PAKISTAN

Nom officiel République islamique du Pakistan
Chef de l'État Asif Ali Zardari - depuis le 10 mars 2024
Chef du gouvernement Shehbaz Sharif - depuis le 4 mars 2024
Capitale Islamabad
Langue officielle Ourdou , Anglais
Population 247 504 495 habitants (2023)
    Superficie 796 100 km²

      Le Pakistan est né de la volonté des musulmans de l' Inde britannique d'obtenir un « État séparé ». La création de celui-ci a été réclamée dans les dernières années d'existence de l'Empire des Indes par la Ligue musulmane de Mohammed Ali Jinnah, qui avait reçu des encouragements de la puissance colonisatrice, dans le cadre d'une politique qui consistait à « diviser pour régner ». Trois grandes régions se caractérisaient par des populations musulmanes particulièrement nombreuses : l'État du Nizam de Hyderabad, dans le centre-est de la péninsule indienne, le Bengale-Oriental, et l'ensemble du nord-ouest de l'Inde. La demande de rattachement de l'État de Hyderabad au Pakistan fut considérée comme absolument inacceptable par les dirigeants indiens, et une démonstration militaire courte mais vigoureuse aboutit rapidement à l'inclusion de la région dans l'Union indienne. Il n'en alla pas de même au Bengale et dans le Nord-Ouest, qui formèrent en 1947 un État de structure paradoxale, puisque les deux parties qui le constituaient étaient séparées par plus de 1 500 kilomètres, et qu'elles avaient chacune des caractères propres bien affirmés. Ce premier Pakistan connut cependant plus de vingt ans d'existence ; il ne disparut qu'en 1971, à la suite d'une révolte du Bengale, préparée par des années de revendications des Bengalis, qui se considéraient comme les parents pauvres et maltraités de l'association. La sécession du Bengale aboutit à la séparation du Bangladesh et du Pakistan actuel. Celui-ci forme un État puissant de 800 000 kilomètres carrés environ, avec une population estimée à 174,5 millions d'habitants en 2010. La fixation des frontières avec l'Inde fut difficile ; des massacres et des déplacements de population revêtirent, au cours de l'été de 1947, un caractère tragique ; en outre, la région montagneuse du Cachemire fut revendiquée par les deux pays, et elle est actuellement encore coupée par une ligne de cessez-le-feu, mal acceptée par les deux parties, entre l'Azad-Kashmir pakistanais et le Jammu-et-Cachemire indien.

      Pakistan : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Pakistan : carte physique

      Pakistan : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Pakistan : drapeau

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      Après avoir noué des alliances avec les États-Unis et la Chine pendant la guerre froide pour contrer l'influence de l'Inde, le pays se trouve isolé sur la scène internationale dans les années 1990, en raison de son soutien au régime des talibans en Afghanistan. Il est contraint, après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, d'offrir sa coopération à Washington dans la lutte contre le terrorisme. Sa position géostratégique conjuguée à une vie politique mouvementée, constituée, depuis 1947, d'une alternance de régimes militaires et civils, s'avèrent peu propices à la stabilité de la démocratie.

      Le milieu physique

      Le Pakistan, dont la superficie est de 800 000 km2 environ, apparaît à bien des égards comme une marge du monde indien.

      Par son relief d'abord, puisque – même sans tenir compte du Cachemire – le Pakistan pénètre au nord profondément dans le système himalayen occidental. Il atteint au nord-ouest la terminaison orientale de l'Hindou-Kouch (Hindū-Kūch) et englobe ainsi des reliefs très élevés. À l'ouest, la souveraineté pakistanaise s'étend sur les montagnes plus basses des confins afghans et iraniens. Cette avancée dans des régions très nettement étrangères au monde indien est un effet de la politique britannique de garantie des frontières et de création de marches sur les franges de l'Empire. La région la plus vivante et la plus peuplée, de très loin, est axée sur l'Indus et les quatre affluents qui constituent avec lui le « pays des cinq rivières », le Pendjab (ou Punjāb). Il y a lieu de distinguer le piémont que constitue le Pendjab de la basse plaine de l'Indus, qui forme l'essentiel de la province du Sind.

