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POSITIVISME

Le positivisme et l'évolution de la science positive

Francis Bacon - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Francis Bacon

C'est à Descartes, auquel il associe Francis Bacon et Galilée, que Comte fait remonter les principes de la philosophie positive : « L'époque où [les sciences] ont commencé à devenir vraiment positives doit être rapportée à Bacon, qui a donné le premier signal de cette grande révolution ; à Galilée, son contemporain, qui en a donné le premier exemple, et enfin à Descartes, qui a irrévocablement détruit dans les esprits le joug de l'autorité en matière scientifique. C'est alors que la philosophie naturelle a pris naissance et que la capacité scientifique a eu son véritable caractère, celui d'élément spirituel d'un nouveau système social » (Sommaire appréciation de l'ensemble du passé moderne). Les prédécesseurs du positivisme comme épistémologie et comme philosophie sont à identifier aux prédécesseurs et formateurs de la science positive, produit de ce que Comte désigne par l'esprit positif, qui est lui-même la seule attitude véritablement apte à la combinaison de la statique (les lois naturelles de notre organisation physiologique et sociale) et de la dynamique (les lois historiques de notre évolution sociale). Aussi, contre une fausse interprétation du positivisme, faut-il insister sur la condition sine qua non du positivisme épistémologique, à savoir le concept de progrès. En 1584, Giordano Bruno, dans Le Banquet des cendres, met en lumière que la vérité est en progrès, le progrès lui-même impliquant le dialogue avec la nature, un dialogue fondé sur l'expérience et formulé grâce aux mathématiques : ainsi se présente le De motu de Galilée en 1590.

À la permanence de la nature s'affronte le mouvement de l'expérience humaine faisant intervenir le facteur temps au sein de la méthode apparue nécessaire, comme le montrent Galilée dans ses Discours sur le flux et le reflux (1618) et Francis Bacon dans son Novum organum (1620). Le temps de la méthode pour découvrir, méthode instaurée par Descartes dans son Discours (1637), et le temps des découvertes qui s'est écoulé depuis Copernic et qu'illustrera Fontenelle, se trouvent impliqués dans la réalité du temps d'éveil de la connaissance dans les sensations, auquel s'intéresseront Gassendi, puis La Mettrie et Locke. L'esprit positif est ainsi indissociable de l'histoire ; celle-ci suit un cours nécessaire qui permet à notre intelligence l'accès à la « positivité rationnelle » formulée par Auguste Comte dans le Discours sur l'esprit positif en 1844 et définie par l'établissement des lois naturelles dans la constante subordination de l'imagination à l'observation.

La révolution scientifique commence au Moyen Âge par une première phase de réévaluation des arts qui s'étend jusqu'aux xve et xvie siècles, alors que ni la manipulation ni l'analyse de la nature ne sont encore permises, mais que s'instaure déjà le dialogue : Comte évoque cette période qui, grosse de la « capacité scientifique » et de la « capacité industrielle » (Sommaire appréciation de l'ensemble du passé moderne), est celle de Roger Bacon (1214-1294), le pionnier de la méthode expérimentale. La deuxième phase est celle de la trinité honorée par Comte et que forment Francis Bacon, Galilée et Descartes ; c'est l'époque de « la mémorable crise où l'ensemble du régime ontologique a commencé à succomber, dans tout l'Occident européen » (Discours sur l'esprit positif). Francis Bacon s'impose aux yeux de Comte par ses préceptes et par son vœu de voir construire une scala intellectus « permettant à nos pensées habituelles de passer sans effort des moindres sujets aux plus éminents, ou en sens inverse, avec un sentiment continu de leur intime solidarité naturelle » (Système[...]

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Écrit par

  • : docteur d'État ès lettres et sciences humaines, maître de conférences de philosophie à l'université d'Amiens

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Auguste Comte - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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