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PRIMATES

Au sein des Mammifères, l'ordre des Primates occupe une place particulière dans la mesure où il inclut l'Homme. Mais il présente une hétérogénéité suffisante pour nourrir les débats relatifs aux traits qui sont censés différencier à coup sûr les Primates des autres Mammifères.

L'hétérogénéité de l'ordre est souvent associée à un gradient scala naturae, allant d'espèces primitives jusqu'à l'Homo sapiens. Selon cette conception, l'Homme est considéré comme la référence ultime de l'évolution des Primates, si bien que l'encéphalisation est implicitement le seul critère alors pris en compte. Mais le danger de privilégier ce gradient est double : on risque de voir la phylogenèse des Primates comme linéaire, alors que cette phylogenèse est buissonnante ; on risque aussi de négliger les nombreux critères qui permettent de reconstituer autrement la phylogenèse ou des phylogenèses, au sein de ce groupe zoologique. En effet, taxonomie et phylogénie des Primates, toujours plus ou moins interdépendantes, sont en plein développement, d'une part, à cause de la découverte, encore à l'heure actuelle, de nouvelles espèces dans des régions jusqu'à présent inexplorées, et, d'autre part, du fait de la prise en compte de nouveaux critères (analyse chromosomique, analyse de protéines sanguines, étude comparative des vocalisations...) et du recours aux techniques informatiques pour la reconstruction de la phylogenèse.

Il faut encore tenir compte du fait que certaines caractéristiques, fondamentales quant à leurs implications éco-éthologiques, n'appartiennent pas au domaine de l'anatomie mais à celui du développement, autrement dit des « histoires de vie » (life histories). C'est ainsi qu'une longue gestation, relativement au poids de la mère, des croissances fœtale et postnatale lentes, mais aussi un petit nombre de jeunes par portée et une maturité sexuelle tardive aboutissent en effet à un renouvellement lent des populations. Cela souligne l'intérêt des études biodémographiques et éthologiques auprès des populations de Primates.

Diagnose

Les Primates sont des Mammifères placentaires euthériens plantigrades. Leur neurocrâne est considérablement développé par rapport à leur massif facial réduit ; les orbites sont en position frontale et entourées d'un anneau osseux complet. L'orientation des orbites vers l'avant est un caractère « allométrique », c'est-à-dire qu'il acquiert sa signification (ou la renforce) lorsqu'il est considéré relativement à la mesure d'un autre caractère, ici la taille du crâne.

Il existe chez les Primates, des familles les plus primitives aux plus récentes, une tendance au développement du cerveau, en particulier du néocortex. Martin a souligné (1986) que la prise en compte de l'allométrie ne permet pas de dire que ce développement est associé à la réduction des structures olfactives. Les hémisphères cérébraux présentent une scissure de Sylvius typique et une scissure calcarine triradiée. L'organisation de la projection des champs visuels est unique ; chacun d'eux se projette dans chacun des hémisphères cérébraux (50 p. 100 dans l'hémisphère contralatéral).

La denture est de type diphyodonte et hétérodonte, avec des molaires multituberculées ; elle est peu réduite par rapport aux Mammifères placentaires ancestraux – la formule maximale est I 2/2, C 1/1, PM 3/3, M 3/3, soit 36 dents – et traduit la perte d'une incisive et d'une prémolaire par rapport aux Mammifères primitifs. Chez les Primates, la mandibule a des mouvements verticaux qui conviennent au régime frugivore, phytophage ou omnivore.

La colonne vertébrale comprend de 26 à 33 éléments, en excluant les vertèbres caudales. Une longue queue est une caractéristique des Primates,[...]

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Écrit par

  • : docteur en éthologie, docteur ès sciences, professeur à l'École nationale vétérinaire d'Alfort

Classification

Pour citer cet article

Bertrand L. DEPUTTE. PRIMATES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Singes douroucoulis - crédits : Gérard Lacz /Biosphoto/ Photononstop

Singes douroucoulis

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Ouistiti

Tamarin - crédits : Steve Clancy Photography/ Moment/ Getty Images

Tamarin

Autres références

  • BABOUIN

    • Écrit par Marie-Claude BOMSEL
    • 414 mots
    • 2 médias

    Singe au corps puissant, caractérisé par un museau allongé et nu comme celui du chien, d'où leur autre nom commun de cynocéphale (signifiant « tête de chien »). Répartition géographique : Afrique centrale, Afrique du Sud et Arabie. Habitat : savanes, collines rocheuses et forêts. Classe : Mammifères...

  • CERCOPITHÈQUE

    • Écrit par Marie-Claude BOMSEL
    • 435 mots

    Singe de taille moyenne, au corps svelte et à longue queue non préhensile, vivant dans les forêts africaines, au sud du Sahara. Classe : Mammifères ; ordre : Primates ; famille : Cercopithécidés.

    Autrefois appelés « guenons », les cercopithèques, représentés par plus de vingt espèces, ont...

  • CHASSEURS-CUEILLEURS (archéologie)

    • Écrit par Jean-Paul DEMOULE
    • 4 727 mots
    • 3 médias

    Que l’on remonte aux premières formes humaines identifiées, il y a près de 7 millions d’années, ou seulement à l’apparition d’Homo sapiens, il y a quelque 300 000 ans, l’humanité a pour l’essentiel vécu de chasse, de pêche et de cueillette. Les premières sociétés agricoles ne...

  • CHIMPANZÉ

    • Écrit par Marie-Claude BOMSEL
    • 639 mots
    • 1 média

    Grand singe au pelage noir, moins lourd que le gorille, vivant dans les forêts denses et les savanes boisées de l'ouest et du centre de l'Afrique (du Sénégal au côté ouest de la Tanzanie). Classe : Mammifères ; ordre : Primates ; famille : Hominidés. Effectifs : 320 000....

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Voir aussi