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ANGOULÊME, histoire de l'art

Angoulême, érigée en civitas à la fin du iiie siècle ou au début du ive, conserve de cette époque les restes d'un soubassement de rempart aux parements en gros appareil régulier. Le blocage intérieur, constitué de vestiges de monuments (colonnes, blocs sculptés, inscriptions...), a enrichi le Musée archéologique de la Charente avec, en particulier, des lions et de gros chapiteaux corinthiens ornés de têtes, de l'époque des Antonins.

Son premier évêque, Ausone, fut enterré dans un cimetière suburbain le long de la voie antique menant à Bordeaux. Un sarcophage paléochrétien de calcaire tendre orné de deux oiseaux affrontés buvant dans une coupe et encadré de rinceaux en bas relief y a été trouvé (Musée municipal).

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Lorsque, en 508, Clovis reprit la ville sur les Wisigoths, il détruisit la cathédrale existant intra-muros. Il en fit rebâtir une, dédiée à saint Pierre, élément principal d'un groupe épiscopal. On conserve de l'édifice mérovingien deux chapiteaux de marbre blanc, du viie siècle, issus des ateliers d'Aquitaine, encadrant la baie d'axe dans l'abside du xiie siècle.

Cathédrale Saint-Pierre, Angoulême - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Cathédrale Saint-Pierre, Angoulême

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L'époque romane fut féconde en Angoumois. Mais toutes les églises de cette période ont disparu à Angoulême, sauf un fragment de nef à l'église Saint-André, le chevet plat à triplet d'un petit oratoire Saint-Martin transformé en maison, et l'actuelle cathédrale.

Celle-ci fut édifiée par l'évêque normand Girard de Blay. Une large coupole à l'ouest (11 m) de style sévère, construite vers 1105-1110, fut suivie de deux autres, puis d'un transept très débordant surmonté de deux tours et d'une vaste abside à quatre absidioles, le tout d'un style plus orné (1110-1135). La haute tour nord, rebâtie au xixe siècle, surmonte une lanterne hardie. Le dôme de la croisée fut refait sans fidélité à l'original au xixe siècle. Une sacristie à boiseries, contemporaine de l'orgue, occupe depuis 1786 la base du croisillon sud, détruit au xvie siècle. La façade, plaquée à partir de 1118 devant la première coupole, offre un rez-de-chaussée dû à des sculpteurs venus de Saint-Sernin de Toulouse. Les autres registres, à riches arcatures et nombreux personnages, évoquent l'Ascension et la Seconde Venue (étages médians vers 1122-1125, registre supérieur avec le Christ de l'Apocalypse vers 1130). Le tympan et les clochetons sont du xixe siècle.

Les remparts médiévaux, jadis considérables, ne sont plus aujourd'hui que le mur de soutènement d'une agréable promenade. L'ancien château comtal du xiiie siècle conserve les vestiges de son enceinte extérieure, dite d'Épernon (fin du xvie s.), le puissant donjon polygonal des xiiie et xive siècles et une tour ronde (fin du xve s.) à belle chambre voûtée de style flamboyant où naquit en 1492 Marguerite d'Angoulême, sœur de François Ier, poète, reine de Navarre et aïeule de Henri IV.

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L'art gothique est représenté par l'église des Cordeliers (nef, xiiie s. ; chœur carré, xive s. ; flèche, xve s.) ; l'église Saint-André, à triple nef du xve siècle, chevet plat flamboyant et gros clocher (mobilier baroque : retable en pierre de 1669 ; chaire de 1692 ; tableaux, dont un Saint Henri de C. Vignon) ; dans l'ancienne abbaye Saint-Cybard, une salle des xve-xvie siècles ; à quatre kilomètres d'Angoulême se trouvent encore les ruines de l'ancienne abbaye de La Couronne, à triple nef de style angevin (fin du xiie s.), une façade flamboyante, un logis abbatial du xve siècle et des bâtiments claustraux du xviiie.

La Renaissance a donné la remarquable chapelle Saint-Gelais, œuvre d'un atelier italien itinérant (env. 1516, actuellement au Musée municipal), et l'hôtel Souchet, des années 1530 (dit encore hôtel Saint-Simon), à pilastres, lucarnes, médaillons de terre cuite. Le xviie siècle est surtout baroque avec l'hôtel de la Marbrerie, à bossages ; le mobilier déjà évoqué de Saint-André ; des portails et des puits à colonnes. Le xviiie siècle vaut par quelques balcons, impostes et grilles de fer forgé, et le quartier du Parc, tracé sous Louis XVI, avec des rues à angle droit. Le xixe siècle est d'abord néo-classique avec Paul Abadie père (palais de justice, 1823 ; façade de Saint-André, 1826 ; hôpital de Beaulieu, 1828 ; préfecture, 1831 ; Saint-Jacques de L'Houmeau, 1835), puis néo-médiéval avec Paul Abadie fils (église Saint-Martial, néo-romane, 1850 ; hôtel de ville, 1860-1870 ; restaurations de la cathédrale, 1852-1875 ; Saint-Ausone, néo-gothique). Le théâtre de Soudée date de 1870, et le marché métallique, de 1886. Les « Rotondes », des jardins en pente dessinés au milieu du xixe siècle, couvrent le flanc sud de la ville.

L'époque contemporaine a produit le quartier de la gare (de l'architecte Chaume, 1950), les archives départementales, la cité industrielle du Gond et enfin le Centre national de la bande dessinée et de l'image qui abrite le musée de la Bande dessinée (architecte : Roland Castro, 1987-1989).

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Angoulême compte plusieurs musées intéressants : le Musée municipal, installé dans l'ancien évêché (xiie, xve, xviiie et xixe s.), et le Musée archéologique de la Charente, 44, rue de Montmoreau.

— Pierre DUBOURG-NOVES

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Cathédrale Saint-Pierre, Angoulême - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Cathédrale Saint-Pierre, Angoulême

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  • ABADIE PAUL (1812-1884)

    • Écrit par
    • 978 mots
    • 1 média

    Paul Abadie est né à Paris le 9 novembre 1812. Il est le fils d'un architecte néo-classique homonyme (1783-1868) qui fut architecte du département de la Charente : on lui doit notamment le palais de justice d'Angoulême (env. 1825-1828). Abadie entre à Paris dans l'atelier d'Achille Leclère...

  • ROMAN ART

    • Écrit par
    • 20 567 mots
    • 19 médias
    ...collatéraux. En outre, la vaste abside romane à chapelles rayonnantes qui couronne les grandes églises à coupoles de l'Ouest français – cathédrales de Cahors et d'Angoulême, abbatiales de Souillac et de Solignac – n'a rien à voir avec les trois absides parallèles entre elles des chevets des églises grecques....

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