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UPANIṢAD

Les upaniṣad védiques

La Bṛhad āraṇyaka et la Chāndogya appartiennent donc à la même strate de textes, sans qu'on puisse avec certitude attribuer la priorité à l'une ou à l'autre. Toutes deux, fort longues, doivent avoir été composées de fragments conçus séparément mais provenant des mêmes cercles védiques. La Bṛhad āraṇyaka, la « Grande Upaniṣad forestière », se rattache aux écoles du Yajurveda blanc ; elle forme les six chapitres de conclusion du dernier livre du Śatapatha brāhmaṇa. Quant à la Chāndogya, elle se présente d'abord comme une sorte de manuel des chantres (chandoga) du Veda ; ses huit chapitres font partie du Sāmaveda.

L'une et l'autre upaniṣad s'adonnent aux spéculations d'ordre liturgique, livrant, chemin faisant, des enseignements sur les détails du rituel. Elles entrecoupent le tout de récits légendaires, d'étymologies traditionnelles et de joutes philosophiques entre différents maîtres. Car elles citent des maîtres védiques, attestés aussi dans les brāhmaṇa. Le cœur même de la Bṛhad āraṇyaka est l'enseignement donné par le plus célèbre d'entre eux, Yājñavalkya, dont les doctrines contiennent en germe le monisme idéaliste, tel que l'a défendu Śaṅkara.

La Kauṣītaki, probablement postérieure de peu aux deux autres, relève des écoles du Ṛg̣veda ; elle appartient à l'āraṇyaka dit tantôt Kauṣītaki, tantôt Ṡāṅkhāyana – deux noms du même docteur védique. Son enseignement, qui se rapproche sur bien des points de celui de la Bṛhad āraṇyaka, est mis en partie dans la bouche de maîtres qui y étaient cités aussi. Les théories sur le souffle (prāṇa) jouent un rôle essentiel dans les trois upaniṣad.

L'Aitareya, qui appartient également au cycle ṛgvédique, fait partie de l'āraṇyaka de cette école, dont elle représente les chapitres iv, v et vi. Son nom serait celui de son auteur, Mahidāsa Aitareya. Elle expose la création du monde par l'ātman et la nature panthéistique de ce dernier.

La Taittirīya appartient au Yajurveda noir ; comme l'Aitareya, son nom provient de l'auteur présumé de l'école ; elle s'insère aussi dans son āraṇyaka et en constituerait les chapitres vii, viii et ix. Les doctrines sont réparties en trois sections, appelées vallī (liane). En réalité, seules les vallī 2 et 3 constituent des textes upaniṣadiques ; la première vallī n'est qu'une introduction où s'étalent des spéculations d'ordre phonétique.

Quant à la Kena, elle se compose de quatre sections (deux en vers, deux en prose), ce qui, en dépit de son peu d'étendue, pourrait faire supposer que ces deux parties, de forme différente, ont été rassemblées ultérieurement. Les sections en vers étudient le brahman en liaison avec une amorce de théorie de la connaissance. Les sections en prose présentent un apologue concernant la nature du brahman, qui apparaît là comme énergie universelle. Le nom de cette upaniṣad vient de l'interrogation initiale : kena, « par qui ? ». Comme la Chāndogya, elle appartient à la tradition du Sāmaveda, mais à une école différente.

On considère les upaniṣad métriques comme plus récentes, à l'exception peut-être de l'Īśā, ou Īśāvāsya, qui dépend directement du cycle du Yajurveda blanc, car elle forme le dernier chapitre de la Vājasaneyi saṃhitā ; très brève – elle ne comporte que dix-sept vers –, elle se trouve, avec la Bṛhad āraṇyaka, à peu près dans le même rapport que la Kena avec la Chāndogya. Comme la Kena aussi, elle tire son nom du premier mot (ou du premier composé, si l'on dit Īśāvāsya) du texte lui-même. Īśā est le Seigneur ; Īśāvāsya, « ce qui est revêtu du Seigneur », c'est-à-dire l'univers, tout ce qui existe, ou, pour parler comme les upaniṣad, «[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études honoraire à l'École pratique des hautes études (Ve section)

Classification

Pour citer cet article

Anne-Marie ESNOUL. UPANIṢAD [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ADVAITA

    • Écrit par Jean FILLIOZAT
    • 1 551 mots
    La doctrine de l'unicité de l'Être universel et de l'identité de soi-même avec cet Être est évoquée par les Upaniṣad, textes fondamentaux de la philosophie brahmanique. Elle est condensée dans une suite d'aphorismes, les Brahmasūtra de Bādarāyaṇa (iiie siècle après J.-C.). Elle est...
  • ANQUETIL-DUPERRON ABRAHAM HYACINTHE (1731-1805)

    • Écrit par Jean VARENNE
    • 865 mots

    Orientaliste français qui révéla à l'Europe les livres sacrés du zoroastrisme et de l'hindouisme. La curiosité des Européens pour les civilisations anciennes d'Orient (Perse, Inde...) date des premières découvertes de Marco Polo et de Vasco de Gama ; accrue au cours des siècles,...

  • ĀRAṆYAKA

    • Écrit par Jean VARENNE
    • 452 mots

    Mot sanskrit qui veut dire « forestier » et qui, au pluriel, désigne une classe de textes védiques, en prose ou en vers, destinés à l'enseignement de rites secrets et à l'herméneutique de cette liturgie marginale. Souvent d'ailleurs, le rituel est supposé connu, et les spéculations théologiques y...

  • ĀTMAN

    • Écrit par Michel HULIN
    • 879 mots

    Le terme ātman est présent dès le Ṛg-Veda, où il désigne une sorte de principe de vie supérieur aux autres éléments constitutifs de la personne – sens, organes spécialisés, membres – et coordonnant leur activité. Dans les couches plus récentes de la littérature védique – les ...

  • Afficher les 16 références

Voir aussi