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      Par son climat ensuite, qui se rapproche davantage des terres sèches des déserts iranien et arabe que de l'« Asie des moussons » proprement dite. En effet, la mousson d'été, courant aérien pluvieux, n'arrive sur le pays qu'après un long détour. Elle vient de la plaine du Gange et de la péninsule après avoir épuisé l'essentiel de son humidité ; les perturbations formées dans la baie du Bengale, qui sont la source principale des pluies sur l'Inde, ne parviennent ici que rarement et toujours très affaiblies, si bien que les précipitations estivales sont très peu importantes, sauf sur le piémont himalayen. À cette latitude, l'hiver a des caractères différents de ceux qu'il présente en Inde. Même dans les stations basses, les froids nocturnes sont bien marqués. Les précipitations hivernales sont relativement abondantes : des vents d'ouest et des perturbations en provenance de la Méditerranée apportent des pluies et des neiges sur les reliefs de l'Ouest et jusque sur le piémont himalayen. Certes, les quantités précipitées restent assez faibles (70 mm à Rawalpindi en janvier, 60 mm à Chaman) et elles diminuent vite vers l'est (25 mm seulement à Lahore en janvier). C'est surtout du fait de l'extrême indigence pluviale de l'été que les stations les plus occidentales ont un maximum pluviométrique en hiver, ce qui leur confère un climat à régime de type « méditerranéen », très étranger au monde tropical. La sécheresse du climat est le caractère essentiel de la région. La carte des isohyètes montre bien que la majeure partie des piémonts et des plaines reçoit moins de 400 mm dans l'année et que la pluviosité n'atteint pas 200, voire 100 mm, sur d'immenses étendues. Considérée du point de vue de son climat, la région du bas Indus devrait être un désert. Mais l'Indus et ses affluents apportent les eaux abondantes descendues de l'Himalaya, si bien que les zones peuplées du Pakistan constituent la plus grande oasis du monde (indus [fleuve]).

      — François DURAND-DASTÈS

      —  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

      Cadre structural et géologique

      Le Pakistan se trouve séparé du craton indien par la vaste plaine alluviale de l'Indus et de ses tributaires. Toute la bordure nord-ouest du pays est occupée par la chaîne béloutche et ses prolongements nord-orientaux, cet ensemble se développant également en territoire afghan (cf. schéma structural). Cette chaîne, rameau méridional de l'édifice alpin, souligne en particulier le déplacement relatif vers le nord-est du bouclier indien, lors du serrage entre le bloc indo-gondwanien dérivant et l'Asie.

      La chaîne béloutche

      Chaîne béloutche : structure - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Chaîne béloutche : structure

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      La chaîne béloutche se compose de deux festons qui se raccordent près de Quetta, après avoir respectivement tourné leur convexité vers le sud et vers l'est. La « fosse béloutche » se subdivise en un bassin oriental à dominante calcaire et un bassin occidental principalement détritique, accidentés de bombements et de fosses. On distingue ainsi d'est en ouest : un bassin épicontinental s'étendant sur le craton indien ; l'avant-fosse de l'Indus, qui est séparée au sud par la cordillère (anticlinorium) d'Hyderabad ; puis le bombement axial, en forme de S, émettant vers le sud et l'est des prolongements (cordillère nord-sud de Las Bela, bordée à l'ouest par le sillon de l'Hingol ; cordillère est-ouest de Sanjawi, flanquée par le sillon nord-sud de l'Urak et le sillon est-ouest de Chinjan) ; enfin, au nord-ouest du bombement axial, le bassin occidental, qui comprend le sillon de Panjgur-Pisin, la cordillère du Ras-Koh, le sillon de Mirjawa-Dalbandin et la cordillère du Chagaï (nord). En Afghanistan oriental, le bassin occidental se subdivise, en allant du sud-est vers le nord-ouest, en trois zones, qui se distinguent par leur stratigraphie et leur tectonique : zone de Khost, sillon et cordillère d'Altimour, zone de Kaboul-Azrao.

