IRAK

Nom officiel

République d'Irak (IQ)

Chef de l'État

Barham Salih (depuis le 2 octobre 2018)

Chef du gouvernement

Mustafa Al-Kadhimi (depuis le 7 mai 2020)

Capitale

Bagdad

Langues officielles

Arabe, kurde

Unité monétaire

Dinar irakien (IQD)

Population (estim.) 40 644 000 (2021)
Superficie 435 052 km²

La monarchie soutenue par l'Europe

L'Europe évince les Turcs

La chute de l'empire turc et son éviction de l'Orient arabe après la Première Guerre mondiale ne fait que conclure une évolution inaugurée à partir du xviii e siècle par l'essor industriel qui avait naturellement amené l'Europe à imposer ses droits sur les routes stratégiques et économiques conduisant à l'Asie, c'est-à-dire d'abord sur l'Égypte et les approches du golfe Persique. Guidée par les intérêts de la Compagnie des Indes, la Grande-Bretagne, qui avait installé dès 1764 un consul à Basrah, avait fait accréditer en 1798 son premier résident permanent à Bagdad. Coïncidence notable, à Paris, la même année, le Directoire organisait l'expédition d'Égypte. Avant même que ne s'ouvrît la Première Guerre mondiale, la diplomatie britannique avait pratiquement acquis le golfe Persique, établi son influence sur l'ensemble de l'Irak, de Mossoul à Basrah, délimité les gisements pétroliers de la Mésopotamie septentrionale dès l'année 1913. Le pétrole, en effet, allait devenir l'aliment essentiel d'un Occident industriel jusqu'alors utilisateur de la houille. Dès 1900, année de l'apparition des voitures automobiles et de l'avion, s'était dessiné pour l'Irak un nouveau destin. La fondation, en 1911, de la Turkish Petroleum Company n'était que le prélude au plan soumis à Londres en février 1913 par le résident britannique à Bagdad et déterminant déjà dans ses grandes lignes les frontières et les structures politiques de l'Irak moderne.

Le 11 mars 1917, le général anglais sir Stanley Maud s'empara de Bagdad et, le 10 octobre 1918, son collègue le général Marshall pénétra à Mossoul. En avril 1920, le protocole de San Remo plaça la Palestine et la Mésopotamie sous le mandat de la Grande-Bretagne. Ce mandat dura dix ans, jusqu'au 30 juin 1930. Cette période fut mise à profit par Londres pour tenter d'établir en Irak un pouvoir fort et indépendant des fluctuations populaires, de tracer des frontières précises et de négocier des accords pétroliers stables.

Mais le mandat britannique eut à faire face à l'insurrection de 1920 qui débuta le 3 mai pour ne s'achever qu'au mois d'avril 1921, et qui mobilisa l'ensemble du pays, de Kirkūk à Basrah, sous la conduite de chefs populaires. Cette grave crise fit 10 000 morts environ et exacerba des ressentiments déjà anciens. C'est seulement en 1925 que les campagnes furent à peu près pacifiées.

Accords difficiles

Les projets britanniques furent exécutés au milieu des troubles. Le 13 août 1921 était intronisé comme roi d'Irak Fayçal Ibn Hussein ( Fayṣāl ibn Ḥusayn), prince de Hedjaz (Arabie Saoudite), fils du chérif de La Mecque. À ses côtés, il avait comme conseiller un homme qui allait lier son sort au régime monarchique et à la collaboration anglo-irakienne, Nouri Saïd (Nūrī al-Sa‘īd), compagnon de lutte de Lawrence. Le 10 octobre 1922, un premier traité anglo-irakien faisait du haut-commissaire britannique le gardien de la souveraineté irakienne. Le 21 mars 1925 fut promulgué un statut organique (rédigé par les experts de Foreign Office) qui devait servir de constitution à l'Irak jusqu'à la chute de la monarchie. Parlementaire et héréditaire, cette monarchie était assistée d'un Sénat désigné par les autorités et d'une Chambre, qui était élue par la population mâle au scrutin à deux degrés.

