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XINJIANG [SIN-KIANG]ou TURKESTAN CHINOIS

Histoire

Sous le contrôle de l'Empire chinois

La dynastie Han, qui envoya dans cette région les armées du général Pan Chao, y établit en 91 après J.-C. le contrôle chinois sur le bassin du Tarim (Kachgar, Kotan...). Ces postes furent évacués par la suite, devant les offensives des Huns. La dynastie Tang effectua au viie siècle la reconquête de cette région, où s'était installé un peuple turc, les Ouïgours (Uigur). Les Chinois y établirent les « quatre garnisons » ; l'Empire chinois s'étendait jusqu'au lac Balkach et jusqu'à Samarkand. Cependant, les conquérants arabes, au siècle suivant, battirent les Chinois à Talas (751), ouvrant la voie à l'islamisation des Ouïgours, jusque-là nestoriens. Pour longtemps, le pouvoir chinois était rejeté à l'est, au profit de principautés turques autonomes. Les relations du Xinjiang avec la Chine se bornaient désormais au commerce, au passage des caravanes de la «  route de la soie », aux contacts religieux aussi ; l'islam, depuis les oasis du Tarim, pénétra peu à peu dans tout le nord-ouest de la Chine, jusqu'au Gansu et au Shǎnxi.

Au xviie siècle, cette région passa sous l'autorité de tribus mongoles, les Eleuthes, les Dzoungares, contre lesquelles l'empereur Qianlong prit l'offensive. Les Dzoungares furent exterminés après plusieurs campagnes sévères (1755-1757). La région, désormais nommée « nouveaux territoires » (xin jiang), passait définitivement sous le contrôle de l'Empire chinois, qui s'étendait alors jusqu'aux districts de l'Ili, loin à l'ouest de l'Altaï.

Les peuples autochtones islamisés (Ouïgours, Kazakhs, Kirghiz, Tadjiks – dont beaucoup appartenaient à des groupes ethniques présents aussi de l'autre côté de la frontière, dans la région qui allait devenir au xixe siècle le Turkestan russe) devaient cohabiter désormais avec des émigrants chinois, temporaires ou définitifs : des officiers et sous-officiers en garnison ; des marchands venus échanger le thé, les cotonnades, les soieries contre les chevaux des steppes (ils étaient également usuriers) ; des bannis (pour crime de droit commun, et aussi pour dissidence politique ou idéologique) ; des paysans enfin, qui progressent constamment à partir du « corridor du Gansu ». Mais cette implantation chinoise resta longtemps très minoritaire. L'autorité chinoise se bornait à la présence militaire et à la suzeraineté sur des chefs féodaux locaux, les beg, investis par Pékin. De la capitale à Kachgar, les courriers de la poste impériale mettaient six semaines par les relais de chevaux les plus rapides.

La révolte de Yakub-beg

L'autorité de la dynastie mandchoue était mal supportée par les Ouïgours. Les révoltes sont fréquentes dès le lendemain de la conquête (1758-1759, 1765). En 1825, un prince ouïgour, membre d'un clan réputé descendant de Mahomet, Jehangir, dirige un mouvement de sécession qui dure trois ans et entraîne les oasis de Kachgar et de Yarkand. En 1865, Yakub-beg, membre du même clan, prend la tête d'un soulèvement beaucoup plus important par sa durée, son ampleur, ses implications internationales.

Yakub-beg était soutenu non seulement par l'aristocratie féodale locale, mais par tout le mouvement populaire ouïgour, dressé contre l'autorité impériale et ses pratiques répressives ; il bénéficiait aussi de l'appui d'une secte musulmane, la « Montagne blanche ». Vers 1873, il était maître des oasis au sud des monts Tianshan et de tout le bassin du Tarim. Il avait envoyé une mission auprès du sultan de Constantinople, qui lui avait conféré une sorte d'investiture en tant que « prince de Kachgarie ». Il était également en relation avec les autorités britanniques de l'Inde, qui lui avaient envoyé une mission quasi officielle en 1870 (Forsyth) et avaient signé avec lui un traité commercial en[...]

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Écrit par

  • : chercheur de troisième cycle à l'université de Paris-VII
  • : professeur des Universités, Institut national des langues et civilisations orientales
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Évelyne COHEN, Universalis et Pierre TROLLIET. XINJIANG [SIN-KIANG] ou TURKESTAN CHINOIS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Chine : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Chine : carte administrative

Soldats sur la frontière sino-soviétique - crédits : Sovfoto/ Universal Images Group/ Getty Images

Soldats sur la frontière sino-soviétique

Autres références

  • CHINE - Cadre naturel

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    • 5 861 mots
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    La région autonome duXinjiang, la partie orientale de l'Asie centrale, d'une superficie de 1 600 000 km2, est composée de deux grands bassins, entre 800 et 1 300 mètres d'altitude, qui sont séparés par les Tianshan d'orientation ouest-est, entre 3 000 et 5 000 mètres. Il s'agit : du...
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Voir aussi