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PRIMATES

Processus cognitifs

Depuis plusieurs années, la perception et plus particulièrement le traitement cognitif des signaux et des autres types d'information sont l'objet d'une attention particulière. L'analyse de la perception visuelle a été et est encore largement consacrée aux problèmes de discrimination et de catégorisation. C'est encore l'existence de réseaux relationnels durables, l'inertie de certains phénomènes sociaux tels que les relations de « dominance », et aussi leur remise en cause, qui démontrent l'importance de la perception visuelle au cours des interactions à courte portée. Elle contribue, pour un sujet, à la compréhension de la gestualité des partenaires, et, au-delà, à celle de l'ensemble de leurs relations. La description encore anecdotique de l'existence de « duperies » (deceipt des Anglo-Saxons), au cours d'interactions, renforce la conviction de l'existence de processus cognitifs complexes dans le traitement de l'ensemble des informations (Woodruff & Premack, 1979 ; Byrne & Whitten, 1987 ; De Waal, 1992).

C'est cependant par le biais de la communication sonore que se sont développées, au cours de ces dernières années, les études cognitivistes, grâce à une approche psycholinguistique du traitement du signal sonore. L'intérêt de ces études est qu'elles se déroulent à la fois au laboratoire et dans le milieu naturel des singes. La fonction de régulation de l'espacement de vocalisations fortes des cercocèbes (Lophocebus), des hurleurs et des gibbons a pu être démontrée par des expériences de « repasse » (playback) en milieu naturel (Waser, 1977 ; Whitehead, 1987 ; Mitani, 1985, respectivement). Mais cette technique a été aussi utilisée pour rechercher si une « perception catégorielle » existait chez les Primates et si les vocalisations, ou du moins certaines d'entre elles, pouvaient prendre valeur de symbole en « représentant » pour le récepteur un « référent » absent (non perceptible et/ou non perçu). Ces deux axes de recherches constituent, en fait, une approche comparative de la communication sonore des Primates et du langage humain.

La perception catégorielle

Les répertoires sonores de nombreuses espèces présentent un caractère gradué, c'est-à-dire qu'il existe, en particulier lors de séquences sonores, des gradations structurales réversibles ou non entre plusieurs classes vocales (Green, 1975 ; Deputte & Goustard, 1978 ; Robinson, 1979 b, Zimmerman, 1985). En dehors de ces séquences, toutes les classes vocales sont aisément différenciables. Il se pose alors le problème de savoir si et comment, lors de ces séquences, les gradations sont perçues, en d'autres termes si des catégories sont créées ou reconnues, ou si la séquence est perçue comme un seul, et nouveau, signal. Confrontés à un problème similaire, les Primates non humains procèdent-ils comme l'homme qui, écoutant le « continuum sonore » que constitue le langage parlé, le perçoit en le découpant de manière « catégorielle » ? Green (1975), chez le macaque japonais, a montré qu'il existait une relation claire entre les variations, graduées, subtiles, mais quantifiables au sein d'une même classe vocale (cris graves, tonals – côô sounds) et les contextes dans lesquels l'émetteur les produisait. Cela confère un caractère « phonétique » à ces cris (Snowdon, 1982). De son côté, Petersen (1982) a montré, chez cette même espèce, et en reprenant ces mêmes cris, que ces singes présentaient un avantage de l'oreille droite, donc de l'hémisphère gauche, dans le traitement des informations particulières et spécifiques contenues dans la modulation de ces côô sounds. Chez l'homme, ce même avantage existe lorsqu'un sujet traite les informations « linguistiques », alors que les informations[...]

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Écrit par

  • : docteur en éthologie, docteur ès sciences, professeur à l'École nationale vétérinaire d'Alfort

Classification

Pour citer cet article

Bertrand L. DEPUTTE. PRIMATES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Singes douroucoulis - crédits : Gérard Lacz /Biosphoto/ Photononstop

Singes douroucoulis

Ouistiti - crédits : Stuart Westmorland/ The Image Bank/ Getty Images

Ouistiti

Tamarin - crédits : Steve Clancy Photography/ Moment/ Getty Images

Tamarin

Autres références

  • BABOUIN

    • Écrit par Marie-Claude BOMSEL
    • 414 mots
    • 2 médias

    Singe au corps puissant, caractérisé par un museau allongé et nu comme celui du chien, d'où leur autre nom commun de cynocéphale (signifiant « tête de chien »). Répartition géographique : Afrique centrale, Afrique du Sud et Arabie. Habitat : savanes, collines rocheuses et forêts. Classe : Mammifères...

  • CERCOPITHÈQUE

    • Écrit par Marie-Claude BOMSEL
    • 435 mots

    Singe de taille moyenne, au corps svelte et à longue queue non préhensile, vivant dans les forêts africaines, au sud du Sahara. Classe : Mammifères ; ordre : Primates ; famille : Cercopithécidés.

    Autrefois appelés « guenons », les cercopithèques, représentés par plus de vingt espèces, ont...

  • CHASSEURS-CUEILLEURS (archéologie)

    • Écrit par Jean-Paul DEMOULE
    • 4 727 mots
    • 3 médias

    Que l’on remonte aux premières formes humaines identifiées, il y a près de 7 millions d’années, ou seulement à l’apparition d’Homo sapiens, il y a quelque 300 000 ans, l’humanité a pour l’essentiel vécu de chasse, de pêche et de cueillette. Les premières sociétés agricoles ne...

  • CHIMPANZÉ

    • Écrit par Marie-Claude BOMSEL
    • 639 mots
    • 1 média

    Grand singe au pelage noir, moins lourd que le gorille, vivant dans les forêts denses et les savanes boisées de l'ouest et du centre de l'Afrique (du Sénégal au côté ouest de la Tanzanie). Classe : Mammifères ; ordre : Primates ; famille : Hominidés. Effectifs : 320 000....

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Voir aussi