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RHÔNE-ALPES

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Rhône-Alpes : carte administrative avant réforme - crédits : Encyclopædia Universalis France

Rhône-Alpes : carte administrative avant réforme

Créée dans les années 1960 au moment du rééquilibrage entre Paris et la province, la région Rhône-Alpes forme depuis le 1er janvier 2016 une grande région avec l’Auvergne, à l’issue de la réforme territoriale de 2014-2015. Avant la fusion, Rhône-Alpes venait au deuxième rang en France pour la superficie (43 698 km2, soit 8 p. 100 du territoire national) après la région Midi-Pyrénées, ainsi que pour la population (6,3 millions d'habitants en 2012, soit 9,8 p. 100 de la population française) et pour la puissance économique (9,7 p. 100 du P.I.B. français) après l'Île-de-France. Le rapprochement de ces chiffres faisait dire que Rhône-Alpes était une France au dixième. La région est équivalente, par la superficie, à la Suisse ou à la Belgique et, par la population, au Danemark. Sa puissance est aussi incontestable que son identité est contestée.

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Rhône-Alpes regroupe en effet dans un cadre composite – trois massifs montagneux disparates, quelques plaines et un axe fluvial – des provinces qui n'ont pas la même histoire, du Dauphiné au Forez, du pays de Gex au Vivarais, sans compter les deux Savoies qui ne sont rattachées à la France que depuis 1860. Huit départements (Ain, Ardèche, Drôme, Isère, Loire, Rhône, Savoie, Haute-Savoie) font de la région Rhône-Alpes un territoire particulièrement composite. Le seul principe unificateur date du xixe siècle : l'influence économique de la métropole lyonnaise, qui déborde d'ailleurs largement sur la Bourgogne. Mais, contrairement à d'autres métropoles comme Toulouse ou Bordeaux, Lyon était une ville marchande sans rôle politique dans la France d'Ancien Régime, et cette onction historique lui fait toujours défaut pour établir la légitimité symbolique, sinon fonctionnelle, de son leadership.

L'axe majeur, les massifs et les marges

L'alignement, du nord au sud, des vallées de la Saône et du Rhône compose un axe majeur de liaison, presque sans concurrence à l'échelle européenne, entre les Bassins parisien et londonien, les pays rhénans et la mer du Nord, d'une part, et la Méditerranée occidentale, d'autre part. Ce couloir, où toutes les infrastructures de transport se côtoient, a évidemment fixé une part considérable des activités et des populations de la région, à commencer par la métropole lyonnaise. Celle-ci a bénéficié d'une place de carrefour exceptionnelle où convergent les passages alpins et jurassiens vers la Suisse et l'Italie, ainsi que la vallée du Gier qui ouvre la voie vers le bassin de Saint-Étienne et le Massif central. Cette métropole, dont l'aire urbaine regroupe 2,2 millions d'habitants (2012) sur quatre des huit départements de la région, diffuse, au large de ce couloir, à l'est sur les plaines et collines du bas Dauphiné (de l'île Crémieu aux Terres froides), où l'expansion lyonnaise rejoint celle de Grenoble, au nord sur le plateau de la Dombes, terre d'étangs et de pauvreté qui bénéficie aujourd'hui d'un développement résidentiel très actif, ou encore dans les monts du Lyonnais à l'ouest, naguère enclavés et compartimentés, aujourd'hui particulièrement attractifs tant pour les périurbains lyonnais que stéphanois. Au nord, dans le val de Saône, Belleville et Villefranche maintiennent leur rôle commercial vis-à-vis de la viticulture des coteaux beaujolais ; vers le sud, la descente du Rhône fait alterner les défilés de Saint-Vallier, Cruas et Donzère et les plaines de Valence, Montélimar et du Tricastin. Le département du Rhône est le plus peuplé.

La subtile progression vers un climat sec et méditerranéen, l'alternance des terrasses viticoles des côtes du Rhône et des vergers font aujourd'hui le bonheur d'un tourisme fluvial dont la croissance est exponentielle. Le grand bond en avant promis par l'aménagement hydraulique et hydroélectrique mis en œuvre par la Compagnie nationale du Rhône durant les Trente Glorieuses, renforcé depuis lors par un chapelet de centrales nucléaires, a porté ses fruits industriels et agricoles (irrigation), mais il est désormais loin en arrière. La croissance démographique du Rhône moyen qui stagnait dans les années 1990 voit sa population se redresser au début du xxie siècle, et l'étalement des agglomérations, de Vienne à Montélimar en passant par Valence, se traduit par une sorte de long ruban urbanisé et continu.

