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ISÈRE

Si l'on excepte l'Arve et le Fier, l'Isère, née au pied de l'Iseran, draine toutes les Alpes françaises du Nord. Elle doit le développement de son réseau à l'absence de l'obstacle jurassien qui a facilité le creusement de son lit et à la présence de marnes tendres, autour de massifs centraux cristallins, qui ont favorisé des captures longitudinales et le soutirage des eaux de la Maurienne et de la Tarentaise. Son chevelu, dense jusqu'à Grenoble, diminue dans le massif calcaire et karstique du Vercors. La rivière elle-même suit une direction générale nord-est - sud-ouest avec deux décrochements ou tracés en baïonnette de Moutiers vers Albertville, au sud du Beaufortin et à travers la cluse de Grenoble. Entre ces changements de cap, elle suit le large boulevard du sillon alpin formé de la courbe de Savoie, où débouche l'Arc, et du Grésivaudan, où la vigueur de la pente initiale s'atténue (1 m/km), et qui s'achève à la convergence de la Romanche et du Drac, dont le bassin prolonge cette dépression.

Des sommets de 3 000 à 4 000 mètres amènent de fortes précipitations, de 1 500 à 2 000 millimètres et davantage, mais les creux abrités peuvent enregistrer moins de 750 millimètres, comme en Maurienne. Le bassin reçoit un peu plus de 1 400 millimètres jusqu'à Grenoble, un peu moins à son exutoire. Il écoule ainsi à Grenoble (5 720 km2) 1 000 millimètres (ou 31,7 l.s—1.km2), soit environ 180 mètres cubes par seconde. Le Rhône reçoit de l'Isère 900 millimètres (ou 28,5 l.s—1.km—2), soit, pour 11 800 kilomètres carrés, 336 mètres cubes par seconde ; c'est le deuxième module pour un affluent, après celui de la Saône (420 m3/s), dont il représente 80 p. 100 avec 40 p. 100 de sa surface réceptrice, autrement dit avec un débit spécifique deux fois plus élevé.

La complexité du régime nival de transition traduit la diversité des conditions d'alimentation en altitude et en types de climat. Nivoglaciaire à Val-d'Isère, puis nival pur à Moutiers, de même sur l'Arc et la Romanche, mais nival de transition sur le Drac avec une remontée nette en novembre, en partie sous les influences méditerranéennes, l'Isère inférieure accuse une pointe de fusion en juin et une légère ressource en novembre. Si les coefficients mensuels de débit passent de 1 à 3, les débits extrêmes ont pu varier de 1 à 60. On a mesuré en 1921 un étiage de 55 mètres cubes par seconde, niveau exceptionnel puisque le seuil de 1949 était de 90 mètres cubes par seconde en mars et en octobre. Les crues, relativement fréquentes en mai-juin et en octobre-novembre, auraient atteint 2 800 mètres cubes par seconde en 1856. Pareilles crues ne se reproduiront plus en raison des ouvrages de régularisation installés depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le Grésivaudan a vu naître la première usine de houille blanche en 1869. L'équipement du bassin isérois est quasi achevé : plus de cent trente barrages fournissent une puissance supérieure à 4 000 mégawatts et une énergie de 11,4 milliards de kilowattheures. Tignes, Roselend, le Mont-Cenis, la série complète du Drac, du Sautet à Monteynard et à Grand'Maison illustrent cette suite d'efforts et de réussites. Le régime de l'Isère inférieure en est profondément altéré : les étiages sont devenus les plus élevés du pays après ceux du Rhin et du Rhône.

— Jean de BEAUREGARD

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Jean de BEAUREGARD. ISÈRE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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