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PALÉONTOLOGIE

Paléobotanique

La plupart des végétaux fossiles ont été conservés grâce à la lignine, la plus abondante des substances organiques créées par la vie. Les nombreux végétaux vasculaires fossiles connus sont postérieurs à la base du Dévonien inférieur. Ils datent donc au plus de 450 millions d'années. Toutefois, les premières traces de vie végétale remontent au Précambrien inférieur, époque encore plus reculée : les organismes signalés par Pflug en 1966 dans les quartzites d'Isua (sud-ouest du Groenland) remontent à — 3 800 millions d'années.

L'évolution des plantes s'étale ainsi sur une énorme durée. On conçoit alors que l'étude limitée aux espèces vivantes ne concerne qu'une infime portion du règne végétal placée aux extrémités de phylums ayant résisté aux agressions sélectives des milieux successifs. Cette partie est insuffisante pour donner une image valable et cohérente de la phylogénie des plantes. Il faut nécessairement avoir recours aux végétaux fossiles.

Ceux-ci, souvent très fragmentaires, peuvent être étudiés sous des aspects différents : morphologiques, chimiques, écologiques, stratigraphiques, géographiques, climatologiques, systématiques, etc. La paléobotanique est donc liée à plusieurs spécialités relevant de la biologie végétale et des sciences de la Terre.

Fossilisation des végétaux

Un débris végétal, même très ancien, peut être intact et avoir le même aspect qu'un végétal actuel, avec ses structures lignifiées et ses épidermes cutinisés. Il n'y a donc aucun rapport entre le degré de transformation au cours de sa fossilisation et l'âge du fossile.

Le reste végétal apparaît parfois sous la forme d'empreintes laissées sur une roche sans trace de substance organique ; mais des feuilles ou des rameaux très anciens peuvent être parfaitement conservés, par exemple sous des argiles imperméables, de sorte que l'on peut mettre ces restes en herbier. La paroi cellulaire constituée de cellulose, de lignine et de cutine peut s'enrichir de substances variées telles que le silicium, le calcium, le fer ou le cuivre. Ainsi renforcées et devenues encore plus imperméables, les membranes conservent les contenus cellulaires avec leurs oléorésines et même leur noyau.

Dans d'autres cas, les cavités habituelles de l'organisme, comme les lacunes médullaires, se remplissent de sédiments constituant un moulage qui épouse les reliefs internes de la plante (moulages médullaires de Calamites). Dans des sédiments calcaires comme les travertins, la disparition complète de la matière organique d'une plante ne laisse que des cavités vides ; leur remplissage par du plâtre ou des substances plastiques, puis la dissolution de la roche encaissante avec un acide, permettent de retrouver la morphologie de la plante.

À ces divers modes de conservation correspondent des procédés différents d'observation : par exemple, constitution avec une substance plastique de répliques de feuilles ou de structures qui impriment leurs reliefs ; transfert d'un organe conservé dans un schiste sur une lame de verre ; observation macroscopique d'organes fossiles mis en herbier ; réalisation de lames minces permettant l'observation microscopique des tissus de végétaux silicifiés sciés avec un disque diamanté et polis sur des tours à l'aide d'abrasifs de plus en plus fins.

À côté de ces conservations classiques, le paléontologue bénéficie parfois de préservations exceptionnelles liées à des phénomènes bien particuliers. C’est ainsi que des manifestations volcaniques siliceuses au cours du Dévonien ont littéralement figé la flore environnante, permettant aujourd’hui de retrouver les éléments dans un parfait état. La flore de Rhynie, en Écosse, permet de voir des cellules en cours de division, figées par le fluide, ou encore l’émission, à partir[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Académie des sciences, professeur émérite à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
  • : professeur émérite, Muséum national d'histoire naturelle, Paris
  • : professeur honoraire à la Sorbonne, membre de l'Académie des sciences

Classification

Pour citer cet article

Édouard BOUREAU, Patrick DE WEVER et Jean PIVETEAU. PALÉONTOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Georges Cuvier - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

Georges Cuvier

Georges Cuvier et la paléontologie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Georges Cuvier et la paléontologie

Troodon - crédits : Encyclopædia Universalis France

Troodon

Autres références

  • ACANTHODIENS

    • Écrit par Philippe JANVIER
    • 817 mots
    • 4 médias

    Les acanthodiens (Acanthodii Owen, 1846 ; du gr. acantha, épine) sont un groupe de vertébrés à mâchoires, ou gnathostomes, éteints, connus par des fossiles de l'ère primaire, ou Paléozoïque. Ils sont les plus anciens gnathostomes certains à apparaître dans le registre fossile, à...

  • ACTINOPTÉRYGIENS

    • Écrit par Philippe JANVIER
    • 2 756 mots
    • 9 médias
    Les actinoptérygiens fossiles sont abondants depuis la fin du Dévonien (370 Ma) et souvent représentés par des individus complets. Ainsi, les données paléontologiques ont largement contribué à la connaissance de l'histoire évolutive et de la phylogénie du groupe.
  • AGASSIZ LOUIS (1807-1873)

    • Écrit par Stéphane SCHMITT
    • 1 396 mots
    • 1 média

    Naturaliste américain d’origine suisse, Louis Agassiz a effectué d’importants travaux en anatomie comparée et en paléontologie. Il est connu pour avoir été l’un des adversaires les plus acharnés de la théorie de l’évolution et l’un des fondateurs de la glaciologie.

  • ALBERTOSAURUS

    • Écrit par Universalis
    • 309 mots

    Genre de grands dinosauresthéropodes carnivores du Crétacé supérieur (environ 80 millions d'années), trouvé à l'état fossile en Amérique du Nord. Les albertosaures constituent un sous-groupe des Tyrannosaures.

    Par sa structure et ses mœurs supposées, Albertosaurus ressemblait...

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Voir aussi