      Le bassin oriental est rempli par plus de dix kilomètres de sédiments déposés depuis le Jurassique. Du Dogger à l'Oligocène inférieur dominent les calcaires et les schistes, avec de faibles intercalations détritiques venues de l'Himalaya, du craton indien ou de l'Afghanistan. Après les mouvements majeurs éocènes supérieurs-oligocènes, la région a connu une puissante sédimentation détritique continentale. Sur les cordillères, la sédimentation marine s'est arrêtée plus tôt (à l'Éocène inférieur à Sanjawi ; au sommet de l'Éocène inférieur à Hyderabad).

      Le long du bombement axial, la série marine est réduite, entrecoupée de discordances. Elle évoque une sédimentation s'effectuant au sein d'un chapelet d'îles en voie de plissement. Le terme le plus ancien est représenté par les calcaires du Permo-Trias.

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      Le bassin occidental est rempli par une série montant du Crétacé, détritique à faciès « flysch », au Quaternaire. En Afghanistan oriental, on retrouve des calcaires permo-triasiques, des schistes mésozoïques à radiolarites et ophiolites, puis un Nummulitique avec des conglomérats, des grès, des schistes, des flyschs et des calcaires. Le Néogène continental occupe des bassins intramontagneux. La phase majeure des plissements commencés au Crétacé supérieur se situe à l'Éocène supérieur-Oligocène.

      D'importantes manifestations volcaniques, basaltiques ou andésitiques, se sont produites du Crétacé à l'Oligocène, atteignant leur paroxysme vers la limite Crétacé-Paléocène.

      Les prolongements nord-orientaux de la chaîne béloutche

      Plus au nord, la chaîne béloutche se prolonge par un nouveau feston, qui se raccorde brutalement, dans la vallée de la Jhelum, à l'Himalaya. Ce feston comprend, du sud vers le nord, la Salt Range flanquée du plateau de Potwar, les zones de Kohat et de Peshawar, puis l'Hazara et le Karakorum (Karakoram).

      La Salt Range comporte une série du type de la bordure du craton indien, qui débute par le Cambrien gréso-salifère supportant quatre ensembles discordants : série calcaréo-gréseuse du Carbonifère au Trias ; grès, schistes et calcaires jurassico-crétacés ; calcaires et schistes paléocènes et éocènes ; molasses mio-pliocènes. La zone de Kohat comprend, outre un peu de Permien, une série de grès, de calcaires et de schistes allant du Jurassique à l'Éocène, puis des molasses néogènes discordantes. La zone de Peshawar est encore mal connue. L'Hazara présente une série de type tibétain (asie - Géologie, chap. 3) allant du Dévonien à l'Éocène, avec des discordances au Dévonien, au Carbonifère, au Trias et à la base du Paléocène, supportée par un complexe métamorphique. La partie axiale du Karakorum montre une série modérément métamorphique, allant du Carbonifère à l'Éocène inférieur, avec un Permien de type « Gondwana », traversée par des granites qui ont achevé de se consolider vers la limite Mio-Pliocène. La région de Gilgit, en revanche, reste mal datée, avec des séries schisto-calcaires ou volcaniques.

      Les abords afghans

      En Afghanistan, les festons montagneux précédents s'appuient contre des entités structurales, dont on peut résumer ici les caractéristiques essentielles. Leur paléogéographie est commandée depuis le Trias par le rejeu de plissements précambriens. L'axe cristallophyllien est-ouest des Afghanides sépare l'Hazaradjat du bassin sédimentaire du Turkestan et recoupe près de Kaboulles Ghaznévides nord-est - sud-ouest, limitant elles-mêmes à l'ouest la chaîne béloutche. Le contact entre ces derniers ensembles se fait par un grand décrochement, descendant du Pamir vers le sud-sud-ouest, via Kaboul, qui prend en écharpe la chaîne béloutche près de Quetta. Le tréfonds métamorphique des Ghaznévides se développe largement dans l'Hindou-Kouch avec des granites précambriens ou triasiques.

      Dans l'est de l'Hazaradjat s'étend une fosse nord-est - sud-ouest remplie de deux mille mètres d'une série marine continue allant du Cambrien au Trias (schistes, calcaires et quartzites), qui repose sur un vieux socle précambrien. Des transgressions vers l'ouest-nord-ouest se sont produites à partir de l'axe de la fosse au Dévonien, au Carbonifère et au Permien. Un peu de Jurassique supérieur (Callovien) est connu localement. La région a été plissée au Crétacé inférieur et granitisée, comme le souligne la présence des conglomérats à Orbitolines barrémo-aptiens, discordants. Elle a subi de nouvelles déformations au Tertiaire et a été métamorphisée localement vers le début du Miocène. Il faut signaler également des granites postérieurs aux couches à Orbitolines et de puissants épanchements volcaniques au Néogène et au Quaternaire.

