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PATRISTIQUE

Le terme « patristique » peut désigner tout d'abord une partie de la théologie chrétienne qui systématise les enseignements de certains écrivains de l'Antiquité chrétienne, considérés comme Pères de l'Église par un choix de la tradition ecclésiastique et tenus, à cause de cela, pour d'authentiques garants de la foi orthodoxe. Il peut aussi désigner (conjointement avec le terme « patrologie ») l'étude littéraire des œuvres des Pères de l'Église, et même, sous l'influence des exigences de la critique historique, l'étude littéraire de l'ensemble des écrivains de l'Antiquité chrétienne. Sous cette même influence, la théologie patristique a fait place à l'histoire des dogmes, qui a pour objet l'évolution des croyances chrétiennes telle qu'on peut la reconstituer grâce au témoignage des écrivains chrétiens. L'adjectif « patristique » peut donc avoir un sens strictement théologique et désigner la doctrine des Pères de l'Église envisagée du point de vue de la théologie ; il peut avoir un sens plus vaste et désigner l'ensemble des écrivains chrétiens de l'Antiquité, ou de la période (du ier aux viie et viiie s.) que l'on considère habituellement comme l'Antiquité chrétienne. Dans le présent article, le terme de Père de l'Église sera souvent utilisé pour désigner des écrivains chrétiens qui ne figurent pas dans la liste canonique des Pères retenue par les théologiens.

L'étude de la patristique offre plusieurs intérêts. Tout d'abord, elle permet de suivre l'évolution du christianisme depuis son état primitif jusqu'à la forme qu'il a prise à l'aurore du Moyen Âge. Cette évolution est due en partie à l'action des fortes personnalités que furent certains Pères de l'Église. En second lieu, elle fait entrevoir la naissance d'un nouvel univers spirituel, au sein duquel la pensée et la littérature, non seulement du Moyen Âge mais du monde moderne, ont pris leur essor.

Patristique et théologie

Les Pères de l'Église

Le terme patristica apparaît, avec l'expression patristica theologia, seulement au xviie siècle dans la théologie luthérienne pour désigner par opposition à la theologia biblica, ou symbolica, ou speculativa, la partie de l'enseignement théologique qui systématise l'enseignement des Pères de l'Église. C'est ainsi que la définit, par exemple, F. Buddaeus dans son Isagoge historico-theologica ad theologica universalem (Leipzig, 1730). Mais, si le mot apparaît assez tardivement, la notion, celle d'une doctrine authentique professée par une suite de docteurs faisant autorité et garants de la pureté de l'orthodoxie, est essentielle au christianisme (et d'ailleurs à toute religion fondée sur l'autorité d'un livre et sur la tradition). L'appellation de Père pour désigner ces docteurs remonte à la plus haute antiquité. Elle correspond tout d'abord à la relation de maître à disciple dans la chaîne de tradition vivante (et parfois secrète) dont les premiers chrétiens se plaisent à souligner la continuité et l'unité depuis le Christ et les Apôtres jusqu'à eux : « Ces maîtres, conservant la tradition authentique du bienheureux enseignement issu tout droit des saints Apôtres Pierre, Jacques, Jean et Paul, chaque fils recevant l'enseignement de son père – et rares sont les fils qui sont pleinement à l'image de leur père –, se sont perpétués jusqu'à notre époque, grâce à Dieu, pour déposer en nous ces belles semences de leurs ancêtres et des Apôtres » (Clément d'Alexandrie, Stromates, I, i, 11, 5). Les maîtres spirituels des différentes communautés chrétiennes, c'est-à-dire les évêques, reçoivent donc communément ce titre de Père (par exemple, Martyre[...]

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Pour citer cet article

Pierre HADOT. PATRISTIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALEXANDRIE ÉCOLE PHILOSOPHIQUE D'

    • Écrit par Jean PÉPIN
    • 2 186 mots
    ...dans l'école théologique que les évêques d'Alexandrie instituèrent en leur cité à la fin du iie siècle. Le premier maître en fut Pantène, vers 180 ; ses deux successeurs surtout sont illustres : Clément d'Alexandrie et Origène. L'un et l'autre sont, avant tout, des théologiens et des spirituels...
  • ALLÉGORISTES CHRÉTIENS

    • Écrit par Richard GOULET
    • 668 mots

    À la suite des philosophes païens qui interprétaient les mythes traditionnels de l'hellénisme en dévoilant la signification philosophique cachée (morale ou physique) qu'ils contenaient, les Juifs (Aristobule et Philon d'Alexandrie) puis les chrétiens ont dégagé des saintes Écritures des sens...

  • APOLLINAIRE DE LAODICÉE (310 env.-env. 390)

    • Écrit par Richard GOULET
    • 536 mots

    Originaire de Laodicée en Syrie, Apollinaire reçut une formation philosophique et rhétorique qui lui permit de jouer dans l'Église un rôle important comme porte-parole auprès des païens et comme théologien. Lorsqu'il fut élu à l'épiscopat en 361, l'empereur Julien commençait son œuvre de restauration...

  • ARNOBE (260?-? 327)

    • Écrit par Élizabeth BINE
    • 305 mots

    Vivant à l'époque de l'empereur Dioclétien, Arnobe se range parmi les apologistes chrétiens. Après avoir longtemps enseigné la rhétorique à Sicca Veneria, en Afrique proconsulaire, il se convertit tardivement au christianisme, vers soixante ans. L'évêque dont il dépendait conçut quelques doutes sur...

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