/ Getty Images

Le K2 ou Chorogi (Himalaya)

L'étage tropical (jusque vers 1 000 ou 1 200 m) est caractérisé par des conditions proches de celles de la plaine indo-gangétique voisine : on y rencontre une forêt dense humide en Assam, une forêt décidue de sāl (Shorea robusta) au Népal et au Kumaon, des forêts xérophiles à acacias (Acacia arabica) et jujubiers (Zizyphus jujuba), ou une pseudosteppe, dans l'Ouest.

L'étage montagnard (de 1 200 à 3 000 m environ), développé surtout dans le Moyen Himalaya, est également varié. Dans l'Himalaya oriental, souvent enveloppé de nuages, il reçoit plusieurs mètres de pluies (Darjīling, 3 160 mm) et porte une forêt dense toujours verte (chênes sempervirents, lauriers, Castanopsis, rhododendrons). L'Himalaya du Népal et du Kumaon, marqué par une nette alternance de saison humide et de saison sèche (Mussoorie, 2 200 mm), présente encore beaucoup de chênes sempervirents, avec des pins bleus (Pinus excelsa) dans les expositions sèches. L'Himalaya occidental, à tendance méditerranéenne, à pluies d'hiver et de printemps (Sonamarg, 1 782 mm), est surtout couvert de forêts de pins tropicaux et de cèdres.

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Un étage subalpin (de 3 000 à 3 900 m env.), qui subit des hivers froids, correspond à la partie supérieure des forêts. Plus uniforme, il porte des forêts de sapins, d'épicéas, de tsugas, de bouleaux. La prairie alpine, passant à une steppe dans les régions arides (Tibet, Ladakh), forme l'étage supérieur de la végétation jusqu'à la limite des neiges permanentes, vers 5 000 mètres en général (4 000 m dans l'Himalaya occidental).

Glaciation et hydrologie

Les époques glaciaires ont connu des glaciations beaucoup plus prononcées qu'aujourd'hui. Il semble que, pendant le Würm, le glacier himalayen présentait un front d'un seul tenant. Actuellement, ce sont les hauts massifs du Grand Himalaya qui portent des glaciers ; le Moyen Himalaya en est dépourvu sauf dans l'Ouest (Dhaula Dār et Pir Panjal). Sous le climat tropical, la longueur des glaciers de vallée est modérée (15 km au Khumbu dans le massif de l'Éverest, 25 km au Zemu dans les massifs du Sikkim). Mais le Karakoram, alimenté par les chutes de neige de l'hiver, possède des appareils glaciaires très longs (62 km au glacier de Biafo, 72 km à celui de Siachen). Quoi qu'il en soit, selon le Groupement intergouvernemental sur l'évolution du climat (G.I.E.C.), co-lauréat du prix Nobel de la paix 2007, une des principales conséquences du changement climatique en cours sera la fonte des glaciers himalayens qui entraînera une augmentation des inondations et des avalanches et affectera les ressources en eau.

Le régime des cours d'eau est caractérisé, d'une manière générale, par un maximum d'été, provoqué à la fois par la mousson et par la fonte des neiges ; de là, le manque de pondération des régimes, marqués par des crues violentes qui provoquent l'inondation des plaines voisines.

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Écrit par

  • : agrégé de géographie, docteur d'État ès lettres
  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Nanterre

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Le Lhotse - crédits : Nicholas DeVore/ Getty Images

Le Lhotse

Vue aérienne du massif de l’Everest - crédits : Nutexzles/ Shutterstock

Vue aérienne du massif de l’Everest

Le K2 ou Chorogi (Himalaya) - crédits : De Agostini Picture Library/ De Agostini/ Getty Images

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