Faysal I<sup>er</sup>, 1933

Faysal Ier, 1933

Faysal Ier, 1933

Devenu roi de l'Irak en 1921, Faysal Ier (1885-1933) dirigea son pays sous le contrôle d'un…

Faysal à la conférence de paix de Paris, 1919

Faysal à la conférence de paix de Paris, 1919

Faysal à la conférence de paix de Paris, 1919

Faysal (1883-1933), prince de Hedjaz qui deviendra roi d'Irak en 1921, lors de la conférence de la…

Les négociations frontalières furent menées de pair avec celles qui intéressaient l'indépendance nationale, les unes comme les autres étant tributaires des négociations pétrolières qui apparurent alors comme déterminantes. C'est seulement après l'acceptation par l'Irak d'un accord pétrolier avec[...]

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Écrit par

  • Loulouwa AL RACHID : docteur en science politique, chercheur à la chaire Histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France, consultante Irak
  • Brigitte DUMORTIER : ancienne élève de l'École normale supérieure, agrégée de géographie, maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne
  • Philippe RONDOT : docteur en sociologie politique des relations internationales
  • Pierre ROSSI : professeur de lettres

Classification

Pour citer cet article

Loulouwa AL RACHID, Brigitte DUMORTIER, Philippe RONDOT, Pierre ROSSI, « IRAK », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

Irak : carte physique

Irak : carte physique

Irak : carte physique

Carte physique de l'Irak.

Irak : drapeau

Irak : drapeau

Irak : drapeau

Irak (1963 ; modif. 2007). On retrouve ici les couleurs panarabiques de l'Égypte et de la Syrie.…

Palmeraie sur les bords de l'Euphrate

Palmeraie sur les bords de l'Euphrate

Palmeraie sur les bords de l'Euphrate

Le fleuve Euphrate à Khan al-Baghdadi, dans la région centre de l'Irak.

Autres références

  • IRAK, chronologie contemporaine

    • Écrit par Encyclopædia Universalis
  • ABBASSIDES - (repères chronologiques)

    • Écrit par Pascal BURESI
    • 2 306 mots

    750 Une révolution soutenue par les clients persans de l'empire et par les Alides renverse la dynastie omeyyade de Damas et donne le pouvoir à al-Saffāh, descendant d'al-‘Abbās, oncle de Mahomet : début de la dynastie abbasside.

    762 Création d'une nouvelle capitale, la[...]

  • ARABIE SAOUDITE

    • Écrit par Philippe DROZ-VINCENT, Ghassan SALAMÉ
    • 101 809 mots
    • 9 médias
    [...]Gaza. Adopté par un sommet arabe réuni dans la foulée de l'invasion israélienne du Liban en 1982, le plan sera gelé par le refus israélien et le manque d'enthousiasme américain. Cet échec relatif poussera le royaume à adopter une position de retrait, d'autant que la guerre irako-iranienne aura éclaté.
  • AREF ABDEL RAHMAN (1916-2007)

    • Écrit par Martine MEUSY
    • 2 240 mots

    Sorti de l'école militaire de Bagdad en 1937, Abdel Rahman Aref suit une carrière militaire normale, sans ambition politique. S'il se rallie au complot de 1958, qui instaure la république, c'est que son frère cadet, le colonel Abdel Salam Aref en est une des têtes. Il reste ensuite[...]

  • AREF ABDEL SALAM (1921-1966)

    • Écrit par Martine MEUSY
    • 2 807 mots
    • 1 média

    Né d'une famille musulmane (son père, marchand de drap, était imam), Abdel Salam sera toute sa vie un fervent adepte de l'islam. Ce fait sous-tendra son action politique et guidera sa recherche de l'unité arabe et son socialisme modéré.

    Formé à l'école militaire de [...]

  • ASIE (Géographie humaine et régionale) - Espaces et sociétés

    • Écrit par Philippe PELLETIER
    • 127 664 mots
    • 4 médias
    [...]États-Unis et l'Occident soutiennent, d'une part, en Afghanistan une guérilla anticommuniste menée au nom de l'islam, qui triomphera en 1992, et, d'autre part, le régime dictatorial irakien contre le voisin iranien, au cours d'une guerre longue et meurtrière (1980-1988). Pensant récolter les fruits de son soutien[...]
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Voir aussi