Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ATLANTIQUE HISTOIRE DE L'OCÉAN

Le commerce de l'Atlantique aux XVIIe et XVIIIe siècles

Océan Atlantique, fin du XVIII<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Océan Atlantique, fin du XVIIIe siècle

C'est donc avec le bon vouloir de l'Angleterre, et sous sa haute surveillance, que s'est organisé le commerce à travers l'Atlantique. En temps de guerre – et ces guerres furent nombreuses, on l'a vu – la flotte britannique paralyse, et souvent même interdit, le commerce entre l'Amérique et l'Europe continentale. En temps de paix, ce commerce de métropole à colonie et retour est toléré, mais l'Angleterre y introduit le « coin » de la contrebande.

Le commerce des pays de l'Europe occidentale avec leurs colonies d'Amérique forme en effet des systèmes théoriquement fermés. Partout, le pacte colonial, l'« exclusif » sont en vigueur. Les colonies n'ont pas le droit de transformer sur place les matières premières qu'elles recueillent, la transformation doit avoir lieu dans la métropole. De même, les colonies ne peuvent acheter que des produits fabriqués par la métropole. Ainsi coexistent des Atlantiques portugais, espagnol, français, anglais, et même hollandais, où seule la contrebande britannique ouvre une brèche. La pêche elle-même est strictement réglementée et elle a, alors, une grande importance, non seulement parce que l'Europe consomme, en raison des jours maigres, beaucoup de poissons séchés ou salés, mais parce que la pêche en haute mer constitue, pour les flottes de guerre, une excellente pépinière de marins.

Au xvie siècle, les Portugais avaient importé du Brésil en Europe le bois brésil qui a donné son nom au pays et servait à fabriquer une teinture ; ils transportent aussi d'autres bois (le jacaranda, ou palissandre) et des produits tinctoriaux, notamment l'indigo qui détrône le pastel européen. Mais, bientôt, le sucre prend la première place dans le trafic portugais, passant de 180 000 arrobes (une arrobe pèse environ 12 kg) en 1570 à 1 200 000 en 1600. Au xviiie siècle, après la découverte de l'or dans le Minas Gerais (mines générales), les métaux précieux prennent la première place dans le commerce transatlantique du Portugal. En 1699, 765 kilos d'or étaient arrivés à Lisbonne ; ce chiffre passait à 9 000 en 1714 et 25 000 en 1720. À partir de cette date, la quantité d'or débarquée à Lisbonne dépasse chaque année 11 000 kilos. Il faut y ajouter les diamants et autres pierres précieuses ou fines. En échange, le Portugal exporte au Brésil des produits fabriqués et des esclaves achetés en Afrique et transportés selon les principes du commerce triangulaire.

Des colonies espagnoles, ont été transportés surtout des métaux précieux (l'argent des mines de Potosí), des épices et des bois précieux, tels que la cochenille du Mexique. La prospérité du commerce transatlantique espagnol se maintient encore pendant les quelques années qui suivent le désastre de l'Invincible Armada, mais il décline après 1622, et passe par une profonde dépression jusqu'en 1650. Il remonte ensuite, surtout avec la mise en exploitation des mines d'argent du Mexique : l'argent du Mexique prend, au milieu du xviiie siècle, le relais de l'or brésilien. Au xviiie siècle également, les pays du Río de La Plata commencent à être colonisés et exportent du cuir en Europe. Mais une bonne partie des productions de l'Amérique espagnole est détournée vers l'Angleterre par la contrebande qui, à partir de 1713, prend l'allure d'une institution. En effet, le traité d'Utrecht autorisait l'Angleterre à envoyer chaque année un vaisseau, le «  vaisseau de permission », à Portobelo, sur la côte de l'isthme de Panamá pour y importer des marchandises anglaises. Or, ce bâtiment, au lieu de quitter Portobelo aussitôt après avoir déchargé sa cargaison, devint bientôt un entrepôt flottant, restant six mois en rade, et dont la cargaison était[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Toulouse
  • : maître de conférences en histoire contemporaine à l'université de Nantes

Classification

Pour citer cet article

Jacques GODECHOT et Clément THIBAUD. ATLANTIQUE HISTOIRE DE L'OCÉAN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Planisphère de Domingos Teixeira, 1573 - crédits : Bibliothèque nationale de France (CPL GE SH ARCH-3)

Planisphère de Domingos Teixeira, 1573

Nef médiévale - crédits : British Library/ AKG-images

Nef médiévale

Grandes découvertes : Espagne et Portugal à la conquête du monde - crédits : Encyclopædia Universalis France

Grandes découvertes : Espagne et Portugal à la conquête du monde

Autres références

  • ABOLITION INTERNATIONALE DE LA TRAITE ATLANTIQUE

    • Écrit par Jean BOULEGUE
    • 189 mots
    • 1 média

    La traite des Noirs par l'Atlantique a débuté au xve siècle, à destination de l'Europe, mais c'est après la découverte de l'Amérique qu'elle a pris son essor, pour fournir de la main-d'œuvre aux plantations. Les estimations sur le nombre de personnes déportées d'Afrique en Amérique varient,...

  • AMÉRIQUE (Histoire) - Découverte

    • Écrit par Marianne MAHN-LOT
    • 4 807 mots
    • 6 médias

    Étymologiquement le mot « Amérique » vient d'Amerigo, prénom de Vespucci. Il a été inventé par Martin Waldseemüller qui, dans sa Cosmographie (1507), proposa d'appeler Amérique la « quatrième partie du monde », prétendument découverte par le Florentin.

    La « découverte de...

  • AMÉRIQUE (Histoire) - Amérique espagnole

    • Écrit par Jean-Pierre BERTHE
    • 21 855 mots
    • 13 médias
    Un double réseau de liaisons maritimes couvre l'Atlantique central. Les flottes de la Nouvelle-Espagne (flotas) et les armadas de Terre-Ferme (galeones de Tierra Firme), via l'escale des Canaries, reconnaissent d'abord l'arc des Petites Antilles, à partir duquel divergent leurs route : les ...
  • BATAILLES NAVALES (âge de la voile) - (repères chronologiques)

    • Écrit par Michèle BATTESTI
    • 1 040 mots

    31 juillet-8 août 1588 La Armada Grande (l'Invincible Armada), forte de 130 vaisseaux (dont 60 galions et caraques de guerre) et 30 000 hommes, est envoyée en mai par Philippe II pour envahir l'Angleterre. Harcelée depuis Plymouth par les Anglais, désorganisée par des brûlots, elle livre bataille...

  • Afficher les 33 références

Voir aussi