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COMPAGNIES FRANÇAISES DES INDES

Au temps de Colbert, la colonisation devient une affaire d'État ou de grandes compagnies favorisées par l'État. Colbert fonde la Compagnie française des Indes orientales et la Compagnie française des Indes occidentales (1664). Le but de cette dernière est la production de sucre, mais elle ne peut assurer son monopole et est dissoute en 1674. La Compagnie des Indes orientales reçoit le monopole du commerce avec l'océan Indien et les terres à épices ; la Compagnie des Indes occidentales, celui de l'exploitation des îles à sucre (Saint-Christophe, la Guadeloupe, la Martinique, la partie orientale de Saint-Domingue). L'administration de la première est confiée à douze directeurs, à huit syndics représentant les actionnaires et à quatre inspecteurs royaux. Leur assemblée est présidée par le contrôleur des Finances. En 1673, Colbert précise les buts et les méthodes de la Compagnie tournée vers le négoce et l'établissement de comptoirs. La Compagnie végète sous Louis XIV. En 1719, sous l'impulsion de Law, la nouvelle Compagnie des Indes absorbe l'ancienne Compagnie française des Indes orientales et centralise tout le commerce du royaume avec les pays d'outre-mer. Chargée de coloniser la Louisiane, la Compagnie va jusqu'à recruter des vagabonds pour les y envoyer. Bientôt touchée par le soulèvement des Natchez, l'entreprise tourne court. La panique succède à l'enthousiasme. Néanmoins, la Compagnie n'est pas emportée dans la banqueroute de Law. Réorganisée par Philibert Orry (1731), elle est administrée par six directeurs, deux syndics, un commissaire royal. La Compagnie possède des comptoirs dans l'Inde (Chandernagor, Pondichéry, Mahé) ; des établissements dans les Mascareignes, sur le golfe Persique, en Birmanie ; des comptoirs à Sumatra, Manille, Canton, Moka. Le personnel civil comprend une hiérarchie de commis et de marchands ; le personnel militaire, des soldats français et métis. À la tête de ces troupes, un gouverneur est choisi par le roi sur présentation de la Compagnie, chef suprême assisté d'un conseil. La Compagnie draine la soie, le coton, le thé, le riz, le salpêtre, le café vers Lorient et Nantes. Une Compagnie d'Indes en Indes assure le commerce entre les différents comptoirs. Malgré des apparences de prospérité, l'entreprise manque de fonds de roulement. Le gouverneur augmente le nombre des comptoirs, intervient dans les querelles entre princes indigènes. Aux Mascareignes, Mahé de la Bourdonnais est gouverneur des îles de France et de Bourbon (île Maurice et île de la Réunion actuelles). Il en fait une escale pour la Compagnie des Indes et fortifie Port-Louis. Il achète le maïs, le riz, le coton, le blé, la canne à sucre, l'indigo.

Pendant la guerre de la Succession d'Autriche, le marquis de Dupleix, ancien directeur du comptoir de Chandernagor, membre du Conseil supérieur pour Pondichéry, est gouverneur général de l'Inde. Il intervient dans la politique indigène, aidé dans son action par son épouse, la « princesse Jeanne », qui parle plusieurs langues locales. Il établit une sorte de protectorat sur plusieurs cantons. Les victoires qu'il remporte contre les agents de la compagnie anglaise lui donnent l'ambition de systématiser ses méthodes. En 1750, il obtient la concession d'un titre de nabab. Il a cependant dû rendre, au traité d'Aix-la-Chapelle, le territoire de Madras (1748). En 1753, il expose que le comptoir de Patna doit surtout chercher des débouchés pour les lainages provenant des manufactures du royaume. Les actionnaires de la Compagnie souhaitent des bénéfices immédiats et ne s'intéressent pas à la colonisation ; Dupleix est rappelé en 1754, son successeur Charles Godeheu abandonne tous les avantages acquis.

Pendant la guerre de Sept Ans, Lally-Tollendal capitule dans Pondichéry.[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lille

Classification

Pour citer cet article

Louis TRENARD. COMPAGNIES FRANÇAISES DES INDES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • COLBERTISME

    • Écrit par Jean IMBERT
    • 4 814 mots
    ...Compagnie du Nord, qui devait commercer avec la Baltique, connaît des débuts assez prometteurs, mais ne parvient pas à survivre à la guerre de Hollande. D'autres se maintiennent à grand-peine, telle la Compagnie des Indes orientales, à laquelle le roi concède en 1664, pour cinquante ans, le monopole du...
  • DUPLEIX JOSEPH FRANÇOIS (1697-1763)

    • Écrit par Universalis
    • 405 mots

    Administrateur colonial français, né le 1er janvier 1697 à Landrecies (Nord), mort le 10 novembre 1763 à Paris.

    François Dupleix envoie son fils Joseph François Dupleix en Inde et en Amérique en 1715. Nommé directeur de la Compagnie des Indes orientales en 1720, il obtient la même année la nomination...

  • EXPLORATIONS

    • Écrit par Jean-Louis MIÈGE
    • 13 773 mots
    • 1 média
    Les différentes compagnies françaises – Compagnie des Indes orientales, Compagnie des Indes occidentales, Compagnie d'Occident, Compagnie du Mississippi, Compagnie de Guinée, Compagnie royale d'Afrique et Compagnie française du Sénégal – furent réunies en une seule en mai 1719, sous le titre de Compagnie...
  • FRANÇAIS EMPIRE COLONIAL

    • Écrit par Jean BRUHAT
    • 16 688 mots
    • 19 médias
    Comme Richelieu, Colbert pense que l'instrument d'une telle colonisation est la compagnie à charte. Cinq sont créées ou réorganisées. La Compagnie des Indes occidentales (1664), dont le siège est au Havre, reçoit le monopole du commerce de l'Amérique, de la côte occidentale d'Afrique. La même année...
  • Afficher les 10 références

Voir aussi