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UPANIṢAD

Problèmes de datation

Sur la date des upaniṣad, on ne peut rien avancer de certain, si ce n'est que les plus anciennes doivent être contemporaines de la formation du bouddhisme, mais il est impossible de dire si elles l'ont ou non précédé. Il s'agirait donc des environs du vie siècle avant notre ère. Par la suite, le genre s'est maintenu pendant deux millénaires, puisqu'on a composé des upaniṣad jusqu'au xvie siècle.

Certaines listes citent les noms de cent huit upaniṣad ; mais 108, comme 18, est un nombre traditionnel que l'on rencontre à travers toute la littérature sanskrite : chiffre connu pour un chiffre inconnu ; en fait, le nombre est beaucoup plus élevé. À basse époque, on a même rassemblé, sous des titres qui souvent marquent une appartenance sectaire, des textes d'inspiration diverse : yoga upaniṣad, śaiva upaniṣad, vaiṣṇava upaniṣad, sannyāsa upaniṣad ; d'autres encore.

Toutefois, il est d'usage de reconnaître douze, treize, parfois quatorze upaniṣad comme « védiques » ; ce qui n'exclut pas l'ancienneté de quelques petits textes, dont les résonances sont encore archaïsantes, tant dans la pensée que dans l'expression. Ṡaṅkara, le grand réformateur védāntin des viiie-ixe siècles, n'en a commenté que douze, ce qui confère à celles-ci une autorité supplémentaire. Bien des listes s'en tiennent à ce témoignage : les premières en date, en prose incidemment mêlée de vers, sont aussi les plus longues (Bṛhad āraṇyaka et Chāndogya) ; elles doivent être de peu antérieures à la Kauṣītaki, à l'Aitareya et à la Taittirīya, qui sont de moindre étendue, ainsi qu'à la fort courte Kena. Toutes présentent le caractère commun de faire partie intégrante d'un brāhmaṇa, d'un āraṇyaka, voire d'une saṃhitā, ce qui les relie étroitement aux textes précédents de la Śruti.

On trouve ensuite un groupe d'upaniṣad versifiées, qui sont moins anciennes ; pourtant, l'Ī⋅ā, que Śaṅkara donne en premier dans ses commentaires, présente des traits archaïsants. La Kaṭha fait état de notions plus récentes, mais, tandis que l'Ī⋅ā se raccordait encore directement à une saṃhitā, déjà la Kaṭha expose des idées qui s'écartent de la position védique. Ce sera également le cas de la Ṡvetāśvatara, qui doit renfermer des passages de plusieurs époques, et de la Muṇḍaka. Cette dernière – comme la Praśna, qui est moitié en vers moitié en prose – se réclame du quatrième Veda, l'Atharva, dont la récitation n'a jamais fait partie du sacrifice védique.

Une autre upaniṣad, en prose celle-ci, la Māṇdukya, est tenue pour plus récente ; ainsi que la Maitrī, que n'a pas commentée Śaṅkara. Ce dernier a aussi laissé de côté la Mahānārāyaṇa, en majorité versifiée, qui traite de l'intériorisation du sacrifice traditionnel.

On pense ordinairement que la date la plus basse de ces upaniṣad dites védiques se situe vers le iiie siècle avant notre ère. Cependant, certaines parties des plus récentes sont peut-êtres postérieures, car elles trahissent une attitude religieuse plus moderne.

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Écrit par

  • : directeur d'études honoraire à l'École pratique des hautes études (Ve section)

Classification

Pour citer cet article

Anne-Marie ESNOUL. UPANIṢAD [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ADVAITA

    • Écrit par Jean FILLIOZAT
    • 1 551 mots
    La doctrine de l'unicité de l'Être universel et de l'identité de soi-même avec cet Être est évoquée par les Upaniṣad, textes fondamentaux de la philosophie brahmanique. Elle est condensée dans une suite d'aphorismes, les Brahmasūtra de Bādarāyaṇa (iiie siècle après J.-C.). Elle est...
  • ANQUETIL-DUPERRON ABRAHAM HYACINTHE (1731-1805)

    • Écrit par Jean VARENNE
    • 865 mots

    Orientaliste français qui révéla à l'Europe les livres sacrés du zoroastrisme et de l'hindouisme. La curiosité des Européens pour les civilisations anciennes d'Orient (Perse, Inde...) date des premières découvertes de Marco Polo et de Vasco de Gama ; accrue au cours des siècles,...

  • ĀRAṆYAKA

    • Écrit par Jean VARENNE
    • 452 mots

    Mot sanskrit qui veut dire « forestier » et qui, au pluriel, désigne une classe de textes védiques, en prose ou en vers, destinés à l'enseignement de rites secrets et à l'herméneutique de cette liturgie marginale. Souvent d'ailleurs, le rituel est supposé connu, et les spéculations théologiques y...

  • ĀTMAN

    • Écrit par Michel HULIN
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    Le terme ātman est présent dès le Ṛg-Veda, où il désigne une sorte de principe de vie supérieur aux autres éléments constitutifs de la personne – sens, organes spécialisés, membres – et coordonnant leur activité. Dans les couches plus récentes de la littérature védique – les ...

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Voir aussi