PRIMATES

Habitat et comportement alimentaire

Répartition géographique

Comme le souligne Martin (1984), les Primates sont inféodés aux zones tropicales et subtropicales de chaque continent, à l'exception de l'Australie. C'est au niveau de l'espèce qu'il convient d'aborder la répartition géographique des Primates, quelle que soit l'échelle que l'on utilise. Deux genres pourtant sont présents sur deux continents, le genre Papio et le genre Macaca, alors que les autres Primates sont confinés soit à un continent (Platyrhiniens, Amérique centrale et du Sud), soit à un micro-continent (Madagascar). Sept espèces de Primates seulement ont une aire de répartition vaste (supérieure à 6 millions de km2), mais à l'opposé soixante et onze espèces ont de petites, voire très petites, aires de répartition (de 500 000 à moins de 100 000 km2) : vingt-cinq d'entre elles sont insulaires.

Milieux de vie

Bien que 80 p. 100 des espèces de Primates vivent en forêt humide, sur chaque continent, plus de la moitié des espèces s'accommodent des zones boisées plus sèches ou des savanes boisées, ce qui marque chez certaines la tendance à la terrestrialité, aboutissant parfois même à l'installation en zones désertiques (babouin hamadryas, gelada) ou sur des crêtes rocheuses (magot de Barbarie, en Kabylie). La répartition en altitude est, elle aussi, très large, du niveau de la mer aux sommets des montagnes. Plusieurs espèces se rencontrent au-dessus de 4 000 mètres d'altitude en Afrique, aussi bien dans les forêts (Colobus guereza, Cercopithecus aethiops, C. cephus) que sur les plateaux semi-désertiques (Theropithecus gelada), ou en Asie, dans les régions himalayennes (Presbytis entellus, Macaca mulatta, Rhinopithecus bietei). D'autres habitent de manière saisonnière dans des zones enneigées des régions tempérées, comme les macaques japonais (Macaca fuscata) et le macaque de Barbarie ou magot (Macaca sylvanus).

Le constat biogéographique qui précise la répartition et l'extension des peuplements ne rend pas compte de la diversité des habitats. Ainsi, une forêt peut être côtière, de plaine ou d'altitude, tropicale, subtropicale ou tempérée, primaire ou secondaire, décidue ou sempervirente ; elle peut être inondée, constamment ou temporairement, ou située sur les berges des rivières ; elle peut être sèche, voire composée d'arbres épineux, ou humide, ou arrosée par la mousson. Ces différents types de forêts sont susceptibles de représenter des « refuges », véritables îlots auxquels s'inféodent certaines espèces ou sous-espèces qui y évoluent séparément (Oates, 1988). En revanche, une même espèce peut coloniser aussi bien les forêts tropicales primaires ou secondaires que des marais d'eau douce, la mangrove ou les milieux urbains. Cette dernière caractéristique est principalement l'apanage des espèces asiatiques, en Inde et dans tout le Sud-Est asiatique. Les plantations agricoles ont souvent attiré les Primates et les ont fait classer comme « nuisibles ». Une autre forme de commensalisme s'est développée en Arabie Saoudite où les babouins hamadryas exploitent les dépôts d'ordures. En fait, la notion d'habitat doit être considérée à plusieurs niveaux, dans ses grandes caractéristiques (cf. supra) et dans sa structure fine, impliquant son hétérogénéité et sa réelle complexité. La richesse en espèces végétales d'un milieu ne suffit pas à le rendre adéquat pour supporter une population de Primates. Il faut considérer cette richesse spécifique en relation avec la phénologie : les milieux les plus favorables ne sont pas nécessairement ceux qui apparaissent les plus luxuriants mais ceux qui peuvent fournir tout au long de l'année les ressources nécessaires aux Primates (Menard et al., 1987).

Sites[...]

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Écrit par

  • Bertrand L. DEPUTTE : docteur en éthologie, docteur ès sciences, professeur à l'École nationale vétérinaire d'Alfort

Classification

Pour citer cet article

Bertrand L. DEPUTTE, « PRIMATES », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Média

Singes douroucoulis

Singes douroucoulis

Singes douroucoulis

Douroucoulis (Aotus oedipus), seuls singes nocturnes d'Amérique du Sud.

Tamarin

Tamarin

Tamarin

Le tamarin pinché (Saguinus oedipus), petit singe primitif d'Amérique du Sud à longue queue non…

Ouistiti

Ouistiti

Ouistiti

Ouistiti à pinceaux (Callithrix jacchus), petit singe peuplant les forêts tropicales et les savanes…

Autres références

  • BABOUIN

    • Écrit par Marie-Claude BOMSEL
    • 365 mots
    • 2 médias

    Singe au corps puissant, caractérisé par un museau allongé et nu comme celui du chien, d'où leur autre nom commun de cynocéphale (signifiant « tête de chien »). Répartition géographique : Afrique centrale, Afrique du Sud et Arabie. Habitat : savanes, collines rocheuses et forêts. Classe :...

  • CERCOPITHÈQUE

    • Écrit par Marie-Claude BOMSEL
    • 383 mots

    Singe de taille moyenne, au corps svelte et à longue queue non préhensile, vivant dans les forêts africaines, au sud du Sahara. Classe : Mammifères ; ordre : Primates ; famille : Cercopithécidés.

    Autrefois appelés « guenons », les cercopithèques, représentés par plus de vingt espèces,...

  • CHASSEURS-CUEILLEURS (archéologie)

    • Écrit par Jean-Paul DEMOULE
    • 4 160 mots
    • 3 médias

    Que l’on remonte aux premières formes humaines identifiées, il y a près de 7 millions d’années, ou seulement à l’apparition d’H omo sapiens, il y a quelque 300 000 ans, l’humanité a pour l’essentiel vécu de chasse, de pêche et de cueillette. Les premières sociétés agricoles...

  • CHIMPANZÉ

    • Écrit par Marie-Claude BOMSEL
    • 563 mots
    • 1 média

    Grand singe au pelage noir, moins lourd que le gorille, vivant dans les forêts denses et les savanes boisées de l'ouest et du centre de l'Afrique (du Sénégal au côté ouest de la Tanzanie). Classe : Mammifères ; ordre : Primates ; famille : Hominidés. Effectifs : 320 000....

  • COMPORTEMENT ANIMAL - Comportement social

    • Écrit par Dalila BOVET
    • 3 177 mots
    • 9 médias
    Le primatologue Frans de Waal a été le premier à comprendre, à la fin du xx e siècle, l'importance des réconciliations chez lesprimates. En effet, celles-ci permettent de restaurer les bonnes relations entre les ex-adversaires et, donc, d'éviter une escalade de la violence. Chez les ...
  • Afficher les 28 références

Voir aussi