MIME ET PANTOMIME
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Un langage européen
Avec la colonisation romaine, la pantomime se répand dans les pays méditerranéens et d'Europe centrale. Les représentations, organisées pour des spectateurs de langues différentes, favorisent le renouvellement et le développement d'un théâtre de gestes compris par le plus grand nombre des habitants des peuples asservis. Après l'effondrement de l'Empire, au sein de structures sociales disparates et dispersées, les mimes peu soucieux de se soumettre au pouvoir en place reprennent leur liberté d'expression. Ils courent les fêtes populaires, paraissent et disparaissent sur les foires et, les siècles suivants, se mêlent aux pèlerinages, échappant aux entraves des autorités religieuses et poursuivant difficilement l'exercice régulier de leur profession. Aussi la mime ne put survivre que par tradition et ne trouva plus d'auteurs capables de lui fournir des thèmes d'inspiration. Charlemagne chassa de ses États les mimes accusés d'obscénité, les conciles les interdirent.
Plusieurs siècles durant, l'art du geste reparut sporadiquement chez les trouvères et les troubadours en des scènes chantées, de leur invention, allusives ou allégoriques.
La pantomime retrouva sa vogue à la fin du xvie siècle avec l'arrivée des comiques espagnols et italiens à la cour d'Henri III. La tradition castillane de représenter en intermèdes des farces à deux ou trois personnages était passée d'Espagne en Italie, excitant la verve bouffonne des plaisantins locaux de la péninsule qui parodiaient déjà les types singuliers de leur province et poussèrent la caricature jusqu'à créer des personnages particuliers ayant leur psychologie propre et leurs réactions personnelles. Venus en France et incapables, par ignorance des finesses de la langue, de donner au pouvoir des mots toute son intensité, ces comédiens utilisèrent d'abord le comique de gestes et d'attitudes pour s'exprimer et les personnages qu'ils animaient devinrent les héros de l'action théâtrale. Arlequin, Polichinelle, Cassandre, Matamore, le Docteur, Colombine furent les noms génériques d'une spécialité, d'un emploi, d'un rôle ; Arlequin, le premier connu, donna même son nom à une forme de pantomime dite arlequinade sautante ou italienne, plus simplement comédie italienne ou commedia dell'arte. Leurs successeurs établis en France utilisèrent la parole pour exprimer des sentiments, définir des situations, appuyer leurs sauts à terre ou leurs équilibres sur la corde, et inventèrent des canevas. Ils obtinrent des pouvoirs publics le privilège, limité à leur technique des sauts et des empoignades et avec obligation de s'en tenir au genre, d'ouvrir des loges sur les foires parisiennes et des théâtres d'acrobaties. Les spectacles d'acrobates, tels les Grands Danseurs du Roi, l'Ambigu-Comique, les Variétés-Amusantes, subsistèrent jusqu'à la Révolution. Arlequin reste le premier rôle, tandis que Pierrot est celui des pantomimes-féeries à machines, aux décors et accessoires truqués, introduites sur les tréteaux de foire, importées et mises au point sur les scènes londoniennes et dites pantomimes anglaises. Parmi les artistes qui s'illustrèrent alors, il faut citer Bordier, l'arlequin des Variétés-Amusantes, Ange Lazzari celui de son théâtre, Moreau celui de son spectacle du Palais-Royal.
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Écrit par :
- Tristan RÉMY : homme de lettres
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Pour citer l’article
Tristan RÉMY, « MIME ET PANTOMIME », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 18 juin 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/mime-et-pantomime/