Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

INDIEN HISTOIRE DE L'OCÉAN

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par et

Conquistadores et marchands européens

La conquête musulmane avait – en dépit des croisades et de leurs résultats incomplets – rejeté dans la Méditerranée occidentale les Européens dont le trafic avec l'Orient, malgré les efforts des Vénitiens pour s'en adjuger une bonne part, passait désormais par des intermédiaires musulmans ou byzantins. C'est l'une des raisons, à partir du xiie siècle, de la recherche du légendaire prêtre Jean, ce puissant, mystérieux et mythique souverain chrétien auquel l'Occident désemparé tâcha de tendre la main. Les missions envoyées par la papauté à cet effet ramenèrent en tout cas d'Asie centrale de précieux renseignements sur les Mongols ; le Livre de Marco Poloraconte, entre autres, les périples océaniques de ce Vénitien devenu ambassadeur de l'empereur de Chine dans les pays de l'océan Indien oriental. Après Marco Polo, d'autres voyageurs italiens, missionnaires et marchands, renouèrent avec les longs voyages d'Extrême-Orient, souvent effectués par voie maritime, et qui ne cessèrent d'accroître les connaissances sur les pays d'étape : les îles, l'Inde, la Chine. De ces connaissances, les Génois, dont Christophe Colomb, devaient aussi profiter.

La quête des Portugais pour contourner la barrière musulmane (XVe-XVIe s.)

1400 - 1500. Poussée ottomane et grandes découvertes - crédits : Encyclopædia Universalis France

1400 - 1500. Poussée ottomane et grandes découvertes

Au début du xve siècle, Venise l'emporta définitivement sur Gênes, mais elle fut frustrée dans la reprise de ses relations orientales par la prise de Constantinople, la conquête de la Syrie et de l'Égypte par les Turcs. Les efforts des Vénitiens pour se survivre et se « reconvertir » du point de vue commercial les empêchèrent de se consacrer comme il aurait fallu aux problèmes de l'océan oriental et de mener à bien ce qui les eût peut-être sauvés, le recreusement du canal ensablé que les pharaons avaient fait percer à travers l'isthme de Suez.

Depuis longtemps dans la Terre sainte des croisades, dans l'entourage du Saint-Siège, dans la République de Gênes, on avait envisagé de prendre la barrière musulmane à revers et recherché des routes nouvelles vers l' Inde. Cette quête persévérante à l'époque où la France et l'Angleterre s'épuisaient dans la guerre de Cent Ans, d'abord conduite par les Génois, fut relayée par les Portugais héritiers de leurs secrets. La recherche de l'Inde, qui devait aboutir à la découverte de l'Amérique, avait graduellement fait reconnaître aux Portugais les côtes de l'Afrique occidentale. En 1487, Bartolomeu Dias, doublant le cap des Tempêtes, rebaptisé cap de Bonne-Espérance, voyait s'ouvrir devant lui une mer inconnue. Un nouveau chapitre s'ouvrait pour l'histoire du monde.

Vasco de Gama - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Vasco de Gama

La découverte de Dias fut suivie par la fameuse expédition de Vasco de Gama qui réalisa en mai 1498 – avec ses caravelles, vaisseaux atlantiques adaptés par la suite à l'océan Indien – la liaison directe entre l'Afrique orientale et Calicut en Inde. L'expédition suivante d'Alvares Cabral en 1500 fit mesurer aux Portugais la complexité des problèmes politiques et commerciaux posés par leur découverte et ouvrir avec les Arabes – pour tenter de les éliminer – des hostilités qui devaient durer plus d'un siècle. Albuquerque succédant à Gama impose la nouvelle domination portugaise. Sur la côte orientale d'Afrique, les points stratégiques arabes (Malindi, Mombasa) ont été occupés ; les flottes égyptiennes lancées sur l'Océan par les Turcs – à l'instigation jalouse des Vénitiens – ont été neutralisées. Albuquerque a détruit la flotte arabe à Ormuz ; devenu vice-roi en Inde, il prend Goa, qui sera le siège de la puissance portugaise en Asie, puis Malacca, emporium de l'océan oriental, fait explorer les Moluques, se retourne contre Aden, menace l'Égypte, meurt sur la route de[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'université de Provence, directeur de l'Institut d'art
  • : professeur émérite d'histoire à l'université de Provence

Classification

Pour citer cet article

André BOURDE et Jean-Louis MIÈGE. INDIEN HISTOIRE DE L'OCÉAN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Paysage côtier dans le sud du Kenya - crédits : Christopher Pillitz/ Hulton Archive/ Getty Images

Paysage côtier dans le sud du Kenya

1400 - 1500. Poussée ottomane et grandes découvertes - crédits : Encyclopædia Universalis France

1400 - 1500. Poussée ottomane et grandes découvertes

Vasco de Gama - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Vasco de Gama

Autres références

  • AUSTRONÉSIENS

    • Écrit par
    • 919 mots

    Pris dans un sens strict, les Austronésiens forment un groupe ethnolinguistique considérable dispersé de Madagascar aux îlesHawaii et recouvrant la totalité de l'Indonésie, de la Malaisie et des Philippines, la quasi-totalité de la Mélanésie et de Formose, et enfin la Micronésie...

  • CHINOISES EXPÉDITIONS MARITIMES

    • Écrit par
    • 608 mots
    • 1 média

    La Chine a été la plus grande puissance maritime du xie au xve siècle. L'apogée est atteint, au xve siècle, avec de grandes expéditions rendues possibles grâce au perfectionnement des techniques mises au point depuis le xie siècle : invention de la boussole, apparition de la jonque...

  • COMORES

    • Écrit par et
    • 4 939 mots
    • 4 médias
    ...l'arrivée des premiers habitants, mais il est vraisemblable que le peuplement d'origine africaine précéda la venue des Arabo-Shirazi et des Malgaches. Il semble probable que la vague de population africaine originaire de la côte orientale d'Afrique a atteint les Comores à l'âge du fer, entre le ...
  • COMPAGNIES FRANÇAISES DES INDES

    • Écrit par
    • 1 142 mots

    Au temps de Colbert, la colonisation devient une affaire d'État ou de grandes compagnies favorisées par l'État. Colbert fonde la Compagnie française des Indes orientales et la Compagnie française des Indes occidentales (1664). Le but de cette dernière est la production de sucre, mais...

  • Afficher les 22 références