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SELDJOUKIDES

Les Grands Seldjoukides

Toughroul beg, après avoir envahi le Tabaristan, le Djurdjan et s'être emparé de Hamadan en 1046, fit de Rayy, en Iran du Nord, sa capitale ; ensuite Kazvin et Ispahan tombèrent, l'Iran occidental fut occupé. À plusieurs reprises, aux confins de la Géorgie, de l'Arménie et de l'Asie Mineure, Byzantins et avant-gardes seldjoukides s'étaient heurtés : en 1050, un accord fut conclu, mais sans lendemain. Par ailleurs, la plus grande partie de l'Irak et la Djéziré passèrent sous la domination seldjoukide et les chefs des provinces conquises durent reconnaître la suprématie politique de Toughroul beg (1054). Celui-ci, comme tous les Seldjoukides, avait embrassé l'islam sunnite : il apparut alors comme le défenseur de l'orthodoxie religieuse face à l'islam shī‘ite des vizirs bouyides qui dominaient à Bagdad ; le calife abbasside al-Qa'im fit appel à Toughroul beg d'abord contre les Bouyides, puis un peu plus tard contre le général al-Basâsîrî, soutenu par les Fatimides shī‘ites du Caire et qui cherchait à s'emparer du pouvoir (1055) ; le 17 décembre 1055, Toughroul beg entra à Bagdad après avoir vaincu Basâsîrî, et devint le protecteur du calife qui épousa une fille de Tchaghri beg ; le 25 janvier 1058, Toughroul beg fut proclamé « roi de l'Ouest et de l'Est » et sultan. En 1060, Basâsîrî reparut, le calife s'enfuit : Toughroul intervint à nouveau, triompha de Basâsîrî qui fut tué, et ramena le calife à Bagdad ; il épousa alors la fille de celui-ci, ce qui consacrait son autorité et son pouvoir ; mais il mourut peu après (4 sept. 1063).

Son neveu Alp Arslan lui succéda, non sans quelques difficultés, mais grâce à l'appui de l'armée il put assurer son pouvoir et rassembler autour de lui les différents éléments de la nombreuse famille seldjoukide ; un de ses premiers actes de sultan fut de nommer comme vizir Nizam al-Moulk, un Persan sunnite dont le rôle fut capital dans la mise sur pied d'une administration de l'État originale.

Dès février 1064, Alp Arslan occupa l'Arménie ; il ne s'agissait plus d'un raid, mais d'une véritable prise de possession ; en 1066 il était à Antioche et à Édesse, en 1067 à Césarée de Cappadoce (Kayseri), en 1069 à Konya, en 1070 à Alep. Contre les Turcs qui pénétraient en Asie Mineure, l'empereur byzantin Romain IV Diogène lança une grande armée en Arménie : Grecs et Seldjoukides se rencontrèrent le 26 août 1071 non loin du lac de Van, à Mantzikert (Malazgirt) ; les Grecs furent écrasés, l'empereur fait prisonnier : libéré, il mourut peu après. Il n'existait plus alors de forces byzantines suffisantes pour s'opposer à l'entrée des Seldjoukides en Asie Mineure ; mais Alp Arslan ne chercha pas à profiter de sa victoire et s'intéressa surtout à la Syrie et à la Palestine, car il visait peut-être la conquête de l'Égypte.

Alp Arslan mourut en Transoxiane en novembre 1072 et son fils Malik shah lui succéda ; il s'empara de la Transoxiane, soumit le Kirman révolté (1079), dut ensuite combattre un de ses frères. À la fin de son règne, sa suzeraineté s'étendait de l'Asie Mineure au Turkestan, mais cette puissance s'effondra après sa mort (1092) qui suivit de peu celle de Nizam al-Moulk. L'Empire seldjoukide fut alors rapidement démembré et quatre États apparurent : celui des Seldjoukides d'Irak et du Khorassan, continuation des Grands Seldjoukides, dont l'existence fut marquée par d'âpres rivalités, notamment sous les règnes de Barkyarouk (1094-1104) et de Sandjar (1118-1157) qui fut la dernière grande figure de la dynastie (celle-ci s'éteignit en 1194) ; l'État seldjoukide du Kirman, auquel les princes Oghouz mirent fin en 1187 ; l'État des Seldjoukides de Syrie où des émirs établirent leur pouvoir sur Alep et [...]

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I

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Pour citer cet article

Robert MANTRAN. SELDJOUKIDES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

1000 à 1100. Seldjoukides - crédits : Encyclopædia Universalis France

1000 à 1100. Seldjoukides

1100 à 1200. Croisades et Khwarazm - crédits : Encyclopædia Universalis France

1100 à 1200. Croisades et Khwarazm

Autres références

  • ABBASSIDES - (repères chronologiques)

    • Écrit par
    • 420 mots

    750 Une révolution soutenue par les clients persans de l'empire et par les Alides renverse la dynastie omeyyade de Damas et donne le pouvoir à al-Saffāh, descendant d'al-‘Abbās, oncle de Mahomet : début de la dynastie abbasside.

    762 Création d'une nouvelle capitale, la ville Ronde...

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par , , , , , , et
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    Les Ghuz établirent la dynastie des Seldjoukides, qui régna surtout en Iran, tandis qu'en Afghanistan le pouvoir affaibli des Ghaznévides subit en 1150 l'assaut du terrible Alauddin de Ghur, qui reçut le surnom de Djahan Soz ou « incendiaire du monde » à cause de la destruction totale de...
  • ALP ARSLAN (1030 env.-1072) sultan seldjoukide (1063-1072)

    • Écrit par
    • 328 mots

    Après avoir montré ses qualités militaires dans des campagnes victorieuses en Afghanistan et en Iran, Alp Arslan succède vers 1060 à son père Tchaghri Beg au Khorassan, puis en 1063 à son oncle Toghroul Beg en Iran et en Irak. Ayant réussi à éliminer ses oncles et cousins, reconnu comme ...

  • ATABEG ou ATABEK

    • Écrit par
    • 232 mots

    Titre turc, composé des mots ata, « père », et beg, « seigneur », qui apparaît pour la première fois chez les Saldjūqides, porté par le vizir Niẓām al-Mulk : il correspond à une sorte de délégation à un haut personnage de l'autorité paternelle auprès d'un jeune prince ou même d'un jeune souverain...

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