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TCHAD

Nom officiel

République du Tchad (TD)

    Chef de l'État et du gouvernement

    Mahamat Idriss Déby (président du Conseil militaire de transition entre le 20 avril 2021 et le 10 octobre 2022, président de transition depuis lors). Premier ministre : Succès Masra (depuis le 1er 2024)

      Capitale

      N'Djamena

        Langues officielles

        Arabe, français

          Unité monétaire

          Franc CFA

            Population (estim.) 19 094 000 (2024)
              Superficie 1 284 000 km²

                Une histoire mouvementée

                L'époque précoloniale

                L'histoire, mal connue, du bassin tchadien est celle de l'adaptation des hommes à l'aridification de la région. Au début, des cultures de chasseurs paléolithiques s'épanouissent et laissent de nombreuses œuvres pariétales. Cette tradition rupestre se maintient chez les pasteurs néolithiques et s'éteint après l'introduction du dromadaire, vers 400 après J.-C.

                Dans le bassin tchadien, des céramiques de l'Aïr (Niger), datées de 8000 avant J.-C., sont parmi les plus anciennes de l'humanité. L'agriculture est attestée vers 6000 avant J.-C. et serait apparue chez les pêcheurs des rives de la mer paléotchadienne en voie d'assèchement.

                Vers 3000 avant J.-C., le bœuf apparaît au Tibesti et vers 750 avant J.-C. au sud du lac Tchad. Vers cette époque, au nord du lac Tchad, les cultures qui donneront le fer sont déjà en place (le fer est attesté en 300 apr. J.-C. dans un contexte archéologique beaucoup plus ancien).

                Il semble que l'élevage du cheval se développe au début de notre ère, précédant de deux ou trois siècles celui du dromadaire. Si le cheval n'eut qu'un usage militaire et de prestige, le dromadaire permit la reprise des relations transsahariennes interrompues depuis des siècles par l'assèchement du Sahara.

                Autour des deux grands axes fluviaux que sont au nord le Bahr el-Ghazal et au sud le réseau Chari-Logone, deux ensembles culturels naissent vers le ve siècle après J.-C. : les cultures « haddadiennes » (terminologie de Françoise Claustre), et, au sud, les cultures « sao », célèbres pour leurs céramiques et leurs bronzes.

                Les gens des cultures haddadiennes et les agro-pasteurs du Nord, ancêtres des locuteurs des langues est-sahariennes, semblent avoir fondé l'État du Kanem vers le viie siècle. Les Sao, ensembles de pêcheurs et d'agro-pasteurs vivant sur buttes, sans doute de langues tchadiques, avaient un mode de vie aquatique. On en retrouve les traces dans la vallée du Batha et au nord du Guéra et, en amont de leur confluent, le long du Logone et du Chari. Les Sao sont assimilés par les Kotoko et les Kanouri après le xvie siècle.

                À partir du viie siècle, l'expansion musulmane le long de la Méditerranée et du Nil relance le commerce entre le Moyen-Orient et le Sahel. Dans ce contexte, une chefferie émerge qui fonde l'Empire du Kanem. Aux hautes époques, cet État était situé entre le Kawar et le Borkou. Les rois (maï) s'islamisèrent au xie siècle, mais ce n'est qu'au xiiie siècle que le roi Dounama détruisit l'objet sacré autour duquel se structurait la religion préislamique. Selon les chroniques, cet événement entraîna des guerres civiles, des révoltes de Toubous et de Sao et, vers 1385, les maï et leur suite durent fuir vers leur province du Borno (au nord-est de l'actuel Nigeria), devant l'insurrection des Bilala.

                Le xve siècle et une partie du xvie voient le repli des maï sur leur cité de Birni Gazergomo, la domination des cités bilala sur le Kanem, la suprématie des chefferies tounjour sur les Dadjo du Ouaddaï et du Dar For et la structuration du royaume du Baguirmi, autour de Massénya.

                Le Borno renaît vers 1564 avec le maï Idris dit Alaoma, qui impose tribut aux Touaregs de l'Aïr, aux cités haoussas, aux Bilala du Kanem, fortifie le Kawar et y implante des colonies kanouri, et noue des relations avec l'Empire ottoman. Vers cette époque, Abd el-Kérim Ibn Djaamé, à la tête d'une révolte de Maba et d'Arabes, chasse les Tounjour et fonde l'actuelle dynastie du Ouaddaï.

                Le xviie siècle voit l'expansion du Baguirmi. Les rois (mbang) de Massénya s'imposent aux cités du Chari et du Logone, aux gens de l'ouest du Guéra, aux chefferies du lac Fitri et, sous Borkoumanda, contrôlent le Bahr el-Ghazal et la piste du Kawar. Le Borno,[...]

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                Écrit par

                • : doctorante en science politique à Sciences Po, (Paris, attachée temporaire d'enseignement et de recherche à l'université de Paris-I-Sorbonne
                • : maître de conférences d'histoire des institutions
                • : doctorante en anthropologie et sciences politiques à l'université de Genève (Suisse) et à l'École des hautes études en sciences sociales, Paris
                • : doctorat ès lettres et sciences humaines, professeur honoraire, université de Paris-Panthéon-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences d'outre-mer
                • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

                Classification

                Pour citer cet article

                Marielle DEBOS, Universalis, Jean-Pierre MAGNANT, Cécile PETITDEMANGE et Roland POURTIER. TCHAD [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

                Médias

                Tchad : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Tchad : carte physique

                Tchad : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Tchad : drapeau

                Tchad : découpage administratif - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Tchad : découpage administratif

                Autres références

                • TCHAD, chronologie contemporaine

                  • Écrit par Universalis
                • AFRIQUE-ÉQUATORIALE FRANÇAISE (A-ÉF)

                  • Écrit par Alfred FIERRO
                  • 500 mots

                  Jusqu'en 1883, les possessions françaises d'Afrique équatoriale ont été administrées par un officier de marine portant le titre de commandant supérieur des Établissements français du golfe de Guinée. Le 16 décembre 1883, l'administration du Gabon est détachée de celle...

                • BAGUIRMI ROYAUME DU

                  • Écrit par Alfred FIERRO
                  • 386 mots

                  La fondation du royaume du Baguirmi entre le lac Tchad et le Chari se situe vers la fin du xvie siècle. Selon la tradition, un groupe de chasseurs kinga, sous la conduite de Birni Mbese ou de Dokkenge, aurait fondé Massenya et obligé les populations de la région à rejeter la domination des Bilala....

                • BOKO HARAM

                  • Écrit par Universalis
                  • 1 379 mots
                  ...territoires, et ne peuvent que constater l’incapacité de l’État nigérian à régler la situation. Les incursions de Boko Haram au Cameroun, au Niger et au Tchad, son offensive contre la ville frontalière nigériane de Baga, au bord du lac Tchad en janvier 2015, aboutissent finalement à la constitution d’une...
                • BORNOU

                  • Écrit par Martin VERLET
                  • 2 591 mots
                  Les récits légendaires, que corrobore l'histoire, font remonter l'empire bornouan à l'ancien royaume du Kanem qui se formadans les régions nord et nord-est du Tchad. Comme de nombreux peuples d'Afrique occidentale (les Yoruba, les Peuls du Fouta-Djalon), les Kanouri se donnent une origine...
                • Afficher les 26 références

                Voir aussi