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      La partie occidentale de l'Hazaradjat reste moins bien connue, avec une épaisse série mésozoïque de type épicontinental, schisteuse, gréseuse ou calcaire, volcanisée notamment au Crétacé et se poursuivant dans le Paléocène. Des molasses néogènes discordantes la recouvrent, qui prennent une grande extension, ainsi que le Quaternaire, dans la dépression du Seistan.

      Le bassin du Turkestan est rempli par une épaisse série marine épicontinentale, souvent littorale ou lagunaire, entrecoupée de discordances, montant du Trias au Néogène. Le Jurassique est représenté par des couches à plantes. Les déformations tectoniques sont faibles et le rameau alpidique ne se marque que par des plis plus ou moins déversés. Les mouvements majeurs semblent dater du Plio-Quaternaire. Des manifestations volcaniques se sont produites dans le Trias.

      — Guy MENNESSIER

      Les régions

      La bordure montagneuse

      La bordure montagneuse constitue, en marge du Pakistan, un monde à part, assez varié.

      Au nord, la frontière avec l'Afghanistan est fixée le long de l'Hindou-Kouch, qui par ses altitudes supérieures à 7 000 m et sa tectonique présente des aspects proprement himalayens. C'est une région isolée, mal connue, où s'ouvre le bassin de Chitral. On retrouve encore les structures himalayennes dans les reliefs nord-sud entre l'Hindou-Kouch et la rivière de Kaboul, qui coule d'ouest en est vers l'Indus. Une trame est-ouest et une architecture différente apparaissent ensuite dans les reliefs de l'ancienne North-West Frontier Agency des confins afghans. Les altitudes sont plus faibles (seul le Sefid Koh dépasse 2 500 m) et la tectonique est caractérisée par des plissements assez simples affectant des terrains tertiaires et secondaires. De larges bassins coupent ces reliefs, tels que celui de Bannu et surtout celui de Peshawar. Ce dernier, sur la rivière de Kaboul, est situé au pied de la fameuse passe de Khyber (1 607 m), qui a toujours été une grande voie d'invasion de l'Inde.

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      Au sud de la Gumal commence le Béloutchistan pakistanais. Dans sa partie septentrionale, il est formé de deux arcs montagneux, nettement séparés par une avancée de la plaine de l'Indus vers Sibi et soudés dans le « nœud de Quetta ». L'aspect du relief est dû au travail de l'érosion dans des terrains du Crétacé et du Tertiaire. Les directions des arcs expriment celles des plis qui ont affecté ces roches. Les montagnes les plus élevées sont constituées par de vigoureux escarpements calcaires ; elles atteignent et dépassent 3 700 m, notamment au nord de Quetta. Le paysage est très désolé, à cause de la sécheresse du climat. Les vallées s'ouvrent sur des bassins souvent assez étendus en formant de grands cônes surbaissés, lieux privilégiés pour l'installation humaine. Les chaînons de l'arc méridional (celui de Makran) divergent en éventail et s'abaissent vers l'ouest ; on passe progressivement aux plateaux de l'Ouest, où les surfaces caillouteuses alternent avec les ensembles dunaires. Les rivières descendues des montagnes se perdent dans les dépressions à croûtes salines du désert de Kharan.

      Le climat de la bordure montagneuse est marqué par la sécheresse. De décembre à mars, les vents d'ouest apportent des pluies assez faibles, de l'ordre de 25 à 50 mm par mois dans le Sud, un peu plus dans la partie centrale. L'Hindou-Kouch, cependant, est beaucoup plus arrosé. L'hiver est froid, à cause de l'altitude, de la latitude et de la continentalité : ainsi, à Quetta, situé à 1 800 m d'altitude, les températures nocturnes sont inférieures à 0 0C de novembre à février inclus. Après un printemps très sec et chaud (malgré l'altitude, la moyenne des maxima diurnes atteint 34 0C en juin à Quetta), l'été connaît quelques rares et faibles avancées de la mousson, dont les effets diminuent rapidement vers le sud et vers l'ouest. Las Bela enregistre en moyenne plus de 50 mm de précipitations en juillet ; mais Nokkundi, pendant vingt ans, n'a pas reçu de pluies d'été.

