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XINJIANG [SIN-KIANG]ou TURKESTAN CHINOIS

Chine : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Chine : carte administrative

Le pays que les Occidentaux appelaient le «  Turkestan chinois » est devenu en 1884 la province chinoise du Xinjiang et constitue, depuis 1955, l'une des cinq « régions autonomes » de la république populaire de Chine : la région autonome ouïgoure du Xinjiang. Les oasis et les déserts de cette vaste région de Chine occidentale ne sont donc intégrés de façon permanente à l'État chinois que depuis le xixe siècle. Mais la pénétration militaire et commerciale chinoise, bien qu'intermittente, y est beaucoup plus ancienne. Le Xinjiang occupe une place à part dans le monde chinois. Peuplé principalement de minorités ethniques (Turcs Ouïgours, Kazakhs), il a été le siège jusqu'en 1949 de conflits entre ces minorités et la politique centraliste du gouvernement (impérial ou républicain). Le régime instauré à Pékin en 1949 a tenté de mettre fin à ces conflits en pratiquant une politique d'autonomie régionale. Toutefois, le Xinjiang était en même temps, depuis le xixe siècle, l'objet des convoitises russes, auxquelles Staline n'avait pas renoncé et que le conflit sino-soviétique avait ravivées depuis 1960.

Mais la normalisation des relations sino-soviétiques entreprise au cours des années 1980 a mis un terme à cette tension ; en revanche, les problèmes intérieurs demeurent, notamment la répression du nationalisme ouïgour par Pékin, ou l'état de sous-développement d'autant plus mal ressenti que les provinces orientales de la Chine sont en plein essor.

Le milieu naturel

La plus occidentale des régions de la Chine, le Xinjiang, en est aussi la plus vaste unité administrative (1 646 900 km2) et, avec 19,2 millions d'habitants au recensement de 2000 (21,3 estimés en 2008), la moins densément peuplée (13 hab./km2), après le Tibet (2 hab./km2) et le Qinghai (7,2 hab./km2). Sa population n'en a pas moins augmenté de 21 p. 100 entre 1990 et 2000.

Bezeklik, Chine - crédits : Philippe Wang/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Bezeklik, Chine

Le Xinjiang est constitué de deux immenses bassins (ou hautes plaines) séparés par la partie orientale d'un des systèmes montagneux les plus vastes du monde, la chaîne des Tianshan, qui s'allonge sur quelque 1 500 kilomètres d'ouest en est, sur une largeur de 200 à 300 kilomètres. Les Tianshan sont formées de horsts gigantesques (de 4 000 à 5 000 m d'altitude ; matériel cristallin et métamorphique calédonien et hercynien) constituant quatre lignes de faîte qui se succèdent du nord au sud, séparées par de profondes vallées longitudinales, fossés tectoniques, dont les deux plus remarquables sont la vallée de l'Ili (Yili) à l'ouest, qui occupe environ 9 000 kilomètres carrés à 700 mètres d'altitude moyenne, et la fosse de Tourfan à l'est, qui se creuse à plus de 150 mètres au-dessous du niveau de la mer et qui s'étend sur 4 000 kilomètres carrés. Par leur altitude et leur orientation, les Tianshan sont la région la mieux arrosée du Xinjiang, avec 400 à 700 mm annuels apportés par les vents d'ouest en été ; mais c'est là un total encore bien médiocre, aussi la forêt n'y occupe-t-elle qu'une place limitée : forêt de mélèzes sibériens, puis de sapins, entre 1 800 et 2 500 mètres, à laquelle succède la prairie alpine, tandis que tout l'étage inférieur est occupé par une steppe buissonnante à genévriers.

Les deux immenses bassins qui s'étendent au nord et au sud des Tianshan sont des dépressions tectoniques de l'ère primaire dont la subsidence est allée en s'accélérant à partir du Tertiaire : le socle est enfoui à 8 et même à 12 kilomètres de profondeur sous le matériel secondaire et tertiaire recouvert de dépôts quaternaires, puis de sables et de cailloutis plus récents.

Au nord, le bassin de Dzoungarie couvre 380 000 kilomètres carrés et s'abaisse d'est en ouest, de 750 mètres à 190 mètres au lac Ebi Nor ;[...]

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Écrit par

  • : chercheur de troisième cycle à l'université de Paris-VII
  • : professeur des Universités, Institut national des langues et civilisations orientales
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Évelyne COHEN, Universalis et Pierre TROLLIET. XINJIANG [SIN-KIANG] ou TURKESTAN CHINOIS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Chine : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Chine : carte administrative

Soldats sur la frontière sino-soviétique - crédits : Sovfoto/ Universal Images Group/ Getty Images

Soldats sur la frontière sino-soviétique

Autres références

  • CHINE - Cadre naturel

    • Écrit par Guy MENNESSIER, Thierry SANJUAN, Pierre TROLLIET
    • 5 861 mots
    • 7 médias
    La région autonome duXinjiang, la partie orientale de l'Asie centrale, d'une superficie de 1 600 000 km2, est composée de deux grands bassins, entre 800 et 1 300 mètres d'altitude, qui sont séparés par les Tianshan d'orientation ouest-est, entre 3 000 et 5 000 mètres. Il s'agit : du...
  • CHINE - Hommes et dynamiques territoriales

    • Écrit par Thierry SANJUAN
    • 9 801 mots
    • 5 médias
    ...l'occupation chinoise des plus hauts sommets du monde et une prédation économique – gaz, pétrole, ressources minières – au profit de l'économie littorale, au Xinjiang notamment, qui se combinent à une répression policière et militaire des mouvements de mécontentement qui vont parfois jusqu'au fondamentalisme...
  • CHINE - Les régions chinoises

    • Écrit par Pierre TROLLIET
    • 11 778 mots
    • 3 médias

    Au fil des siècles, la Chine impériale a étendu sa domination politique et militaire jusqu'au cœur de l'Asie centrale. Les territoires conquis, à l'exception de la république de Mongolie, indépendante depuis 1921, font aujourd'hui partie de la République populaire. La Chine s'étend en...

  • CHINE - Politique religieuse

    • Écrit par Benoît VERMANDER
    • 6 113 mots
    ...extrêmement sévère. Ainsi, bien avant les événements de 2009, les comportements religieux illicites et mentionnés comme tels sur les bâtiments publics au Xinjiang (Turkestan chinois) comprenaient, entre autres : ouvrir des écoles privées d'étude des textes religieux ; conduire des cérémonies religieuses...
  • Afficher les 13 références

Voir aussi