Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

JORDANIE

Nom officiel

Royaume hachémite de Jordanie (JO)

    Chef de l'État et du gouvernement

    Le roi Abdallah II (depuis le 7 février 1999). Premier ministre : Bisher al-Khasawneh (depuis le 12 octobre 2020)

      Capitale

      Amman

        Langue officielle

        Arabe

          Unité monétaire

          Dinar jordanien (JOD)

            Population (estim.) 11 680 000 (2024)
              Superficie 89 318 km²

                Les incertitudes et la longue transition

                La crise du Golfe

                Ayant pratiqué, depuis 1982, une politique à hauts risques, le roi Hussein peut espérer, au début de 1989, quelque répit. La création d'un Conseil de coopération arabe, à Bagdad, le 16 février ouvre d'heureuses perspectives de coopération économique pour la Jordanie avec l'Irak, l'Égypte et le Yémen du Nord, qui en sont membres. Mais, entre le 18 avril et le 1er mai, des manifestations contre la politique économique et la vie chère, d'une violence sans précédent (8 morts), dans des régions comme Ma'an et Karak, connues pour leur attachement au souverain, rappellent celui-ci à la dure réalité. Le Premier ministre, Zeid Rifaï, devenu extrêmement impopulaire, et son gouvernement démissionnent (24 avr.). Le maréchal Zeid Ben Chaker, cousin du roi et chef de son cabinet, forme le nouveau gouvernement dont l'une des premières missions est l'organisation de prochaines élections législatives. Les Jordaniens réclament, en effet, une plus large part de responsabilité dans la participation au pouvoir. Les élections, les premières depuis vingt-deux ans, ont lieu le 8 novembre. Les islamistes enlèvent trente et un des quatre-vingts sièges, les Frères musulmans en obtenant vingt à eux seuls ; ils catalysent le vote protestataire et, possédant l'expérience et la cohérence qui font défaut aux autres formations, remportent une spectaculaire victoire. Moudar Badrane, nommé Premier ministre, forme, le 6 décembre, un cabinet, mais sans la participation des islamistes, lesquels refusent de s'y associer. Tandis que le roi déclare vouloir poursuivre le processus de démocratisation, en faisant désigner (9 avr. 1990) une commission pour l'élaboration d'une Charte nationale, destinée à assurer le bon fonctionnement du pluralisme et à définir un nouveau contrat social, la gauche éprouve quelque difficulté à s'organiser. À l'épreuve politique s'ajoute une situation économique critique, avec, pour trois millions d'habitants, une dette de 8,3 milliards de dollars, une inflation de 30 % (en 1989) et un chômage dépassant 20 % de la population active.

                La violence qui se développe dans les territoires occupés, à la suite du blocage du processus de paix, et l'alignement marqué de la Jordanie sur un Irak jugé de plus en plus menaçant par Israël et par les monarchies du Golfe paralysent, en outre, une diplomatie jugée, jusque-là, comme l'une des plus actives du Proche-Orient. Jamais, depuis 1948, le royaume ne s'est trouvé dans une situation aussi délicate.

                Le 28 mai 1990, à Bagdad, lors du sommet arabe au cours duquel doit être discutée, notamment, la question de la « solidarité » avec Amman, le roi Hussein lance un véritable appel de détresse, principalement aux États pétroliers du Golfe, les exhortant à agir en faveur de son pays « avant qu'il ne soit trop tard ». C'est lors de cette même réunion que le président irakien, Saddam Hussein, menace sans détour de s'en prendre militairement à Israël et fustige la mollesse des monarchies du Golfe. Quelques jours plus tard, la tension monte entre l'Irak et le Koweït. Pressentant l'imminence de la guerre, le roi Hussein – qui, depuis janvier, s'est entremis secrètement entre les deux pays – et ses ministres multiplient, sans succès, les tentatives d'arbitrage d'une capitale à l'autre. Lorsque, le 2 août, le Koweït est attaqué, la Jordanie vote contre la résolution de la Ligue arabe condamnant l'invasion, mais ne reconnaît pas le gouvernement que Bagdad y met en place.

                Hussein, le doyen des dirigeants arabes, a pu imaginer, jusqu'au dernier moment, qu'il était le mieux placé pour conduire une médiation avec l'Irak. Les événements ne l'ont pas permis. Aussi, c'est avec amertume et résignation, mais persuadé qu'il[...]

                La suite de cet article est accessible aux abonnés

                • Des contenus variés, complets et fiables
                • Accessible sur tous les écrans
                • Pas de publicité

                Découvrez nos offres

                Déjà abonné ? Se connecter

                Écrit par

                • : professeur des Universités en science politique
                • : docteur en sociologie politique des relations internationales
                • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

                Classification

                Pour citer cet article

                Philippe DROZ-VINCENT, Universalis et Philippe RONDOT. JORDANIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

                Médias

                Jordanie : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Jordanie : carte physique

                Jordanie : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Jordanie : drapeau

                Camp de réfugiés palestiniens - crédits : Charles Hewitt/ Picture Post/ Getty Images

                Camp de réfugiés palestiniens

                Autres références

                • JORDANIE, chronologie contemporaine

                  • Écrit par Universalis
                • ABDALLAH ou ABD ALLAH (1882-1951) roi de Jordanie (1946-1951)

                  • Écrit par Universalis
                  • 467 mots

                  Émir autonome de Transjordanie (à partir de 1921) puis roi de Jordanie (1946-1951), né en 1882 à La Mecque, mort le 20 juillet 1951 à Jérusalem.

                  Deuxième fils de ̣Husayn ibn ‘Alī, chérif de La Mecque et roi du Hedjaz, Abdallah fait ses études à Istanbul, alors capitale de l'Empire...

                • AKABA ou AQABA GOLFE D'

                  • Écrit par Jean-Marc PROST-TOURNIER
                  • 416 mots
                  • 1 média

                  Bras de mer étroit (de 20 à 30 km) allongé sur 180 kilomètres, séparant l'Arabie de la presqu'île du Sinaï. Par sa structure, le golfe d'Akaba (ou ‘Aqaba) est un fossé d'effondrement profond (1 828 m maximum), prolongeant celui de la mer Rouge en changeant de direction...

                • AMMAN

                  • Écrit par Éric VERDEIL
                  • 785 mots

                  Capitale du royaume hachémite de Jordanie, Amman est située sur une zone de plateaux du nord-ouest du pays à une altitude moyenne de 900 mètres. Cet ancien centre des Ammonites, qui la nommaient Rabbath Ammon, connut une période de prospérité à la période gréco-romaine, sous le nom de Philadelphia....

                • CHAMIYÉ

                  • Écrit par Jean-Marc PROST-TOURNIER
                  • 403 mots

                  Venant de l'expression arabe « Badiya al-Ch'am », le désert de Syrie, la Chamiyé recouvre une entité géographique assez imprécise du Moyen-Orient. Domaine des populations nomades, elle s'oppose au Croissant Fertile, domaine de l'occupation agricole sédentaire. Aussi ses...

                • Afficher les 18 références

                Voir aussi