Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PALÉONTOLOGIE

Paléozoologie

Comme au temps de Cuvier, le paléontologue demeure toujours un « antiquaire d'une espèce nouvelle ». Il doit apprendre à restaurer les monuments passés et en déchiffrer le sens, à recueillir et à rapprocher dans leur ordre primitif des fossiles presque toujours isolés, épars, souvent mutilés, brisés ou réduits en fragments. Pour dissiper ces embarras, le paléontologue utilise un principe que lui fournit l'anatomie comparée, le principe de la corrélation des organes, au moyen duquel chaque être pourrait être reconnu par chaque fragment de chacune de ses parties : « Tout être organisé, disait Cuvier, forme un ensemble, un système unique et clos, dont les parties se correspondent mutuellement et concourent à une même action définitive par une réaction réciproque. Aucune de ces parties ne peut changer sans que les autres changent aussi, et, par conséquent, chacune d'elles, prise séparément, indique et donne toutes les autres. » À ce principe doit être ajouté le principe des connexions : un organe est toujours dans un rapport constant de situation avec tel autre organe donné, lequel, à son tour, est dans un rapport constant de situation avec un autre, de sorte que la situation peut servir à reconnaître l'organe, sous quelque forme qu'il se présente.

Pour le paléontologue, corrélations et connexions sont complémentaires. Le principe des corrélations, par voie de synthèse, permet de retrouver l'animal tout entier à l'aide d'une de ses parties ; celui des connexions rend possible de situer l'animal dans la série dont il est un anneau et de ramener les différences à l'identité. L'évolution n'est pas créatrice parce qu'elle fait apparaître des organes nouveaux, mais parce qu'elle assemble d'une manière nouvelle des organes anciens. C'est ce que la paléontologie établit, du moins tout au long de la phase accessible de l'histoire des fossiles ; elle devient une paléoanatomie, elle-même subdivisée en branches secondaires, par exemple la paléoneurologie (cf. ostracodermes) ou la paléohistologie (cf. os).

La paléohistologie, ou étude microscopique du tissu osseux des Vertébrés fossiles, nous éclaire du point de vue mécanique sur le comportement, l'allure de quelques grands animaux terrestres comme les Dinosauriens ; du point de vue physiologique, elle nous permet de reconstituer l'histoire d'un phénomène particulièrement important comme l'homéothermie, qui semble apparaître dans nombre de formes reptiliennes.

Troodon - crédits : Encyclopædia Universalis France

Troodon

La paléoneurologie peut se définir, au sens large, comme l'histoire du système nerveux ; elle se réduira le plus souvent à l'étude de l'encéphale. Le paléontologue doit en effet partir, pour ses reconstitutions, du squelette, et seul, dans l'ensemble du système nerveux, l'encéphale soutient avec le squelette des rapports suffisamment étroits pour qu'on puisse en obtenir, par moulage de la cavité cérébrale, une image d'ailleurs souvent imprécise.

C'est sans doute à Cuvier qu'il faut attribuer les premières recherches sur l'encéphale des Mammifères disparus.

Vers la fin du xixe siècle, le paléontologue américain Marsh crut pouvoir déduire de ses observations paléontologiques les « lois » de l'évolution du cerveau. Tentative prématurée, mais qui, comme toujours quand il y a beaucoup d'oppositions, contribua au développement de nos connaissances sur l'histoire paléontologique du cerveau.

À peu près au même moment, mais dans une perspective différente, Albert Gaudry reprend, en France, les mêmes problèmes. Il admet, tout d'abord, que les progrès de l'intelligence sont liés, dans une certaine mesure, au développement de la substance nerveuse. Et, suivant à travers les âges géologiques les modifications progressives de l'encéphale, il tente de retracer[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : membre de l'Académie des sciences, professeur émérite à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
  • : professeur émérite, Muséum national d'histoire naturelle, Paris
  • : professeur honoraire à la Sorbonne, membre de l'Académie des sciences

Classification

Pour citer cet article

Édouard BOUREAU, Patrick DE WEVER et Jean PIVETEAU. PALÉONTOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Georges Cuvier - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

Georges Cuvier

Georges Cuvier et la paléontologie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Georges Cuvier et la paléontologie

Troodon - crédits : Encyclopædia Universalis France

Troodon

Autres références

  • ACANTHODIENS

    • Écrit par Philippe JANVIER
    • 817 mots
    • 4 médias

    Les acanthodiens (Acanthodii Owen, 1846 ; du gr. acantha, épine) sont un groupe de vertébrés à mâchoires, ou gnathostomes, éteints, connus par des fossiles de l'ère primaire, ou Paléozoïque. Ils sont les plus anciens gnathostomes certains à apparaître dans le registre fossile, à...

  • ACTINOPTÉRYGIENS

    • Écrit par Philippe JANVIER
    • 2 756 mots
    • 9 médias
    Les actinoptérygiens fossiles sont abondants depuis la fin du Dévonien (370 Ma) et souvent représentés par des individus complets. Ainsi, les données paléontologiques ont largement contribué à la connaissance de l'histoire évolutive et de la phylogénie du groupe.
  • AGASSIZ LOUIS (1807-1873)

    • Écrit par Stéphane SCHMITT
    • 1 396 mots
    • 1 média

    Naturaliste américain d’origine suisse, Louis Agassiz a effectué d’importants travaux en anatomie comparée et en paléontologie. Il est connu pour avoir été l’un des adversaires les plus acharnés de la théorie de l’évolution et l’un des fondateurs de la glaciologie.

  • ALBERTOSAURUS

    • Écrit par Universalis
    • 309 mots

    Genre de grands dinosauresthéropodes carnivores du Crétacé supérieur (environ 80 millions d'années), trouvé à l'état fossile en Amérique du Nord. Les albertosaures constituent un sous-groupe des Tyrannosaures.

    Par sa structure et ses mœurs supposées, Albertosaurus ressemblait...

  • Afficher les 218 références

Voir aussi