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TCHAD LAC

Véritable mer intérieure située à une altitude de 281 mètres, le lac Tchad s'étend aux confins de quatre États : le Tchad, le Niger, le Nigeria et le Cameroun.

On estime qu'au Paléolithique le lac Tchad occupait toute la partie sud-est du Sahara, soit 315 000 kilomètres carrés. Depuis lors, il a dû connaître deux périodes d'assèchement et de remplissage, avant de prendre sa configuration actuelle. Sa superficie varie de 10 000 à 25 000 kilomètres carrés, sa profondeur de 1 ou 3 mètres à 7 mètres (minima en juillet, maxima en décembre). Ces variations sont fonction des crues du Chari et du Logone ; ces deux fleuves drainent les eaux des pluies tropicales des contrées méridionales et fournissent à eux seuls, par un delta commun, 75 p. 100 des apports fluviaux. Venant de l'ouest, la Yobé est négligeable en dehors des périodes de crue. Au nord-est, le sillon du Soro (ou Bahr el-Ghazal) évacue, en fonction du niveau du lac, une partie des eaux vers le Djourab.

Les précipitations sont faibles (de l'ordre de 200 à 400 mm par an) ; elles diminuent vers le nord et sont en général concentrées sur vingt-cinq jours ; la saison sèche s'étend d'avril à juillet et celle des pluies de juillet à octobre. Ces variations tendent, par leurs conséquences (alluvionnement, intensification de l'évaporation), à faire du lac Tchad une dépression en voie de comblement, se transformant peu à peu en un immense marécage : en effet, il est encombré de nombreuses îles, de bancs de vase, d'îlots de papyrus. Sauf aux embouchures du Chari et de la Yobé, les eaux sont légèrement saumâtres. Les oscillations de niveau et d'étendue entraînent une « dénatronisation » du lac ; le natron (carbonate de sodium naturel) se dépose sur les rives au moment du retrait des eaux.

Les îles et les abords du lac sont occupés par des populations assez diverses. Les Yédina, dénommés aussi Buduma (mangeurs de papyrus), et les Kouris vivent dans les îles, se déplacent en pirogue ou sur de petits radeaux de papyrus ; ils pratiquent un peu la pêche et surtout l'élevage des bovins. Les Kanembus vivent au nord-est du lac. Le royaume de Kanem s'étendait, au ixe siècle, sur une grande partie du Nigeria et de la confédération du Cameroun. Peuple musulman, les Kanembus sont essentiellement des éleveurs et, en cas de besoin, des agriculteurs sur les « polders » autour de Bol dans la république du Tchad.

La faune et la flore sont abondantes dans les zones inondables du Sud-Ouest ; on y trouve, entre autres, le situtunga, magnifique antilope des marais.

La république du Tchad a élaboré un plan de mise en valeur des polders dus à l'assèchement du lac sur lesquels sont cultivés, du nord au sud, le blé, le mil, le sorgho et le maïs. Le sol noirâtre est si fertile qu'il permet, dans certains cas, trois récoltes par an.

Depuis 1964, une Commission du bassin du Tchad associe les quatre États riverains. Cependant, les spécialistes en limnologie et en climatologie sont très pessimistes quant à l'avenir du lac, dont les dimensions en 2008 sont très modestes : de 30 à 40 kilomètres.

— Isabelle CRUCIFIX

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Pour citer cet article

Isabelle CRUCIFIX. TCHAD LAC [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par Roland POURTIER
    • 21 496 mots
    • 29 médias
    ...des nappes d'eau temporaires occupent le fond des bassins fermés ; certains de ces chotts se situent au-dessous du niveau de la mer. Au sud du Sahara, l'endoréisme concerne essentiellement le lac Tchad alimenté par le Logone et le Chari. La nappe d'eau actuelle n'est plus que le résidu d'un lac qui couvrait...
  • CAMEROUN

    • Écrit par Maurice ENGUELEGUELE, Universalis, Jean-Claude FROELICH, Roland POURTIER
    • 12 135 mots
    • 6 médias
    ...Cameroun appartient à la cuvette tchadienne ; un étroit corridor entre le fleuve Chari, limitrophe du Tchad, et la frontière nigériane débouche sur le lac Tchad. La végétation steppique annonce le Sahel. Des Arabes Choa, éleveurs de petit bétail, exploitent les maigres ressources pastorales. Les...
  • CHARI-LOGONE

    • Écrit par Marie-Christine AUBIN
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    Ce sont les deux principaux fleuves qui alimentent le lac Tchad. Le Chari prend sa source en République centrafricaine et arrose le Tchad. Il est formé d'une série de petites rivières : le Bamingui (où se trouve sa véritable source), le Gribingui, l'Ouham, ou Bạhr Sara, qui apporte...

  • SAHARA

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    • 8 médias
    ...limite orientale du désert pour se jeter dans la Méditerranée. De même, plusieurs fleuvent déversent leurs eaux, de plus en plus parcimonieusement, dans le lac Tchad, dans le sud du Sahara. Une partie des eaux du lac continuent leur route vers le nord-est, où elles rechargent les aquifères de la région. Enfin,...
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