      Il n'est donc pas étonnant que cette région soit le domaine de l' agriculture irriguée et de l'élevage semi-nomade. L'aménagement le plus important est celui du bassin de Peshawar, où la rivière de Kaboul est fortement mise à contribution et où la construction du barrage de Warzak a régularisé les apports d'eau. Ailleurs, les techniques sont plus élémentaires et plus ponctuelles. La plus caractéristique est celle du captage de nappes souterraines dans les matériaux de piémonts par un système de galeries (karez), dont la pente est inférieure à celle de la nappe et permet son exploitation. Ces karez sont creusés à partir de puits très nombreux, dont les alignements sont une marque typique du paysage aménagé.

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      Dans les oasis hautes, ombragées par des peupliers, les arbres fruitiers tempérés fournissent la production essentielle ; sous les arbres, blé et pommes de terre sont les cultures dominantes. Dans les oasis basses, les palmiers-dattiers remplacent les peupliers, et les millets sont les principales céréales cultivées.

      Des éleveurs surtout semi-nomades utilisent les maigres pâturages des steppes ; ils cultivent la terre dans le haut pays et vont hiverner avec leurs troupeaux de chèvres et de moutons à queue grasse sur les marges des plaines de l'Indus.

      Marche frontière, cette région montagneuse est peuplée de groupes humains qui ont gardé une solide organisation tribale et qui se retrouvent de part et d'autre des frontières iranienne et afghane, tels les Béloutches au sud et les Pathans (ou Pachtous) au nord. Il existe d'ailleurs chez ces derniers un certain nombre de mouvements autonomistes qui furent souvent encouragés par le gouvernement de Kaboul, ce qui créa des difficultés entre l'Afghanistan et le Pakistan.

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      Deux grandes voies de passage traversent cette région : celle qui relie l'Indus à Kandahar par la passe de Bolan et Quetta et celle qui emprunte la passe de Khyber au nord. Le long de ces voies s'élèvent les deux seules villes importantes de la contrée, Quetta (836 000 hab. en 2010) et Peshawar (1,4 million hab.). La voie ferrée du Sud a permis l'exploitation de ressources minérales : pétroles, chromite et soufre.

      On comprend donc que ces confins soient devenus une zone sensible aux relations souvent tendues entre le Pakistan et l'Afghanistan, et à l'évolution récente de ce dernier pays. Les montagnes sont occupées par la guérilla et servent de passage aux combattants, tandis que de très nombreux réfugiés afghans sont venus s'installer en bordure des plaines, souvent avec leurs troupeaux. Leur présence pose parfois des problèmes de coexistence avec les populations locales.

      Le Pendjab

      Le Pakistan inclut la plus grande partie (180 000 km2) de la province du Pendjab. Il s'agit morphologiquement d'un immense piémont construit par l'Indus et ses quatre affluents de la rive gauche : d'ouest en est, la Jhelum, la Chenab, la Ravi et la Sutlej. Ces puissantes rivières délimitent des doāben pente assez forte vers le sud-ouest. Les sols, limoneux ou légèrement caillouteux, sont relativement favorables à la culture ; cependant, en raison de la sécheresse, la richesse du Pendjab est essentiellement une création humaine. Certes, il y a bien une bande arrosée en bordure de l'Himalaya, mais les quantités précipitées diminuent rapidement quand on s'éloigne de la montagne. Ainsi, s'il tombe une tranche d'eau de 855 mm à Rawalpindi, celle-ci n'est plus que de 500 mm à Lahore et de 200 à 300 mm dans les parties basses ; ce n'est guère, si l'on songe à l'importance de l'évaporation. En effet, après un hiver aux nuits froides (moyenne nocturne de Lahore : 4,4 0C en janvier) mais aux journées chaudes (moyenne diurne de Lahore : 20 0C en janvier) commence en mars une saison très chaude et sèche ; en juin, les maximums moyens de Lahore sont de 41 0C et le rafraîchissement nocturne est peu marqué (moyenne de 26 0C). Pendant la saison des pluies, les températures diurnes ne s'abaissent que faiblement.

