Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

RENAISSANCE FRANÇAISE, arts

Les expériences de la région parisienne, le premier Fontainebleau

À son retour de captivité (1526), François Ier décide de résider près de Paris. L'art de la Loire reste vivant, Chambord se construit, mais les innovations désormais apparaissent dans la région parisienne.

Infatigable, le roi ouvre de nouveaux chantiers : Fontainebleau, Madrid (au bois de Boulogne – détruit), l'Hôtel de ville de Paris, Saint-Germain, Villers-Cotterêts... Le connétable de Montmorency l'imite à Écouen. Toutes ces constructions sont autant d'expériences : certaines n'auront pas de suite (tels les revêtements de céramique de Madrid), d'autres préparent l'avenir (les pavillons rectangulaires remplacent les tours, le décor devient plus sobre). Aucune solution d'ensemble toutefois ne s'impose, si bien qu'on ne peut parler d'un style nouveau se substituant au style de la Loire : très sûre de ses ressources en 1525, l'architecture française semble hésiter autour de 1540.

En revanche, un événement d'une importance capitale se produit à Fontainebleau, résidence principale du souverain, entre 1530 et 1540. Avant même que les bâtiments du nouveau château soient achevés, François Ier confie à deux peintres italiens, Rosso et Primatice, le soin de les décorer. Jusqu'à sa mort, en 1540, Rosso joue le premier rôle ; il conçoit et réalise avec de nombreux collaborateurs le décor de la galerie François Ier, vaste ensemble voué à la glorification de la monarchie française.

Le miracle qui s'était produit avec Chambord – un grand Italien imaginant des solutions sans précédent parce qu'il travaille pour un prince prêt à accepter les idées les plus extraordinaires – se renouvelle dans la galerie : stimulé par l'importance de l'entreprise, les exigences complexes du programme, la confiance absolue que le roi lui accorde, Rosso invente un système décoratif qui diffère de tout ce qu'on avait vu jusqu'ici. La nouveauté la plus importante n'est peut-être pas l'association de la peinture et des stucs en haut relief, mais une conception inédite de l' ornement. Les compositions décoratives très développées qui entourent les scènes comportent en effet des motifs prodigieusement variés, de grande dimension, animés d'une vie intense – trois caractères qui n'avaient jamais été réunis. Des enroulements dotés d'une étrange vitalité, les « cuirs », servent de lien entre les figures et les objets qui s'enchaînent dans un mouvement ininterrompu.

Œuvre d'un Italien, mais impensable en dehors du contexte français, la galerie François Ier modifie du tout au tout l'« image » de la Renaissance française. Immédiatement admirée par les étrangers, et en premier lieu par les Italiens, elle fait brusquement de Fontainebleau une « nouvelle Rome », réalisant ainsi la grande ambition du roi qui s'y fait représenter en « vainqueur de l'Ignorance ». En même temps, la galerie impose en France un monde imaginaire nouveau : la cour, habituée jusqu'ici aux décors des tapisseries à sujets religieux ou héroïques, découvre l'univers de la Fable et ses nudités provocantes. Une telle œuvre dut faire choc et précipiter l'évolution des esprits.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Jean GUILLAUME. RENAISSANCE FRANÇAISE, arts [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Château d'Azay-le-Rideau - crédits :  Bridgeman Images

Château d'Azay-le-Rideau

Chenonceau - crédits : A&G Reporter/ AGF/ Universal Images Group/ Getty Images

Chenonceau

Château de Chambord, France - crédits : Cristian Bortes (www.eyeem.com/bortescristian)/ flickr ; CC-BY

Château de Chambord, France

Autres références

  • L'ART DE LA RENAISSANCE EN FRANCE (H. Zerner)

    • Écrit par Anne-Marie LECOQ
    • 1 859 mots

    L'Art de la Renaissance en France (Flammarion, 1996) offre une démonstration de véritable histoire de l'art, qui ne quitte pas d'une semelle l'examen des œuvres elles-mêmes et des rares documents d'archives subsistants. C'est un travail de réflexion approfondie qui est ici proposé. Plutôt que de...

  • ANDROUET DU CERCEAU JACQUES (1520-1586)

    • Écrit par Jean GUILLAUME
    • 967 mots

    Jacques Androuet du Cerceau (appelé le plus souvent « Du Cerceau », dû au motif de l'enseigne de la boutique de son père qui était marchand de vin) fut à la fois un graveur, un dessinateur, un créateur d'ornements, un inventeur d'architectures réelles ou imaginaires et l'auteur du premier ouvrage...

  • ANGOULÊME, histoire de l'art

    • Écrit par Pierre DUBOURG-NOVES
    • 920 mots
    • 1 média

    Angoulême, érigée en civitas à la fin du iiie siècle ou au début du ive, conserve de cette époque les restes d'un soubassement de rempart aux parements en gros appareil régulier. Le blocage intérieur, constitué de vestiges de monuments (colonnes, blocs sculptés, inscriptions...),...

  • ARABESQUE, histoire de l'art

    • Écrit par Peter FUHRING
    • 3 448 mots
    En France, les moresques sont employées pour la première fois dans la décoration des plats de plusieurs livres reliés pour le roi Louis XII (vers 1510). Le premier livre entièrement consacré aux moresques est celui du Florentin établi en France, Francesco Pellegrino (1530). Il est significatif que...
  • ARCHITECTURE (Thèmes généraux) - L'architecte

    • Écrit par Florent CHAMPY, Carol HEITZ, Roland MARTIN, Raymonde MOULIN, Daniel RABREAU
    • 16 589 mots
    • 10 médias
    Le mot architecte figure dans le Dictionnaire français-latin de Robert Estienne (1549). À l'époque où certains souverains, comme Catherine de Médicis, se piquent de connaissances en architecture et où de savants gentilshommes, issus comme Pierre Lescot d'une famille de hauts fonctionnaires,...
  • Afficher les 38 références

Voir aussi