PRIMATES

Biologie sexuelle et reproduction

L'âge de la maturité sexuelle, la durée de l'intervalle entre les naissances constituent, avec d'autres, les paramètres des « profils biodémographiques » (life history des Anglo-Saxons).

La saisonnalité des naissances traduit celle des accouplements. Celle-ci est le plus souvent liée à des facteurs de l'environnement, et c'est pourquoi les cycles ovulatoires, saisonniers dans la nature, peuvent devenir continus dans les conditions constantes de la captivité (Otolemur, Bearder & Doyle, 1974). Chez les femelles Primates, l'ovulation est spontanée, marquée par l'œstrus dont les manifestations sont morphologiques et comportementales. Les œstrus sont généralement cycliques. La durée des cycles varie chez l'ensemble des Primates entre 11 et 55 jours (Hardy & Written, 1987). Cette durée est extrêmement variable parmi tous les niveaux taxonomiques mais aussi pour un même individu. Les Prosimiens possèdent les cycles les plus longs (24 à 55 jours – médiane 39 jours), les Platyrhiniens les plus courts (11 à 36 jours – médiane 20 jours). Chez les Catarrhiniens, cette durée fluctue autour de 25 à 40 jours (médiane 31 jours).

Chez les Primates, la durée de gestation est plus grande, relativement à leur poids, que celle de tous les autres Mammifères. Ce fait a été rapproché d'une part de la taille relative du cerveau et d'autre part de l'état de développement du nouveau-né (les jeunes précoces, capables de se mouvoir dès leur naissance, sont issus d'une plus longue gestation que ceux qui sont dits altriciaux, très dépendants à leur naissance). En réalité, il n'y a pas, dans l'ensemble que constituent les Primates, de relations simples entre tous ces facteurs. La gestation est suivie, chez la plupart des Primates, à l'exception des Galagidés, d'une période d'aménorrhée souvent considérée comme équivalente à la durée de la lactation. Mais, chez les Cercopithécinés, cette dernière peut se prolonger bien au-delà de la reprise des cycles œstriens si la femelle n'est pas fécondée.

La durée de l'aménorrhée postpartum et du nombre de cycles non féconds précédant la fécondation constituent avec la durée de la gestation les composantes du paramètre démographique majeur, l'intervalle entre les naissances. Cet intervalle, rapporté à la durée de la vie sexuelle, détermine la fécondité globale d'une femelle, dont la variabilité dépendra éventuellement de facteurs saisonniers. L'existence d'un œstrus postpartum permet deux pics annuels de naissances (Prosimiens Microcebus, Platyrhiniens Cebuella). Une stricte saisonnalité des naissances, lorsque celles-ci sont concentrées au cours d'une saison et absentes lors des autres, est due soit à des œstrus saisonniers (d'avril à juillet, lémur), soit à des accouplements restreints à quelques mois de l'année, avec ou non une modification des cycles œstriens (singe rouge et certaines espèces de macaques).

La saisonnalité est facultative lorsque les naissances sont simplement plus fréquentes à certaines périodes (« pics » de naissance), mais peuvent survenir tout au long de l'année. Dans ce cas, la cyclicité des œstrus est continue, certains pouvant être non ovulatoires.

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Écrit par

  • Bertrand L. DEPUTTE : docteur en éthologie, docteur ès sciences, professeur à l'École nationale vétérinaire d'Alfort

Classification

Pour citer cet article

Bertrand L. DEPUTTE, « PRIMATES », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Média

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Autres références

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