      Aussi n'est-il pas étonnant que le Pendjab ait été une région médiocrement peuplée avant les grands travaux d'aménagement de la fin du xixe siècle. L'idée d'utiliser les eaux des rivières himalayennes est ancienne, mais les réalisations étaient restées jusque-là limitées. À partir des années 1860-1880, les ingénieurs britanniques effectuèrent un aménagement d'ensemble de la région qui l'a profondément transformée. On a d'abord multiplié les canaux d'inondation, qui étalent sur de vastes surfaces du piémont les hautes eaux estivales des cours d'eau ; puis, la construction d'ouvrages assez considérables pour élever le plan d'eau a permis de rendre pérenne l'écoulement dans une grande partie de ces canaux, donc de disposer d'eau en hiver comme en été. Grâce à ces travaux, une véritable colonisation agricole du Pendjab a pu être accomplie. Les cultures d'hiver (cultures rabi) portent essentiellement sur le blé et le gram, une légumineuse riche en protéines, tandis qu'en été l'on cultive un peu de riz, des millets et du maïs. La culture de la canne à sucre et du coton est également importante. La population a été installée sur des lots géométriques, relativement grands (de l'ordre de 10 ha), et elle a augmenté très rapidement. Ainsi, dans le district de Faisalabad (anc. Lyallpur), la densité de population est passée de 7 hab./km2 en 1891 à 293 hab./km2 en 1961 et à 922 hab./km2 selon le recensement de 1998. De plus, l'accaparement de la terre par des intermédiaires a été sensiblement plus faible au Pendjab qu'ailleurs, si bien que la région apparaît comme une zone plutôt prospère.

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      Sur les marges orientales, la mise en valeur a cependant été retardée. Il a fallu attendre les années soixante pour que l'irrigation du doābentre la Jhelum et l'Indus soit entreprise, notamment avec la construction du barrage Jinnah près de Kalabagh.

      La forte densité de population, la modernisation de l'économie agricole, le passage dans le nord de la grande voie vers l'est qui prolonge celle de la plaine du Gange, tout cela explique que le Pendjab soit une région urbanisée et industrialisée. Il n'est guère de ville qui ne possède d'industries de transformation, et le Pendjab est la seconde région industrielle du Pakistan après Karachi. Deux villes émergent nettement : Lahore et Rawalpindi. Lahore, vieille capitale historique à l'architecture prestigieuse, groupait près de 7 millions d'habitants en 2010 ; sa proximité de la frontière indienne a cependant empêché qu'elle devienne la capitale du Pakistan. Cette fonction est, depuis 1967, dévolue à une ville nouvelle, Islamabad (plus de 850 000 hab.), à quelques kilomètres de Rawalpindi (2 millions hab. en 2010), au croisement de la voie est-ouest (Great Trunk Road) et de la route de pénétration vers le Cachemire par la Jhelum.

      Au moment de la partition, le Pendjab a été le théâtre de conflits sanglants : il a vu partir les Sikhs et affluer des réfugiés souvent très pauvres. De plus, l'alimentation en eau des canaux a été menacée, jusqu'à ce que le conflit soit résolu par le traité sur les eaux de l'Indus.

      Le Sind et Karachi

      La basse plaine et le delta de l'Indus seraient un désert sans l'irrigation à partir du fleuve. En effet, le climat est sec et très chaud et la pluviosité est partout inférieure à 300 mm, parfois à 100. Les températures de l'été sont parmi les plus élevées du globe : à Jacobabad, la moyenne des maximums de juin est de 45,5 0C et elle reste de 30 0C pour les températures nocturnes.

