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FUNAMBULES

Charles Blondin - crédits : William England/ Hulton Archive/ Getty Images

Charles Blondin

On appelle funambules les danseurs et danseuses de corde. La danse de corde, sans doute la plus ancienne des spécialités acrobatiques, demeure, des siècles durant, la plus populaire. Elle fait fureur à la fin du xviiie siècle ; elle triomphe sous l'Empire. Il n'est point de fêtes publiques sans le concours de funambules. Les danseurs de corde de la foire Saint-Germain portent spencer (veste courte, ouverte et à revers, s'arrêtant à la taille), culotte collante, col suédois et barrette à plume d'autruche. C'est dans cette tenue qu'apparaîtra l'illustre Blondin, le « héros du Niagara », dont les prouesses émerveillent le public de l'Exposition universelle de 1867. Deux pensionnaires du fameux Nicolet avaient pour élève le comte d'Artois, qui, s'il se révéla un roi fort médiocre, semblait doué pour la danse de corde. « C'est une belle jambe », disait de lui Forioso. Il lança la mode : les jeunes courtisans rivalisaient en ronds de jambe et en pas croisés. La Malaga, Mme Saqui, Adeline Robba, Mme Godeau furent de célèbres funambules. Elles dansaient la sabotière, l'anglaise, la gavotte de Vestris et gravissaient la corde oblique dans la « position de la Renommée ». Au xixe siècle, le fil d'archal (laiton) remplace peu à peu la corde. Selon la tension donnée au câble, les artistes travaillent sur « fil dur » ou sur « fil mou ». Sur fil dur, à grande hauteur, les troupes de fil-de-féristes édifient des pyramides humaines ; les porteurs circulent quelquefois sur un vélo, le balancier posé sur le guidon. Sur fil dur, à deux mètres de hauteur, l'artiste tourne des sauts périlleux, fait des équilibres sur une main, sur la tête, esquisse des pas de danse. Sur fil mou, il jongle, en se tenant sur un pied. Après une série de balancements, il donne au câble une élasticité qui permet, par une brusque détente, la réalisation de sauts remarquables. La pratique du funambulisme est souvent un gage de longévité. Wilhelm Kolter mourut à quatre-vingt-treize ans. Mieux encore que Mme Saqui, Mme Porté, ingambe à quatre-vingts ans, dansait toujours sur la corde dans les foires patronales. Blondin, à la fin du xixe siècle, figurait encore au programme d'un petit cirque bordelais. Personne ne voulait croire que ce septuagénaire était le vrai Blondin. Djelmako mourut à soixante-dix-sept ans... en tombant de son câble.

« Les Funambules » deviendra en 1813 le nom d'un théâtre populaire, célébré au cinéma dans Les Enfants du paradis, de Prévert et Carné, plus populaire encore lorsque son directeur, Michel Bertrand, obtiendra deux ans plus tard l'autorisation de couper les numéros d'acrobatie de son spectacle par des « pantomimes arlequinades », muettes ainsi que l'exigeait la censure. Ce fut le départ pour ce théâtre d'une prestigieuse carrière à l'époque du romantisme.

— Jean BAUDEZ

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Pour citer cet article

Jean BAUDEZ. FUNAMBULES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Charles Blondin - crédits : William England/ Hulton Archive/ Getty Images

Charles Blondin

Autres références

  • MIME ET PANTOMIME

    • Écrit par Tristan RÉMY
    • 2 882 mots
    • 4 médias
    ...représenter des scènes à deux personnages « sans action et sans suite », c'est-à-dire où tout dialogue était interdit. Néanmoins, en 1815, le spectacle des Funambules est autorisé à couper ses séances d'acrobaties par des pantomimes arlequinades, à condition qu'elles soient interprétées par les « artistes...
  • SAQUI LES (XVIIIe-XIXe s.)

    • Écrit par Jean BAUDEZ
    • 597 mots

    En 1791, un Lalanne (d'une famille de bateleurs parisiens) qui tient l'emploi de premier danseur chez Nicolet sous le nom de Navarin le Fameux, présente sa fille Marguerite (1786-1866), alors âgée de cinq ans. Portée à bout de bras, elle se renverse en arrière pour saisir entre ses lèvres une pièce...

Voir aussi