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CHINOISES EXPÉDITIONS MARITIMES

1400 - 1500. Poussée ottomane et grandes découvertes - crédits : Encyclopædia Universalis France

1400 - 1500. Poussée ottomane et grandes découvertes

La Chine a été la plus grande puissance maritime du xie au xve siècle. L'apogée est atteint, au xve siècle, avec de grandes expéditions rendues possibles grâce au perfectionnement des techniques mises au point depuis le xie siècle : invention de la boussole, apparition de la jonque de haute mer avec gréement et voilures permettant de naviguer au plus près. De plus, les Song du Sud (1127-1279), puis les Yuan (1280-1368) ont attribué un rôle considérable aux flottes de guerre. Enfin, les expéditions maritimes organisées sous les Ming, de 1405 à 1433, à des fins diplomatiques, culturelles et commerciales, ont pris un caractère officiel.

La Chine n'a organisé d'expéditions à longue distance que vers le iiie siècle, ne pratiquant jusque-là que le cabotage. Vers 350, les premiers bateaux chinois arrivent à Penang (Malaisie). Ils atteignent Ceylan à la fin du ive siècle. Vers la fin du ve siècle, ils arrivent probablement aux bouches de l'Euphrate, en Irak. Au viie siècle, ils atteignent les îles Ryūkyū, Formose, Sumatra et les côtes orientales du Vietnam. En 850, le port persan de Siraf est considéré comme le point extrême des expéditions maritimes chinoises. L'Australie est probablement touchée à cette époque. L'expansion des expéditions maritimes chinoises correspond au déclin de la navigation arabe. Sous la dynastie des Song, les Chinois sont en relations constantes avec les Philippines, Java, Timor, Bali, Bornéo, Sarawak, les Moluques. Sous les Yuan, le Japon s'ajoute à cette liste et, sous les Ming, la côte orientale de l'Afrique est atteinte.

Zheng He (1371-1434), eunuque musulman du Yunnan, est le personnage principal autour duquel gravite la tradition maritime chinoise. Il organise sept expéditions. De 1405 à 1407, Champa (côtes sud-est du Vietnam), Java, Sumatra, Malaka, Ceylan et Calicut (côte occidentale de l'Inde du Sud) ; de 1407 à 1409, Cochin, Calicut et Ceylan ; de 1409 à 1411, Malaka, le Siam, les côtes de Malabar et Ceylan ; de 1413 à 1415, Ormuz à l'entrée du golfe Persique. Une partie de la flotte parcourt directement et sans escales la distance de 6 000 kilomètres qui sépare Sumatra de la côte orientale de l'Afrique dans l'actuelle Somalie italienne et fait route vers Aden ; de 1417 à 1419, elle rallie Ormuz de nouveau. Une partie de la flotte se rend de Sumatra à la côte des Somalis et en Arabie ; de 1421 à 1422, Sumatra. Une partie de la flotte continue vers l'Afrique orientale et le golfe Persique ; de 1431 à 1433, Djedda (Djudda), le port de La Mecque, est atteint par une partie de la flotte en provenance de Calicut. Toutes ces expéditions se composent de plusieurs dizaines de grandes jonques de haute mer embarquant plus de vingt mille hommes à chaque traversée. En dehors des relations diplomatiques qui s'intensifient à la suite de ces expéditions (visite du roi de Bornéo qui meurt en Chine en 1408, ambassades de l'Égypte des Mamluk, envois réguliers de tributs, etc.), la Chine peut élargir ses connaissances géographiques, améliorer sa technique cartographique, s'enrichir de produits exotiques (minéraux, plantes) et même d'animaux (girafes, zèbres, autruches). Cette suprématie décline après la dernière expédition de Zheng He. Les pirates japonais réapparaissent et, peu après, les Portugais et les Espagnols vont devenir les maîtres des mers de l'Asie orientale.

— Catherine MEUWESE

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Écrit par

  • : diplômée de Chinois et de russe à l'École nationale des langues orientales, licenciée de chinois, diplômée de l'université de Pékin

Classification

Pour citer cet article

Catherine MEUWESE. CHINOISES EXPÉDITIONS MARITIMES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

1400 - 1500. Poussée ottomane et grandes découvertes - crédits : Encyclopædia Universalis France

1400 - 1500. Poussée ottomane et grandes découvertes

Autres références

  • EXPÉDITIONS MARITIMES DE ZHENG HE

    • Écrit par Marc PÉNIN
    • 280 mots

    Entre 1405 et 1433, principalement sous Yongle, le troisième empereur Ming, l'amiral Zheng He – un eunuque musulman – dirigea sept expéditions navales d'une durée moyenne de deux ans, qui atteignirent Java, Sumatra, les Indes, la Perse, l'Arabie et, par deux fois, l'Afrique orientale. Sa flotte...

  • CHINE - Histoire jusqu'en 1949

    • Écrit par Jean CHESNEAUX, Jacques GERNET
    • 44 594 mots
    • 50 médias
    ...Elle déploie, en même temps, une intense activité diplomatique en Asie du Sud-Est, au Japon, en Asie centrale ainsi que dans l'océan Indien. De grands voyages maritimes sont organisés sous la conduite d'eunuques dont le plus célèbre est le musulman Zheng He, afin d'affirmer le prestige de la Chine dans...
  • INDIEN HISTOIRE DE L'OCÉAN

    • Écrit par André BOURDE, Jean-Louis MIÈGE
    • 14 268 mots
    • 8 médias
    Les Chinois, eux aussi, s'intéressaient à l'océan Indien. Les voyages des jonques chinoises sur la côte de Coromandel à partir du ier siècle de l'ère chrétienne répondaient, quoique avec moins de fréquence, aux visites des Indiens en Chine. Les pèlerins bouddhiques chinois qui pénétrèrent l'Inde...
  • MARINE

    • Écrit par Michel MOLLAT DU JOURDIN
    • 7 867 mots
    • 9 médias
    Au début du xve siècle se firent jour les prétentions maritimes des Ming, devenus maîtres de la Chine en 1368. Auparavant, même au temps de l'expansionnisme des Song (xe-xiiie s.), les navires chinois avaient surtout évolué à l'est de l'Insulinde, dépassant parfois le Champa (Vietnam) vers...

Voir aussi