      On comprend donc que la seule partie vraiment active de la région soit l'énorme zone irriguée de 40 000 km2 qui a été créée grâce à l'Indus, par la construction des ouvrages de dérivation importants de Sukkur, Gudu et Ghulam Mohamad. L'agriculture est fondée sur le riz, les millets et, principalement, le coton en culture d'été et le blé en culture d'hiver. La répartition de la propriété est très inégale. Les métayers au tiers cultivant la terre de grands propriétaires sont extrêmement nombreux et assez misérables. La réforme agraire, tardive, qui a été tentée limite à 60 ha la propriété en régions irriguées, chiffre considérable pour le sous-continent indien (la limite a été fixée à 20 ha au Pendjab).

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      Karachi, établi sur la mer d'Oman, est le port du Pakistan. La ville a profité de l'importance de la culture du coton dans son arrière-pays, et surtout de la fonction de capitale qui a été la sienne de 1947 à 1959. De 360 000 habitants en 1941, sa population a crû très vite pour atteindre 13 millions d'habitants en 2010. Karachi a fait l'objet d'une concentration remarquable d'investissements de l'État pakistanais : bien que la ville ne rassemble que 7,2 % de la population du pays, elle a bénéficié entre 1955 et 1960 de plus de 50 % des investissements pour le logement et l'adduction d'eau. Karachi est donc non seulement un port actif, mais aussi le premier centre industriel et financier du Pakistan. Le textile (coton) y joue un rôle important, ainsi que de multiples industries de transformation liées au port et aux capitaux. Un feeder amène le gaz naturel de Sui, résolvant le problème de l'énergie. La ville, qui n'a guère de passé et a connu un développement rapide, est sans grand charme et le climat y est très dur.

      — François DURAND-DASTÈS

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      Écrit par

      • : professeur à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
      • : professeur honoraire des Instituts universitaires de hautes études internationales et d'études du développement, Genève (Suisse)
      • : directeur de recherche au CNRS, Centre d'études et de recherches internationales-Sciences Po
      • : professeur titulaire de la faculté des sciences de l'université de Picardie
      • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

      Classification

      Médias

      Pakistan : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Pakistan : carte physique

      Pakistan : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Pakistan : drapeau

      Chaîne béloutche : structure - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Chaîne béloutche : structure

      Autres références

      • INDÉPENDANCE DE L'INDE ET DU PAKISTAN

        • Écrit par
        • 211 mots
        • 2 médias

        En juillet 1947, le Parlement britannique vote l'Indian Independance Bill, qui entre en vigueur le 15 août. Les anciennes Indes britanniques deviennent indépendantes et, conformément aux vœux de la Ligue musulmane de Muhammad Ali Jinnah, elles sont séparées en deux États distincts :...

      • PAKISTAN, chronologie contemporaine

        • Écrit par Universalis
      • AFGHANISTAN

        • Écrit par , , , , , , et
        • 37 323 mots
        • 19 médias
        ...le plan de la politique étrangère que des changements significatifs eurent lieu. Après le départ des Anglais du sous-continent indien et la formation du Pakistan en 1947, le gouvernement afghan, alléguant des raisons historiques et ethniques, réclama pour les habitants de la province de la Frontière du...
      • ASIE (Géographie humaine et régionale) - Dynamiques régionales

        • Écrit par , , , et
        • 24 799 mots
        • 10 médias
        ...l'hindouisme et celui du bouddhisme qui, pour l'essentiel, s'est ensuite diffusé loin d'elle. Sur ses flancs, la partition de 1947 a donné naissance à un Pakistan musulman et bicéphale, dont la partie orientale a fait sécession en 1971 pour devenir le Bangladesh. Au nord, les États himalayens du ...
      • AYOUB KHAN MOHAMMED (1907-1974)

        • Écrit par
        • 735 mots

        Chef de l'État du Pakistan pendant onze ans, de 1958 à 1969, le maréchal Mohammed Ayoub Khan (Muhammad Ayyūb khān) est né à Rehana, village pathan de l'actuelle province pakistanaise de la frontière du Nord-Ouest. Traditionnellement, la population de cette région a donné de nombreux soldats à...

      • BANGLADESH

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        ...mondiale, la Ligue musulmane joue un rôle clé dans la diffusion de la « théorie des deux nations » promouvant un État spécifique pour les Indiens musulmans. Ainsi, en 1947, deux États voient le jour : l’Inde et le Pakistan. Le Bengale est également scindé en deux : alors que le Bengale occidental reste indien,...
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