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BAGUIRMI ROYAUME DU

La fondation du royaume du Baguirmi entre le lac Tchad et le Chari se situe vers la fin du xvie siècle. Selon la tradition, un groupe de chasseurs kinga, sous la conduite de Birni Mbese ou de Dokkenge, aurait fondé Massenya et obligé les populations de la région à rejeter la domination des Bilala. Une autre tradition attribue la création du Baguirmi à des Peul originaires du Fouta Toro. Une dernière tradition prétend que le Baguirmi aurait été l'œuvre de neuf frères venus de Njimi, au Kanem.

Quelle que soit la réalité, les Kinga ont certainement joué un rôle primordial, car ils ont toujours joui d'un prestige particulier à la cour de Massenya. Le pays se serait converti à l'islam entre 1620 et 1630.

Vassal du Bornou, le Baguirmi connaît une grande prospérité au xviiie siècle, grâce au commerce des esclaves que lui procurent d'incessantes expéditions chez les populations animistes du Sud. Mais dès le début du xixe siècle commence le déclin du royaume, entouré de deux puissants voisins, le Bornou et le Ouaddaï, qui se disputent la suzeraineté du Baguirmi. De 1815 (date du premier pillage de Massenya) à 1835, le Baguirmi est ravagé tous les ans par les Ouaddaïens et les Bornouans. Le sultan en est réduit à payer un double tribut particulièrement lourd au Ouaddaï et au Bornou. L'arrivée de Rabah et la destruction de Massenya en 1894 achèvent de ruiner le pays. En 1897, le sultan Abd er Rhamane Gaourang II se place sous le protectorat français. Mais, à partir de 1915, le régime d'administration directe est appliqué au Baguirmi, et le sultan perd presque tous ses pouvoirs.

Le Baguirmi aurait compté, lors du passage de l'explorateur allemand Heinrich Barth, en 1850, 1 500 000 habitants, installés sur un territoire s'étendant sur 100 kilomètres du nord au sud et sur 60 kilomètres d'est en ouest. Au centre du pays, la capitale Massenya aurait compté quelque 25 000 habitants ; ceux-ci n'étaient plus que 10 000 en 1900. Actuellement, l'ancienne capitale compte un millier de personnes environ. Les Baguirmiens proprement dits, ou Barma, sont très minoritaires, même dans le district de Massenya.

— Alfred FIERRO

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Écrit par

  • : archiviste-paléographe, conservateur à la Bibliothèque nationale

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