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MIME ET PANTOMIME

La pantomime romantique

Vers 1800, on appelle mimes tous les imitateurs quels qu'ils soient. Un danseur simulant une action sur une musique donnée est un mime. Les spectacles et les scènes à figuration nombreuse que donne le Cirque-Olympique et dans lesquels l'équitation constitue le principal intérêt prennent le nom de pantomimes équestres.

Un décret napoléonien de 1807 réglementa l'activité et l'exploitation des théâtres et les réduisit à huit. Tous les théâtres d'acrobaties disparurent ; seuls les spectacles forains de la place publique et les spectacles à demeure, dits de curiosité – danses de corde, illusionnisme, marionnettes –, subsistèrent. En 1810, le Café d'Apollon obtint la permission de représenter des scènes à deux personnages « sans action et sans suite », c'est-à-dire où tout dialogue était interdit. Néanmoins, en 1815, le spectacle des Funambules est autorisé à couper ses séances d'acrobaties par des pantomimes arlequinades, à condition qu'elles soient interprétées par les « artistes d'agilité » eux-mêmes. Le spectacle de Mme  Saqui, une danseuse de corde, obtint peu après la même permission. Les artistes d'agilité, n'ayant pas de répertoire où puiser, utilisèrent les scènes et les traditions que les arlequins avaient mises à l'épreuve des publics. Bientôt la mode est aux pierrots, dans les trois spectacles parisiens de pantomime ; Jean-Baptiste Gaspard Deburau et Philippe Laurent, un arlequin qui vient d'Angleterre, sont aux Funambules, Félix Chiarini est au spectacle des Acrobates et Blanchard, dit le Corniche pour son gigantesque chapeau de laine, passe à Bobino. Tous se disent « artistes pantomimes », quels que soient leur répertoire et son contenu.

Sur les scènes des théâtres, les polichinelles disputent leur place aux pierrots venus des spectacles d'acrobatie. En 1825, Mazurier, un Français, triomphe à la Porte-Saint-Martin. On voit Pitrot au Vaudeville et au théâtre royal de l'Opéra-Comique ; il finira maître de ballet à l'Opéra de Vienne. William Falkenston, un Anglais, paraît au Gymnase-Dramatique. Spinaletti, un Italien, est aux Variétés. Au Cirque-Olympique, Gaertner, un Allemand, s'inspire de Mazurier. Mais ce sont des acrobates plus que des mimes et des polichinelles.

Pendant vingt ans, Deburau, pierrot en titre des Funambules, sera, grâce à Jules Janin qui lui consacre un livre, le plus connu des mimes des théâtricules du boulevard du Temple. Deburau tire parti au maximum des pièces écrites pour lui, excellant dans la parodie du mitron, du pâtissier, du maçon et des personnages qu'il observe au cours de ses flâneries de quartier. Mais les mimes des Funambules sont toujours réduits au mutisme absolu, la censure ministérielle n'autorisant la représentation que des pièces qui justifient leur titre de pantomime arlequinade. C'est avant 1830 que la pantomime connaît son apogée. Après cette date, Pierrot éclipsera peu à peu tous les types de la commedia dell'arte et donnera son nom, à cause de son grimage et de son costume, à une forme particulière et limitée, dite pantomime blanche.

Philippe Laurent, l'arlequin rival de Deburau, passe sous Louis-Philippe au Cirque-Olympique. Son imagination fertile en inventions mécaniques y trouve à résoudre des problèmes de mises en scène truquées plus compliquées qu'aux Funambules, dernier refuge de l'arlequinade sautante dite italienne et de la pantomime à matériel dite anglaise. Le cirque a épuisé, en effet, tous les fonds de tiroir du mélodrame et de la pantomime équestre. Il présente des pantomimes-féeries avec un luxe de décors et de tableaux à surprises, comme Les Pilules du Diable et Le Mirliton enchanté.

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Pour citer cet article

Tristan RÉMY. MIME ET PANTOMIME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Charles Deburau en Pierrot, Nadar - crédits : AKG-images

Charles Deburau en Pierrot, Nadar

<it>Scaramouche</it>, affiche, 1890 - crédits : AKG-images

Scaramouche, affiche, 1890

Le mime Marceau, vers 1970 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Le mime Marceau, vers 1970

Autres références

  • ANGIOLINI GASPARO (1731-1803)

    • Écrit par Universalis
    • 357 mots

    Chorégraphe, librettiste, compositeur et théoricien italien, Gasparo Angiolini fut l'un des premiers à mêler danse, musique et intrigue dans des ballets dramatiques.

    Né le 9 février 1731, à Florence, Gasparo Angiolini (de son vrai nom Domenico Maria Angelo Gasparini) devient en 1757 maître...

  • BOULEVARD THÉÂTRE DE

    • Écrit par Daniel ZERKI
    • 5 988 mots
    ...voir l'un des premiers mélodrames : Le Brigand de Calabre, de Loaisel de Tréogate. Dès 1792, on pratiquait dans ce théâtre un genre paradoxal : la pantomime parlée. Ces pantomimes étaient à grand spectacle : elles comprenaient de nombreux décors, des costumes, de la musique, des ballets, des intermèdes...
  • CHORÉGRAPHIE - L'art de créer les gestes

    • Écrit par Agnès IZRINE
    • 3 702 mots
    • 6 médias
    ...l'opéra-ballet et le ballet-tragédie, qui sont les héritiers du ballet de cour puisque l'on y parle encore, vont être progressivement remplacés par le ballet-pantomime au cours du xviiie siècle. La chorégraphie seule, aidée de la pantomime, doit alors prendre en charge la totalité du programme narratif...
  • CLOWN

    • Écrit par Tristan RÉMY
    • 2 719 mots
    • 2 médias
    ...sont désignés Philippe Laurent et les siens quand ils débutent au théâtre des Arts de Rouen, en 1820. Ils arrivent du Drury Lane de Londres, avec une pantomime mêlée de danses, Le Diable ermite ou L'Amour triomphant. Philippe Laurent descend de parents français installés en Angleterre à la fin...
  • Afficher les 18 références

Voir aussi