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FOSSILES

Les êtres qui ont vécu au cours des temps géologiques ont laissé de nombreux témoignages de leur existence, sous des formes extrêmement diverses. Ce sont les fossiles. Certains animaux et végétaux ont même survécu jusqu'à nos jours à travers les vicissitudes de l'histoire géologique, tels les Lingules, les Limules, les Nautiles, le Cœlacanthe, le Sphénodon, l'Okapi, le Ginkgo, etc. On les appelle fossiles vivants. Ils sont cependant des exceptions, et si les géologues et les paléontologistes peuvent aujourd'hui reconstituer l'histoire de la Terre et l'évolution des êtres vivants depuis leur origine, c'est surtout grâce aux vestiges des espèces à présent disparues. On donne le nom de fossilisation aux phénomènes complexes ayant permis la conservation des organismes après leur mort, et se manifestant essentiellement par des modifications et par des échanges plus ou moins importants de substances minérales avec le milieu géologique. Par extension, le terme « fossilisation » peut désigner la conservation d'un relief, d'un sol, etc., ou encore l'enregistrement d'un événement quelconque dans l'écorce terrestre, une inversion du champ géomagnétique, par exemple.

Les fossiles vivants

Découvert en 1957 par l'Américain Sanders sur les côtes du Massachusetts, Hutchinsoniella est un Crustacé de trois millimètres de long au biotope tout à fait original : il vit en effet dans la vase en train de floculer, par trente à quarante mètres de fond. La morphologie d'Hutchinsoniella frappe par son aspect primitif : il est très allongé et possède dix-neuf segments. La tête est en forme de croissant, les neuf segments suivants portent des appendices très généralisés, très semblables entre eux. Les dix derniers n'en possèdent pas. Hutchinsoniella est un représentant des Céphalocarides, crustacés très anciens, typiques de la structure des crustacés au début du Primaire et qui conservent même des caractéristiques étonnamment primitives et « généralisées » pour les Arthropodes. Il y a lieu de croire que l'habitat très particulier des Céphalocarides correspond à un type de biotope qui a traversé sans grands changements toutes les époques géologiques. Les espèces adaptées à ce milieu s'y sont spécialisées (absence d'yeux), mais en conservant par ailleurs leurs traits primitifs. Nous avons là l'exemple de la pérennité d'un fossile vivant, directement associée à la pérennité d'un milieu.

En 1958, le Congrès zoologique de Londres est ému par la description du fameux mollusque de la Galathea, baptisé Neopilina galatheae. Il s'agit, en effet, d'un représentant actuel des Monoplacophores, classe de Mollusques connus seulement jusque-là par des coquilles cambrio-siluriennes (début de l'ère primaire). L'étude des parties molles révèle une structure étonnamment primitive. La métamérie (segmentation) du corps est très nette alors qu'elle n'avait jamais été mise en évidence chez les autres mollusques. Les muscles, les branchies, les auricules circulatoires, les organes excréteurs et le système nerveux sont encore organisés de façon régulièrement segmentaire, un peu comme chez les vers annélides. Neopilina conserve ainsi dans la nature actuelle les caractères d'une classe très primitive de mollusques que l'on croyait éteinte depuis le Silurien. Mais ces Monoplacophores fossiles étaient sans doute des animaux vivant sur les côtes, à faible profondeur, alors que leurs descendants actuels se sont adaptés à la vie abyssale. Une évolution morphologique minime a donc accompagné une évolution écophysiologique considérable, les Monoplacophores ayant dû changer de milieu pour survivre, en colonisant à leur profit le domaine abyssal qui leur sert actuellement de refuge.

Dans le cas du cœlacanthe Latimeria[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire à la faculté des sciences de Paris, membre de l'Académie des sciences d'outre-mer
  • : professeur au Collège de France, chaire de biologie historique et évolutionnisme

Classification

Pour citer cet article

Raymond FURON et Armand de RICQLÈS. FOSSILES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Insecte prisonnier de l'ambre - crédits : Jochen/ Fotosearch LBRF/ Age Fotostock

Insecte prisonnier de l'ambre

Autres références

  • COMMERCE DES FOSSILES

    • Écrit par Eric BUFFETAUT
    • 2 938 mots
    • 3 médias

    Les médias font régulièrement état de ventes aux enchères de squelettes de dinosaures et d’autres grands animaux disparus, qui peuvent atteindre des prix vertigineux. Le record en la matière semble être détenu par un squelette de Tyrannosaurus rex vendu 31,8 millions de dollars en 2020 et...

  • FOSSILE, notion de

    • Écrit par Eric BUFFETAUT
    • 1 241 mots

    Le terme fossile dérive du latin fodere, qui signifie « creuser », « extraire en creusant ». Jusqu'au xviiie siècle, il désignait non seulement les restes « pétrifiés » de plantes et d'animaux, mais aussi toute substance extraite du sol ou du sous-sol (roches, minéraux, minerais...). Ce...

  • ACANTHODIENS

    • Écrit par Philippe JANVIER
    • 817 mots
    • 4 médias

    Les acanthodiens (Acanthodii Owen, 1846 ; du gr. acantha, épine) sont un groupe de vertébrés à mâchoires, ou gnathostomes, éteints, connus par des fossiles de l'ère primaire, ou Paléozoïque. Ils sont les plus anciens gnathostomes certains à apparaître dans le registre fossile, à...

  • ACTINOPTÉRYGIENS

    • Écrit par Philippe JANVIER
    • 2 756 mots
    • 9 médias
    Les actinoptérygiens fossiles sont abondants depuis la fin du Dévonien (370 Ma) et souvent représentés par des individus complets. Ainsi, les données paléontologiques ont largement contribué à la connaissance de l'histoire évolutive et de la phylogénie du groupe.
  • AGASSIZ LOUIS (1807-1873)

    • Écrit par Stéphane SCHMITT
    • 1 396 mots
    • 1 média
    ...de 1832, Agassiz enseigne au collège de Neuchâtel, récemment fondé, et continue de publier les résultats de ses recherches sur les animaux actuels et fossiles, ce qui lui vaut une solide réputation scientifique et son élection dans plusieurs sociétés savantes, comme la RoyalSociety de Londres. En...
  • ÂGE DE LA TERRE

    • Écrit par Pascal RICHET
    • 5 143 mots
    • 5 médias
    En parallèle, les fossiles étaient peu à peu revenus sur le devant de la scène, car leur ubiquité jusqu’aux sommets des hautes montagnes rendait difficile d’attribuer leur dépôt au seul épisode du Déluge. On put douter de leur origine organique en imaginant qu’ils étaient des « jeux de la nature », des...
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Voir aussi