Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ATLANTIQUE HISTOIRE DE L'OCÉAN

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par et

Les Vikings

À partir du ixe siècle, les Scandinaves prennent une place grandissante dans la navigation atlantique. Les rois du Vik – le golfe de Göteborg – ou Vikings, se lancent au loin sur des bateaux légers et rapides, les skeids, dont plusieurs exemplaires ont été retrouvés en parfait état dans les tombes de ces marins et ornent aujourd'hui les musées scandinaves. Montés sur ces barques, les Vikings jettent la terreur parmi les populations côtières de l'Europe. Ils s'installent en « Normandie » (traité de Saint-Clair-sur-Epte, 911) et même en Sicile. Ils s'aventurent loin vers l'ouest. En 874, deux soldats normands, Ingold et Leif, chassés de chez eux pour meurtre, abordent en Islande. Ils prennent possession du sol, fondent une colonie, chargent une assemblée des habitants, l'Alting, de rédiger des lois. Un siècle plus tard, en 983, un Norvégien fixé en Islande, Erik le Rouge, parti vers des terres dont des navigateurs lui avaient parlé, aborde dans une région où les graminées poussaient en abondance, entre de nombreux bouleaux : il la baptise Groenland, le « pays vert ». De nombreux colons rejoignirent Erik, un évêché fut même créé dans le pays. Toutefois, malgré la présence de maigres bouleaux, le bois de construction faisait cruellement défaut aux habitants du Groenland. Leif, fils d'Erik, ayant entendu dire qu'il existait, encore plus à l'ouest, une région où le bois était abondant, décida de s'y rendre en l'an 1000. Il découvrit d'abord une région de rochers peu fertile à laquelle il donna le nom d'Helluland, puis une côte basse, bordée de forêts, le Markland, enfin un pays où poussait la vigne, le Vinland.

Où se situent ces découvertes ? Les avis diffèrent. Le Helluland est communément identifié avec le nord de Terre-Neuve, le Markland avec la Nouvelle-Écosse. Mais le Vinland ? Les uns le placent dans le golfe du Saint-Laurent, d'autres plus au sud, dans l'île de Long Island, voisine de New York.

Leif Eriksson n'aurait pas été le seul à aborder « l'Amérique ». Les sagas(récits) scandinaves racontent que son frère Thorwald aurait également abordé au Vinland en 1003. Il y aurait lutté contre les indigènes et aurait péri au cours d'un combat. En 1006, Thorstein, un autre frère de Leif, s'efforça sans succès de le venger. En 1007, une expédition nombreuse quitta le Groenland pour fonder une colonie au Vinland. Mais les colons, dont les uns étaient païens, les autres chrétiens, ne s'entendirent pas. La plupart regagnèrent rapidement le Groenland. Les autres restèrent peu de temps au Vinland et finirent par rentrer en Norvège. Il y eut, semble-t-il, d'autres expéditions transatlantiques vers le Vinland. De nombreux textes des xie et xiie siècles mentionnent ce pays. En 1059, un évêque groenlandais aurait même été martyrisé au Vinland. On devrait donc retrouver, en Amérique, des traces de l'établissement des Vikings. Celles-ci, toutefois, sont très peu nombreuses et toutes contestées : pierres couvertes d'inscriptions scandinaves, ou runiques, quelques armes, et surtout présence, parmi les Indiens de la baie d'Hudson, d'individus aux yeux clairs et aux cheveux blonds.

La précarité et le petit nombre de ces témoignages ne doivent pourtant pas amener à rejeter les sagas. Il est probable que les Scandinaves ont « découvert » l'Amérique et ont fondé des établissements sur ses côtes, au xie siècle, entre le Labrador et l'embouchure de l'Hudson. Mais ceux-ci ont été éphémères ; en tout cas, ils disparurent au bout de quelques années, au plus tard lorsque, par suite du refroidissement du climat, les Scandinaves durent évacuer le Groenland en 1448. Comme ces découvertes ne semblent pas avoir été alors connues en Europe, l'existence d'un continent à l'ouest de l'Atlantique resta ignorée[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Toulouse
  • : maître de conférences en histoire contemporaine à l'université de Nantes

Classification

Pour citer cet article

Jacques GODECHOT et Clément THIBAUD. ATLANTIQUE HISTOIRE DE L'OCÉAN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 09/05/2012

Médias

Nef médiévale - crédits : British Library/ AKG-images

Nef médiévale

Grandes découvertes : Espagne et Portugal à la conquête du monde - crédits : Encyclopædia Universalis France

Grandes découvertes : Espagne et Portugal à la conquête du monde

Première traversée de Colomb - crédits : AKG-images

Première traversée de Colomb

Autres références

  • ABOLITION INTERNATIONALE DE LA TRAITE ATLANTIQUE

    • Écrit par
    • 189 mots
    • 1 média

    La traite des Noirs par l'Atlantique a débuté au xve siècle, à destination de l'Europe, mais c'est après la découverte de l'Amérique qu'elle a pris son essor, pour fournir de la main-d'œuvre aux plantations. Les estimations sur le nombre de personnes déportées d'Afrique en Amérique varient,...

  • AMÉRIQUE (Histoire) - Découverte

    • Écrit par
    • 4 807 mots
    • 6 médias

    Étymologiquement le mot « Amérique » vient d'Amerigo, prénom de Vespucci. Il a été inventé par Martin Waldseemüller qui, dans sa Cosmographie (1507), proposa d'appeler Amérique la « quatrième partie du monde », prétendument découverte par le Florentin.

    La « découverte de...

  • AMÉRIQUE (Histoire) - Amérique espagnole

    • Écrit par
    • 21 855 mots
    • 13 médias
    Un double réseau de liaisons maritimes couvre l'Atlantique central. Les flottes de la Nouvelle-Espagne (flotas) et les armadas de Terre-Ferme (galeones de Tierra Firme), via l'escale des Canaries, reconnaissent d'abord l'arc des Petites Antilles, à partir duquel divergent leurs route : les ...
  • BATAILLES NAVALES (âge de la voile) - (repères chronologiques)

    • Écrit par
    • 1 040 mots

    31 juillet-8 août 1588 La Armada Grande (l'Invincible Armada), forte de 130 vaisseaux (dont 60 galions et caraques de guerre) et 30 000 hommes, est envoyée en mai par Philippe II pour envahir l'Angleterre. Harcelée depuis Plymouth par les Anglais, désorganisée par des brûlots, elle livre bataille...

  • Afficher les 33 références