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HUMANITÉ L'

La presse socialiste est née relativement tard et a toujours eu une vie difficile. Son essor date de la fin des années 1880. Le premier numéro de L'Humanité, présentée comme « journal socialiste », parut le 18 avril 1904. Au sein de sa rédaction figuraient notamment René Viviani, Aristide Briand, Jean Longuet et Albert Thomas ; le directeur politique était Jean Jaurès. Après l'unification du mouvement socialiste français en avril 1905 au sein de la SFIO, les autres courants firent leur entrée dans l'équipe du journal avec Jules Guesde, Paul Lafargue et Édouard Vaillant. Parmi les collaborateurs ont figuré quelques-unes des plus grandes signatures de l'époque : Tristan Bernard, Anatole France, Octave Mirbeau, Jules Renard. Organe de doctrine d'un haut niveau intellectuel, L'Humanité évolua et progressa parallèlement à la SFIO.

Avec la Première Guerre mondiale, L'Humanité, dirigée alors par Pierre Renaudel, est soumise aux vicissitudes du mouvement socialiste. Elle soutient le gouvernement Viviani. Mais le succès des minoritaires, lors du congrès d'octobre 1918, entraîne le remplacement de Renaudel par Marcel Cachin (qui devait rester le directeur du journal jusqu'à sa mort, en 1958). Les positions de L'Humanité sont alors combattues par Jean Longuet, petit-fils de Karl Marx, fondateur en mai 1916 du Populaire qui deviendra l'organe officiel de la SFIO.

En décembre 1920, à la suite de la scission au sein de la SFIO lors du congrès de Tours, L'Humanité, qui tire alors à environ 140 000 exemplaires, reste l'organe de la majorité et devient donc le quotidien du Parti communiste. Elle connaît néanmoins une période difficile, du fait notamment du départ de nombre de ses collaborateurs, et il faut attendre 1926 pour que son nouveau rédacteur en chef, Paul Vaillant-Couturier, redresse la situation. Dès lors, le journal est le strict porte-parole de la direction du parti, échappant même aux conflits qui ont pu diviser les responsables communistes. Son tirage augmente régulièrement en dépit des poursuites dont L'Humanité est l'objet. En juillet 1929 notamment, André Tardieu fait arrêter un certain nombre de dirigeants communistes, fait saisir le numéro du 1er août et, dans le dessein de provoquer la faillite du quotidien, met en liquidation la Banque ouvrière et paysanne. Des comités de défense de L'Humanité (CDH) sont aussitôt mis en place, qui, en trois mois de souscription, sauvent le titre ; devenus les comités de diffusion de L'Humanité, les CDH ont continué leur action.

Le 26 août 1939, le quotidien communiste est confisqué, et sa publication interdite. Le 26 octobre paraît le premier numéro clandestin ; 317 numéros paraîtront dans des conditions très difficiles pendant la guerre. Le 21 août 1944, le journal est diffusé à nouveau au grand jour. Il s'agit alors de s'adapter au nouveau contexte politique, et le quotidien sera à nouveau saisi plusieurs fois pendant les guerres d'Indochine et d'Algérie. Sous la direction d'Étienne Fajon (1958-1974) puis de Roland Leroy (jusqu'en 1994), il reste un journal porte-parole de la ligne du Parti communiste français, analysant la politique intérieure et extérieure, les événements internationaux, en termes d'opposition dialectique communisme/capitalisme. Il lui est souvent reproché d'aligner ses prises de position dans le sens d'un soutien systématique à la politique soviétique, même quand ses réactions ont été différentes ou critiques (événements de Tchécoslovaquie en 1968, invasion de l'Afghanistan en 1980, événements de Pologne en 1980-1981). De même, le quotidien, à l'image du PCF, reste au début très réservé vis-à-vis des réformes proposées par Mikhaïl Gorbatchev en URSS. Il n'atteint pas une audience très large ; la diffusion de [...]

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Écrit par

  • : directeur de la Revue politique et parlementaire
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Thierry PFISTER. HUMANITÉ L' [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALLEG HENRI (1921-2013)

    • Écrit par Charles-Louis FOULON
    • 837 mots

    Journaliste communiste et militant anticolonialiste, Henri Alleg donna, par son ouvrage La Question, une résonance mondiale aux pratiques de torture des armées françaises en Algérie. Sartre écrivit qu’il fit « triompher l’humanisme des victimes et des colonisés contre les violences déréglées...

  • CACHIN MARCEL (1869-1958)

    • Écrit par Paul CLAUDEL
    • 747 mots

    Né à Paimpol, d'un père gendarme et d'une mère de vieille souche paysanne, Cachin fait des études secondaires grâce à une bourse, puis prépare une licence de philosophie à la faculté de Bordeaux ; il y suit les cours de Durkheim. Il a vingt ans lorsqu'il rejoint le groupe des étudiants socialistes...

  • PCF (Parti communiste français)

    • Écrit par Bernard PUDAL
    • 7 133 mots
    • 3 médias
    ...organisationnels. Des négociations sont engagées à l'été 1940 avec les autorités d'Occupation pour republier légalement la presse communiste, notamment L'Humanité, et reprendre place dans la vie sociale sur la base d'un accord mutuel de non-agression. Ainsi, conduite à épouser les intérêts de la...
  • PRESSE - Les différentes formes de presse

    • Écrit par Dominique MARCHETTI
    • 9 344 mots
    • 4 médias
    ...Paris, orienté à droite. Pars ailleurs, si le quotidien de droite et de centre droit Le Figaro est en 2016 le quotidien national le plus distribué, L'Humanité, journal communiste, a perdu plus de la moitié de ses lecteurs depuis le début des années 1980, sa diffusion payée s'élevant à 35 835...

Voir aussi