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En revanche, un second axe de forte densité et de dynamisme démographique est venu, au xxe siècle, doubler ce ruban. Il relie le Genevois français et les rives du Léman à l'agglomération grenobloise, en passant par l'avant-pays savoyard, Annecy, la cluse de Chambéry, le Grésivaudan, jusqu'au Voironnais. Correspondant à une succession de vallées transversales aux axes historiques des traversées alpines, le Sillon alpin s'affirme surtout comme l'espace des fortes croissances urbaines (plus de 1 p. 100 par an depuis 1990 pour Annemasse, Annecy et Chambéry), où une population jeune bénéficie d'un fort taux d'activité. Le département de l'Isère est le deuxième de la région par sa population (20 p. 100).

Le second élément majeur du cadre régional est son caractère montagnard : près de la moitié du territoire rhônalpin se situe au-dessus de la limite des 500 mètres d'altitude. Si les différents massifs sont bien sûr peu densément occupés et ont connu un exode de leur population rurale à l'échelle séculaire, leur évolution contemporaine est plus contrastée. Celle du rebord oriental du Massif central est la plus difficile. Si, sur les piémonts bordiers, des Monts d'or à la hauteur de Lyon au massif du Pilat et à l'Ardèche méridionale, la périurbanisation, les cultures spécialisées ou le tourisme suscitent une dynamique certaine, les hauteurs du Vivarais ou du Forez sont de plus en plus marginalisées, tandis que l'effondrement industriel des petites et grandes villes de Loire et d'Ardèche se poursuit. L'agglomération roannaise continue de subir la lente élimination des industries textiles et d'armement, mais la reconversion industrielle et tertiaire de Saint-Étienne est plus aboutie, elle a arrêté le déclin en habitants de la troisième grande ville rhônalpine (aire urbaine de 512 800 hab. en 2012). Ainsi cette frange occidentale, zone de dépression économique, affiche-t-elle des caractéristiques particulières par rapport au reste de la région.

Dans la partie orientale de la région, trois ensembles se distinguent nettement. La retombée méridionale du Jura, du Bugey au haut Doubs, croupes calcaires ouvertes d'étroites cluses à Nantua, Ambérieu ou le long du haut Rhône, commence à renverser le cours d'une désertification séculaire. Les alpages des Préalpes du Nord, enserrés comme dans une forteresse par le couronnement calcaire qui caractérise le Vercors, la Chartreuse ou les Bauges, moins spectaculaires peut-être dans le Chablais ou les Aravis, vivent aussi d'un équilibre fragile entre élevage et tourisme, mais bénéficient surtout de leur accolement direct au Sillon alpin et à sa population urbaine et aisée à qui ils offrent un formidable cadre récréatif ou de résidence périurbaine. Au sud, le Diois et les Baronnies, proches dans leurs paysages méditerranéens de l'Ardèche, connaissent une évolution économique et démographique équivalente à celle-ci.

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Plus à l'est, les hauts massifs intra-alpins se décomposent en deux éléments bien distincts. Les vallées transversales de l'Arve (Vallée blanche) de l'Isère (Tarentaise) et de l'Arc (Maurienne), du nord au sud, sont des accès et des axes de pénétration faciles, surtout depuis que leur équipement autoroutier est complet. En revanche, le passage vers les Alpes du Sud par le Drac ou la Romanche reste plus difficile. Le destin industriel de ces vallées, initié par la houille blanche, est contrasté, mais le rôle de la Vallée blanche et de la Maurienne comme maillons essentiels du trafic international ne fait que croître. Cependant, les Alpes s'identifient surtout, aux yeux du monde, aux hautes altitudes des massifs du Mont-Blanc, du Beaufortin, de la Vanoise, de Belledonne et de l'Oisans, et à l'or blanc du tourisme hivernal.

Rhône-Alpes est l'une des régions françaises les plus dynamiques en termes de démographie. Sa croissance démographique a été de + 0,9 p. 100 de 2006 à 2013, dont + 0,6 p. 100 dû au solde naturel. Celui-ci ainsi que le solde migratoire sont restés positifs dans la région, attestant de son attractivité. Elle possède également un taux de natalité (13 p. 1 000) un peu plus élevé que le taux national.

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Écrit par

  • : agrégé de géographie, professeur de géographie, aménagement de l'espace et urbanisme à l'université Lyon-II

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Médias

Rhône-Alpes : carte administrative avant réforme - crédits : Encyclopædia Universalis France

Rhône-Alpes : carte administrative avant réforme

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